A. Bob et Hope

Bob et Hope

-  Si elle est en retard, c'est qu'elle viendra grommela  Bob agacé devant l'air renfrogné de Hope. J'te dit qu'elle va pas tarder à rentrer, la Maria !
- oui, mais moi, j'ai rudement faim.
- Et, tu crois, espèce de sale moutard, que j'ai pas faim moi aussi ? Faim ! Un petit coup de gnôle, ça serait pas mal non plus. C'est vrai que ça fait un bon moment qu'elle est partie. Sûr qu' elle va revenir. Et puis, elle est toujours revenue, alors pourquoi qu'elle reviendrait pas ?

On entend le ventre de Hope qui émet de nombreux gargouillis .Bob observe le gamin, visiblement celui-ci l'énerve. Il ne comprend pas la raison pour laquelle il s'est encombré d'un tel gosse. Pour faire la manche, peut-être ? Mais faut reconnaître que Hope ne semble pas bien doué pour ramener quatre sous. Vaut mieux compter sur Maria même si ce n'est pas une valeur sûre.

Hope enfonce son bonnet sur sa tête. On ne lui voit presque plus les yeux.

- J'ai froid dit-il d'une voix chevrotante. Si on montait, j'aurais moins froid.
- Arrête de chialer, pose ton bonnet devant toi parterre, on aura peut-être quelques piécettes. Moi, je vais faire un tour en attendant l'autre bécasse. On ne sait jamais, je trouverai bien quelques mégots. Et puis, il faut que je me dégourdisse les pattes.

Au bout d'une heure, Bob, revient l'air satisfait. Il a trouvé plusieurs mégots et un passant lui a même donné deux cigarettes. S'il n'avait pas le ventre vide, ça serait presque le bonheur. Mais comme un bonheur n'arrive jamais seul, il voit que le bonnet du petit n'est plus vide.

-  Hé ben, c'est la journée des miracles ! Ya pas grand chose mais avec ça, on va pouvoir se payer deux sandwiches. Comment t'as fait Hope ?
- Je sais pas mais une vieille dame m'a demandé pourquoi je pleurais alors elle m'a donné des sous.
- Pour une fois c'est bien. Espérons que Maria rapportera plus et avec un peu de chance, on pourrait même acheter de quoi nous chauffer.

Et Bob et Hope d'attendre et d'attendre. Le découragement les guette bien qu'ils aient avalé leurs sandwiches. Maintenant, ils commencent à se poser des questions sur le retour de Maria. Elle n'est ni la femme de Bob, ni la mère de Hope. Et si elle ne revenait pas ? Il se sentiraient perdus.

Enfin, au tournant de la rue, ils voient arriver Maria.

- Alors dit Bob, ça a marché ?
- Alors demanda Hope avec un large sourire plein d'espoir ?

Maria ouvre son sac et le tend à Bob.

- Que ça ! Explique !
- Ben ... !
- Quoi, ben ?
- Ben ... Je trouve de moins en moins de clients, ils préfèrent les plus jeunes.
- Vieille et bonne à rien ! Manquait plus que ça ! Demain tu n'auras qu'à travailler derrière la gare !

A la fois bien imaginé  et très bien écrit. Mais c'est cruel!

Comme on est loin de Charlot !
C'est glauque et triste, c'est même moche, ce cadre, cette histoire qui en fait n'en est pas une...
C'est habilement mené, on sort révolté, désolé après lecture.
Je pense que c'est exactement le but recherché et donc très bien rédigé !

Mais était-on obligé de parler de Charlot ? C'était ça la consigne ?

Ce que je cherche, c'est de me placer là où l'on ne m'attend pas, avec en plus, une chute que l'on doit trouver dans une nouvelle.

Et puis, tu trouves toi que Charlot est drôle ? La pauvreté affichée par ces 2 êtres n'a rien de gai.

Si elle est en retard, c'est qu'elle viendra ... avec un billet gagnant du loto ?

As-tu remarqué le nom que j'ai donné au gamin ? Hope, ce n'est pas pour rien.

Ah, oui, ma devise : " au-dessus des nuages, brille toujours le soleil"

Excellente défense de ton texte, en effet " Hope" laisse planer l'espoir....
Non, il ne fallait pas nécessairement parler de Charlot, mais là je trouve que tu t'éloignais un peu trop de l'image de deux paumés.
Or les mots que tu mets dans la bouche de l'adulte sont des mots très durs alors que l'image montre plutôt un gars en attente, un faible...
J'aime ta devise !

Très bon texte racontant une triste histoire mais bien réelle...

Ataraxie,
Je trouve ton texte excellent.
C'est très bien écrit. Rendant l'histoire vivante.
On dirait un scénario de film réaliste et cadrant très bien avec la photo, qui, selon moi n'a rien de rigolo. Elle est plutôt  l'expression  du tragique. D'ailleurs, « Charlot » est un personnage excessivement tragique.
N'en déplaise à Amanda qui semble avoir quelques aigreurs d'estomac ces temps-ci.

J'ai lu ton autre texte.
Dommage que tu t'es crue obligée.
Il n'arrive pas à la cheville de celui-ci.

Continuez à nous surprendre en osant être toi-même…
Tout texte qui transcende la consigne, donne de très bons résultats.

Moi des aigreurs d'estomac ?

Alainx: Charlot est un être tragique, faible mais ..... simple et heureux. On s’éloigne en effet de la photo et du caractère des personnages de la photo Ataraxie et je comprends le point de vue d'Amanda. Néanmoins, je ne peux nier que cette version est 100 fois meilleure que le second texte.

A l'instar d'Alainx, je préfère cette version là .
Elle pourrait être une vision plausible de l'image sortie du contexte du film :
Charlot provoquait le rire, mais derrière la caricature des situations, il y  avait la misère ...
Ne sommes-nous pas bien placés aujourd'hui avec l'actualité terrifiante pour mesurer combien la misère ne génère pas toujours de bons sentiments, mais amène parfois encore plus du sordide ...

Oui, Ataraxie, j'aime cette version-là

Surtout lorsqu'il y a une photo, j'essaie toujours de transcrire au plus près le ressenti qu'elle m'inspire, et ce dernier est bien entendu très personnel. Le manque d'humanité, je le voyais plus dans l'absence de celle qu'on attend que dans le personnage de Bob. Ton angle d'interprétation m'a donc surpris, agréablement.