A. Seja al pueg grand
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Amanda.
catsoniou
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A. Seja al pueg grand
( Faucher au Puy Grand)
Grèches : partie demi – circulaire devant chaque vache
tout à côté du râtelier où on mettait la ration de foin quotidienne
Selon le Net, en 2016, un « broutard » taurillon de 10 mois valait 714 euros
Hier, il y avait Jean -Pierre de l’IEO (Institut d’Études Occitanes du Limousin) … Le matin, on a rencontré Auguste et Ida au pays du vin paillé. Tous deux relativement bien portants avec lui 90 ans et elle seulement 84.
L’exercice n’était pas forcément évident. Il s’agissait d’obtenir d’Auguste un retour sur image de prés de 70 ans. Plus exactement, Jean-Pierre souhaitait, caméra et micro à l’appui, entendre raconter le temps où Auguste montait faucher en Auvergne, ceci en patois du Bas-Limousin, en occitan comme disent les érudits.
Exercice difficile parce que dans la vie de tous les jours, y compris en pleine campagne, rares sont les conversations tenues en patois. Le démarrage s’est avéré difficile : Auguste parlait alternativement français et patois.
Puis, enfin, il a raconté cette épopée quand, par dizaines, les jeunes hommes de la Basse-Corrèze partaient tous les mois de Juillet dans le Cantal pour faucher à la faux des prairies en pente et rentrer ensuite le foin, après l’avoir fané et rassemblé.
Le travail commençait avant le lever du soleil et se terminait à la tombée de la nuit du lundi au samedi. Selon Auguste, aidé d’un copain de la commune, ils devaient faucher 14 hectares. Jean – Pierre précise qu’un très bon faucheur pouvait « tomber » un hectare par jour quand le temps le permettait ; c’est à dire si, pluie aidant, la rosée se maintenait toute la journée.
L’efficacité en matière de fauchage à la « daille » ou « dahl » Se doit de conjuguer au moins deux éléments : Une faux battue convenablement et par la suite, le fil coupant maintenu par un coup de pierre à aiguiser à intervalles réguliers. Régularité également du geste en rond du faucheur qui doit maintenir une certaine cadence sans cependant s’épuiser à vouloir avancer trop vite et générer un épuisement rapide des forces.
Il y avait aussi la question de l’alimentation, carburant de la machine humaine. Le doute est permis quand Auguste dit qu’à cinq heures du matin, il partait avec simplement un bol de café dans l’estomac. Selon ses dires, à neuf heures du matin, le patron apportait un cabas avec un casse-croûte. Il dit avoir, dans cette période, ingurgité beaucoup de croûtes de fromage (le Cantal) ; ceci étant les restes du troquet que tenait le patron de la ferme …
Au point de vue boisson, il y avait l’eau du ruisseau ! Le patron se pointait parfois à la grange avec un renflement sous sa blouse : « Coï per tu » - c’est pour toi- . C’était un litre de vin rouge.
Comme lits, les faucheurs Couchaient dans les « grêches »* des vaches …
Les bœufs salers, ou éventuellement une paire de vaches pouvaient être utilisés sur les parties de prairies les moins pentues pour tracter la faucheuse mécanique. Ensuite, les bêtes étaient attelées au char pour rentrer le foin. Dételées, elles étaient utilisées pour trépigner le foin en vrac afin de gagner de la place en hauteur.
En guise de salaire, d’après Auguste, pour un mois de salaire, on leur donnait en espèces l’équivalent d’une génisse de huit mois **.D’accord, les faucheurs corréziens étaient nourris – logés mais le salaire n’était pas mirobolant …
Pour se rendre en Auvergne a une centaine de kilomètres, Les faucheurs emballaient leur « daille » (lame de faux) Séparée du manche. Ils prenaient le train à la Gare de St-Denis-près-Martel ou Vayrac et par la ligne Brive – Aurillac, regagnaient le lieu où ils allaient faucher.
Une partie d’entre eux était embauchée a une foire spécifique où se rencontraient paysans cantaliens et faucheurs corréziens. On s’accordait alors sur le prix. Bien sûr, il n’y avait ni contrat de travail ni feuille de paie …
Cette pratique a du cesser en 1954 - 1955 : Les faucheurs ont été remplacés par les moto-faucheuses. Barre de coupe à l’avant, un guidon qui supportait les manettes de commandes, deux roues caoutchoutées, un moteur à essence. Cette « mécanique » avançait au pas de l’homme, menait environ 1,50m de large. La lame n’était aiguisée qu’une fois par jour. Quelques litres d’essence lui suffisaient. Question : qu’a-t-on fait par la suite des croûtes de fromage ?
Pour les curieux et curieuses : suivez ce lien et vous en sortirez formé(e)s au fauchage.
En prime ; le patois corrézien … https://la-biaca.org/videotheque.html
C’est décidé ! Avec Laurent - Instituteur paysan (!) le jeudi de l’Ascension prochaine, On monte à Puy -Grand participer au concours. Auparavant, j’irais voir Auguste pour battre ma faux …
L’exercice n’était pas forcément évident. Il s’agissait d’obtenir d’Auguste un retour sur image de prés de 70 ans. Plus exactement, Jean-Pierre souhaitait, caméra et micro à l’appui, entendre raconter le temps où Auguste montait faucher en Auvergne, ceci en patois du Bas-Limousin, en occitan comme disent les érudits.
Exercice difficile parce que dans la vie de tous les jours, y compris en pleine campagne, rares sont les conversations tenues en patois. Le démarrage s’est avéré difficile : Auguste parlait alternativement français et patois.
Puis, enfin, il a raconté cette épopée quand, par dizaines, les jeunes hommes de la Basse-Corrèze partaient tous les mois de Juillet dans le Cantal pour faucher à la faux des prairies en pente et rentrer ensuite le foin, après l’avoir fané et rassemblé.
Le travail commençait avant le lever du soleil et se terminait à la tombée de la nuit du lundi au samedi. Selon Auguste, aidé d’un copain de la commune, ils devaient faucher 14 hectares. Jean – Pierre précise qu’un très bon faucheur pouvait « tomber » un hectare par jour quand le temps le permettait ; c’est à dire si, pluie aidant, la rosée se maintenait toute la journée.
L’efficacité en matière de fauchage à la « daille » ou « dahl » Se doit de conjuguer au moins deux éléments : Une faux battue convenablement et par la suite, le fil coupant maintenu par un coup de pierre à aiguiser à intervalles réguliers. Régularité également du geste en rond du faucheur qui doit maintenir une certaine cadence sans cependant s’épuiser à vouloir avancer trop vite et générer un épuisement rapide des forces.
Il y avait aussi la question de l’alimentation, carburant de la machine humaine. Le doute est permis quand Auguste dit qu’à cinq heures du matin, il partait avec simplement un bol de café dans l’estomac. Selon ses dires, à neuf heures du matin, le patron apportait un cabas avec un casse-croûte. Il dit avoir, dans cette période, ingurgité beaucoup de croûtes de fromage (le Cantal) ; ceci étant les restes du troquet que tenait le patron de la ferme …
Au point de vue boisson, il y avait l’eau du ruisseau ! Le patron se pointait parfois à la grange avec un renflement sous sa blouse : « Coï per tu » - c’est pour toi- . C’était un litre de vin rouge.
Comme lits, les faucheurs Couchaient dans les « grêches »* des vaches …
Les bœufs salers, ou éventuellement une paire de vaches pouvaient être utilisés sur les parties de prairies les moins pentues pour tracter la faucheuse mécanique. Ensuite, les bêtes étaient attelées au char pour rentrer le foin. Dételées, elles étaient utilisées pour trépigner le foin en vrac afin de gagner de la place en hauteur.
En guise de salaire, d’après Auguste, pour un mois de salaire, on leur donnait en espèces l’équivalent d’une génisse de huit mois **.D’accord, les faucheurs corréziens étaient nourris – logés mais le salaire n’était pas mirobolant …
Pour se rendre en Auvergne a une centaine de kilomètres, Les faucheurs emballaient leur « daille » (lame de faux) Séparée du manche. Ils prenaient le train à la Gare de St-Denis-près-Martel ou Vayrac et par la ligne Brive – Aurillac, regagnaient le lieu où ils allaient faucher.
Une partie d’entre eux était embauchée a une foire spécifique où se rencontraient paysans cantaliens et faucheurs corréziens. On s’accordait alors sur le prix. Bien sûr, il n’y avait ni contrat de travail ni feuille de paie …
Cette pratique a du cesser en 1954 - 1955 : Les faucheurs ont été remplacés par les moto-faucheuses. Barre de coupe à l’avant, un guidon qui supportait les manettes de commandes, deux roues caoutchoutées, un moteur à essence. Cette « mécanique » avançait au pas de l’homme, menait environ 1,50m de large. La lame n’était aiguisée qu’une fois par jour. Quelques litres d’essence lui suffisaient. Question : qu’a-t-on fait par la suite des croûtes de fromage ?
Pour les curieux et curieuses : suivez ce lien et vous en sortirez formé(e)s au fauchage.
En prime ; le patois corrézien … https://la-biaca.org/videotheque.html
C’est décidé ! Avec Laurent - Instituteur paysan (!) le jeudi de l’Ascension prochaine, On monte à Puy -Grand participer au concours. Auparavant, j’irais voir Auguste pour battre ma faux …
Grèches : partie demi – circulaire devant chaque vache
tout à côté du râtelier où on mettait la ration de foin quotidienne
Selon le Net, en 2016, un « broutard » taurillon de 10 mois valait 714 euros
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Seja al pueg grand
Ce texte est le 4ème sujet du marathon 2018.
J'avoue avoir accompli ce marathon 2018 avec une déconcertante facilité.
J'avoue avoir accompli ce marathon 2018 avec une déconcertante facilité.
Ceci sans doute parce qu'il s'inscrit dans une période où je suis amené à participer à des tâches qui m'intéressent, me passionnent même : narration du passé de nos campagne par les anciens, ce qui, avec le collectage, la rédaction, publication et diffusion des "Chroniques capellounes et végennoises" ( l'essentiel de 2017 ) s'accompagne de la nécessité de se souvenir, voir parler l'occitan qui est la langue apprise dès le berceau, mais quasiment délaissée après l'adolescence.
Sinon, il y a Man, mon compagnon qui m'a quelque peu inspiré ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Seja al pueg grand
J'ai lu ton marathon avec intérêt surtout parce qu'il commence avec Man, un chien hors du commun.
J'ai lu aussi ton livre dans lequel on retrouve avec admiration tous ces gens du peuple qui ont tous une histoire.
En patois ou en Français, c'est tout bon !
J'ai lu aussi ton livre dans lequel on retrouve avec admiration tous ces gens du peuple qui ont tous une histoire.
En patois ou en Français, c'est tout bon !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Seja al pueg grand
j'étais sure que tu choisirais ce texte, cats. et tu as eu raison, il est passionnant
ton marathon était un vrai régal, surtout le gâteau, à la fin
ton marathon était un vrai régal, surtout le gâteau, à la fin
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A. Seja al pueg grand
J'adore ces récits de la vie paysanne. On en apprend beaucoup sur les pratiques et traditions du passé... Quand les derniers survivants des temps anciens disparaissent, leurs témoignages s'enfuient à jamais ...
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Seja al pueg grand
Je vais redire ici ce que j'ai dit là-bas. Ce texte me parle puisque mon père avait une faux comme outil de travail.
C'est important ce travail de mémoire pouR qu'il reste quelque chose de ce passage sur terre, sî bref !
C'est important ce travail de mémoire pouR qu'il reste quelque chose de ce passage sur terre, sî bref !
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Seja al pueg grand
Tes tableaux du passé me régalent, je dis tableaux car quand je te lis je vois ces scènes paysannes comme si elles étaient filmées.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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