A: Souvenir du premier jour
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A: Souvenir du premier jour
Souvenir du premier jour.
C’était un soir de fête qui s’annonçait.
Cela faisait trente ans que j’espérais cet instant. Trente ans que je rêvais, sans trop y croire vraiment, à cette journée. Trente ans d’effort et de patience. Trente ans de persévérance et, souvent, de doute ou de manque de confiance.
Trente années de travail où ma famille m’a vu sous de multiples aspects, et a subi mes humeurs. Tantôt Euphorique, stressé, mécontent. Tantôt joyeux, insatisfait ou énervé lorsque les mots ne venaient pas.
Trente ans déjà, alors que j’ai l’impression que c’était hier.
Je me souviens de ce jour, où je me suis lancé dans une aventure qui allait me prendre jusqu’aux tripes. La rédaction de mon livre, mon œuvre, mon bébé.
J’ai écrit ces premières lignes le jour même où je recevais mon diplôme de lettres. A sa remise, j’étais aussi heureux qu’un enfant à qui l’on offre le cadeau de ses rêves. Ce jour-là, aussitôt la cérémonie terminée, je suis rentré à la maison pour annoncer la bonne nouvelle à ma famille. Elle n’avait pas pu faire le déplacement. Mon père était gravement malade et ma mère n’avait pu faire autrement que rester à son chevet. Ma fiancée, aussi, était restée à leurs côtés. Mon père avait écrit durant toute sa vie. Suivre ses traces m’était toujours apparu comme allant de soi. Lorsque je leur ai annoncé ma réussite, c’est avec des étoiles dans les yeux qu’ils m’ont témoigné leur fierté.
Mon père n’est plus là, mais aujourd’hui me fait la même impression. Ma mère, ma femme et nos deux enfants m’attendent chez nous. Je m’apprête à leur annoncer une autre grande nouvelle : l’édition de mon premier roman, résultat de ces trente années d’effort.
Je sais qu’ils m’attendent dans le salon. Comme à son habitude, je vais retrouver ma mère en train de tricoter à son fauteuil, près de la cheminée. Ma femme sera installée à ses côtés, racontant une histoire aux jumelles. En ouvrant la porte, je perçois l’impatience qui anime le cœur de ma famille. Cependant, ce n’est pas elle que je vois en premier.
A peine arrivé, c’est mon reflet qui m’accueille dans le miroir de l’entrée.
Étrangement, ce n’est pas l’homme que je suis devenu qui s’y reflète. Je n’ai plus ni cheveux blancs, ni rides, ni la maturité que j’ai l’habitude d’y voir en rentrant chaque soir. Mes trente dernières années de travail semblent avoir été effacées de mon visage, au même titre que la fatigue qui s’y dessinait habituellement.
Je suis revenu trente ans en arrière, lorsque je n’étais qu’un jeune diplômé, avec le même sourire aux lèvres et le même bonheur dans le regard.
Bien que mon père nous ait quittés depuis longtemps, je sais qu’il me regarde plein de fierté. Il m’a transmis son amour des mots et le sens de l’aventure. Sans lui, j’aurais assurément suivi une autre voie. Et je ne serais pas devenu l’homme que je suis maintenant.
Ce premier livre est pour toi, papa.
[/justify]C’était un soir de fête qui s’annonçait.
Cela faisait trente ans que j’espérais cet instant. Trente ans que je rêvais, sans trop y croire vraiment, à cette journée. Trente ans d’effort et de patience. Trente ans de persévérance et, souvent, de doute ou de manque de confiance.
Trente années de travail où ma famille m’a vu sous de multiples aspects, et a subi mes humeurs. Tantôt Euphorique, stressé, mécontent. Tantôt joyeux, insatisfait ou énervé lorsque les mots ne venaient pas.
Trente ans déjà, alors que j’ai l’impression que c’était hier.
Je me souviens de ce jour, où je me suis lancé dans une aventure qui allait me prendre jusqu’aux tripes. La rédaction de mon livre, mon œuvre, mon bébé.
J’ai écrit ces premières lignes le jour même où je recevais mon diplôme de lettres. A sa remise, j’étais aussi heureux qu’un enfant à qui l’on offre le cadeau de ses rêves. Ce jour-là, aussitôt la cérémonie terminée, je suis rentré à la maison pour annoncer la bonne nouvelle à ma famille. Elle n’avait pas pu faire le déplacement. Mon père était gravement malade et ma mère n’avait pu faire autrement que rester à son chevet. Ma fiancée, aussi, était restée à leurs côtés. Mon père avait écrit durant toute sa vie. Suivre ses traces m’était toujours apparu comme allant de soi. Lorsque je leur ai annoncé ma réussite, c’est avec des étoiles dans les yeux qu’ils m’ont témoigné leur fierté.
Mon père n’est plus là, mais aujourd’hui me fait la même impression. Ma mère, ma femme et nos deux enfants m’attendent chez nous. Je m’apprête à leur annoncer une autre grande nouvelle : l’édition de mon premier roman, résultat de ces trente années d’effort.
Je sais qu’ils m’attendent dans le salon. Comme à son habitude, je vais retrouver ma mère en train de tricoter à son fauteuil, près de la cheminée. Ma femme sera installée à ses côtés, racontant une histoire aux jumelles. En ouvrant la porte, je perçois l’impatience qui anime le cœur de ma famille. Cependant, ce n’est pas elle que je vois en premier.
A peine arrivé, c’est mon reflet qui m’accueille dans le miroir de l’entrée.
Étrangement, ce n’est pas l’homme que je suis devenu qui s’y reflète. Je n’ai plus ni cheveux blancs, ni rides, ni la maturité que j’ai l’habitude d’y voir en rentrant chaque soir. Mes trente dernières années de travail semblent avoir été effacées de mon visage, au même titre que la fatigue qui s’y dessinait habituellement.
Je suis revenu trente ans en arrière, lorsque je n’étais qu’un jeune diplômé, avec le même sourire aux lèvres et le même bonheur dans le regard.
Bien que mon père nous ait quittés depuis longtemps, je sais qu’il me regarde plein de fierté. Il m’a transmis son amour des mots et le sens de l’aventure. Sans lui, j’aurais assurément suivi une autre voie. Et je ne serais pas devenu l’homme que je suis maintenant.
Ce premier livre est pour toi, papa.
Xavier Eblo- Kaléïd'habitué
- Humeur : Zen
Re: A: Souvenir du premier jour
Un bel hommage à ce père disparu...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A: Souvenir du premier jour
Belle interprétation de la consigne.
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A: Souvenir du premier jour
Tu décris très bien la fierté de ton personnage qui a réalisé son rêve
J'aime ta répétition de "trente ans ...." dans ta première partie
J'aime ta répétition de "trente ans ...." dans ta première partie
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
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