A bis - Nuit d'été cauchemardesque
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A bis - Nuit d'été cauchemardesque
Oui, je sais : j'abuse ...
Un seul texte du marathon 2018, cela devrait suffire, mais ce mauvais rêve, j'ai envie de vous le faire partager ...
Il faut que je sorte, oui, sortir, flâner, découvrir cette ville …
Le 5 août 2016
C'était l'été, la chaleur sans doute ? Au réveil de ce drôle de rêve, presto illico, je m'asseyais devant l'ordinateur et transcrivais ce cauchemar en l'arrangeant à peine. On comprendra sans peine que chacun des éléments a été un passage vécu, mais comme on dit en patois local, c'était un peu bouïré (mélangé).
Je l'avais posté en écriture libre sur kalé quelques jours après ...
Un seul texte du marathon 2018, cela devrait suffire, mais ce mauvais rêve, j'ai envie de vous le faire partager ...
Il faut que je sorte, oui, sortir, flâner, découvrir cette ville …
On est arrivés hier avec armes et bagages ; non, bagages seulement. On a tout laissé derrière nous. Cette maison qu'on a tant aimée, façonnée à notre goût, abandonnée comme une vieille chaussette. C'est le travail qui nous a amenés en cette ville inconnue. Ma femme y est déjà, au boulot, moi je commence demain lundi.
A gauche ? A droite ? Oui, je pars vers la droite. C'est très tendance en ce moment !
Elle est bizarre , cette ville : ici un bistrot, plus loin, des vaches qui, tout en ruminant, regardent passer le quidam, là un cul-de-sac. Et les quadrupèdes qui ont tout l'air de s'interroger :
- Qui c'est celui-là ? On ne l'avait plus vu ; a l'air un peu paumé, le gars … C'est pas notre affaire, nous on s'acquitte consciencieusement de notre tâche de bovins raisonnables en emplissant notre panse. C'est le cas de le dire, chacun son métier, les vaches seront bien gardées.
Tiens, ici, une fête foraine avec des drôles de manèges. Non ! Ça ne serait pas sérieux à mon âge de quémander mon ticket.
Je prends la rue de gauche, puis j'enfile celle d'en face, et puis celle du milieu qui m'a l'air bien sympathique. Au bout, sur la place, il y a l'église.
Non ! Je ne vais point y entrer ce jour. Comme il se doit pour un époux attentionné, j'irais un de ces quatre avec ma femme admirer le chef-d’œuvre sacré ; là où sont sensées s'apaiser toutes les haines. Croyant ou athée, adepte d'une autre religion, qui oserait troubler le calme et la sérénité régnant en ces lieux ?
Alors, sans idée préconçue se poursuit ma quête d'imprévu : je tourne, je vire et j'erre comme une âme en peine dans les rues de cette étrange ville.
Plus ou moins consciemment, j'applique un précepte enseigné par cet éminent conférencier, paléoanthropologue du Collège de France devant un parterre d'auditeurs subjugués en début de semaine dans ce cinéma lotois.
Marcher, marcher toujours, marcher encore, c'est le fondement même de l'Humain, sa suprématie de bipède au regard des autres animaux qui peuplent cette planète. De l'exposé de Pascal Picq, je retiens ceci « Le bipède humain a besoin de marcher et de parler pour penser, pour créer ».
Alors, je marche ! Jusqu'au moment où …
Jusqu'à l'instant où la raison me susurre de faire demi-tour et regagner sans plus attendre mon modeste logis.
Tel une boussole déboussolée, je tourne et tournicote sans reconnaître un quelconque itinéraire parcouru au début de cette pérégrination. D'autant que, traîtreusement, sur la ville, s'installe le crépuscule.
Sans doute, par télépathie, la nuit gagne mes neurones.
Avant l'extinction totale des lumières en ma pauvre tête, j'aborde deux flics qui font leur métier de policiers zélés en état d'urgence. Ils s'évertuent à déceler dans l'automobiliste interpellé un éventuel terroriste qui pourrait cacher dans sa bagnole pourrie quelque bombe susceptible de valoir les feux de la rampe au kamikaze en puissance … Et peut-être la médaille en guise de reconnaissance aux fins limiers.
Je suis la première victime de cet attentat qui n'aura pas lieu : ce qui me tenait lieu de raison vient de me quitter.
Il s'ensuit un dialogue kafkaïen avec les dignes représentants du Ministère de l'Intérieur puis avec un groupe de jeunes entretenant une conversation animée ponctuée de gloussements semblables au troupeau de dindons émoustillés à la vue d'une ravissante congénère.
- Vous ne retrouvez pas votre chemin ? Mais, mon pauvre Monsieur, on n'en a rien à foutre de l'inquiétude supposée de votre femme. Tenez, demandez donc à cette bande de jeunes empaffés de vous raccompagner.
- Mais, Monsieur l'agent, je ne sais plus …
- Foutez-nous la paix ! Sinon, on vous embarque !
- Merci de votre amabilité …
- Pardon, jeunes gens . Vous ne pourriez pas me dire ?
- Quoi donc ? T'es paumé ? Nous aussi, figure-toi. Mais vas-y, accouche !
- C'est pour revenir chez moi, je me suis un peu égaré, alors, si vous pouviez m'aider ?
- Tu crèches dans quelle rue ?
- Rue, rue ? Ça y est : rue Lacuée !
- T'es sûr ? rue Lacuée ... Connais pas.
- Ah oui, c'était à Paris, mon frère y habitait.
- Ici, on est à Troyes !
- Mais qu'est-ce que je fous à Troyes ? Ah oui, c'est pour le boulot …
- Hou là ! Papy ? Grave ! T'as au moins 70 berges. J'y crois pas. Ils t'ont filé du boulot à toi, alors que nous, à 20 ans, on est tous au chomedu. Et ta femme, elle a aussi trouvé un job, mais bien sûr, c'est une jeunette.
- Non, elle a 73 ans … Je lui dis toujours qu'elle devrait demander sa retraite. Moi, y a déjà 15 ans que j'y suis.
- Bon ! On a compris … En plus du nom de ta rue, t'as aussi perdu tout le reste. Doit y avoir une jolie toile d'araignée dans ta tête, mais on a perdu le fil d'Ariane.
- Non, elle ne s'appelle pas Ariane, ma femme. L'Ariane, c'était la voiture de l'instituteur, mais je ne me rappelle plus du numéro …
- A propos de numéro, t'aurais pas un portable ? On va l 'appeler, ta moitié.
- Tiens, il y a Lydie qui s'affiche, c'est elle, ta régulière ?
- Heu, non, je crois pas … Enfin, je ne suis pas sûr …
- Oui, ça doit pas être ta moitié. Elle dit qu'elle ne connaît personne à Troyes … Elle a parlé de sa belle-mère, une certaine Éliane. Ta femme peut-être ?
- Non, c'est ma nièce … 16 !
- Quoi, 16 ?
- Le n° se termine par 16 … Mais non, suis-je bête, c'était mon fixe et comme j'ai plus de maison, c'est plus bon. Alors, vous m'accompagnez chez moi ? Je vous paierai la goutte. J'ai toutes sortes de breuvages que j'ai ramenés dans mes bagages …
- Celui qui fait des vers sans le vouloir est un âne sans le savoir !
- Dis donc, Papy, t'as une lumière qui vient de se rallumer ?
- Y vont me ramener à la maison ?
- Non, en cellule de dégrisement ! Ou carrément à Saint-Anne …
- Non ! S'il vous plaît, les poulets, pas chez les fadas !
- Cocorico ! Cocorico ! Cocorico !
- P... de coq ! Il me réveille à quatre heures du mat' , mais à quelque chose, malheur est bon : il met fin au cauchemar.
Tiens ? Ce drôle de rêve, ça pourrait compléter ma panoplie d'écritures sans queue ni tête ...
A gauche ? A droite ? Oui, je pars vers la droite. C'est très tendance en ce moment !
Elle est bizarre , cette ville : ici un bistrot, plus loin, des vaches qui, tout en ruminant, regardent passer le quidam, là un cul-de-sac. Et les quadrupèdes qui ont tout l'air de s'interroger :
- Qui c'est celui-là ? On ne l'avait plus vu ; a l'air un peu paumé, le gars … C'est pas notre affaire, nous on s'acquitte consciencieusement de notre tâche de bovins raisonnables en emplissant notre panse. C'est le cas de le dire, chacun son métier, les vaches seront bien gardées.
Tiens, ici, une fête foraine avec des drôles de manèges. Non ! Ça ne serait pas sérieux à mon âge de quémander mon ticket.
Je prends la rue de gauche, puis j'enfile celle d'en face, et puis celle du milieu qui m'a l'air bien sympathique. Au bout, sur la place, il y a l'église.
Non ! Je ne vais point y entrer ce jour. Comme il se doit pour un époux attentionné, j'irais un de ces quatre avec ma femme admirer le chef-d’œuvre sacré ; là où sont sensées s'apaiser toutes les haines. Croyant ou athée, adepte d'une autre religion, qui oserait troubler le calme et la sérénité régnant en ces lieux ?
Alors, sans idée préconçue se poursuit ma quête d'imprévu : je tourne, je vire et j'erre comme une âme en peine dans les rues de cette étrange ville.
Plus ou moins consciemment, j'applique un précepte enseigné par cet éminent conférencier, paléoanthropologue du Collège de France devant un parterre d'auditeurs subjugués en début de semaine dans ce cinéma lotois.
Marcher, marcher toujours, marcher encore, c'est le fondement même de l'Humain, sa suprématie de bipède au regard des autres animaux qui peuplent cette planète. De l'exposé de Pascal Picq, je retiens ceci « Le bipède humain a besoin de marcher et de parler pour penser, pour créer ».
Alors, je marche ! Jusqu'au moment où …
Jusqu'à l'instant où la raison me susurre de faire demi-tour et regagner sans plus attendre mon modeste logis.
Tel une boussole déboussolée, je tourne et tournicote sans reconnaître un quelconque itinéraire parcouru au début de cette pérégrination. D'autant que, traîtreusement, sur la ville, s'installe le crépuscule.
Sans doute, par télépathie, la nuit gagne mes neurones.
Avant l'extinction totale des lumières en ma pauvre tête, j'aborde deux flics qui font leur métier de policiers zélés en état d'urgence. Ils s'évertuent à déceler dans l'automobiliste interpellé un éventuel terroriste qui pourrait cacher dans sa bagnole pourrie quelque bombe susceptible de valoir les feux de la rampe au kamikaze en puissance … Et peut-être la médaille en guise de reconnaissance aux fins limiers.
Je suis la première victime de cet attentat qui n'aura pas lieu : ce qui me tenait lieu de raison vient de me quitter.
Il s'ensuit un dialogue kafkaïen avec les dignes représentants du Ministère de l'Intérieur puis avec un groupe de jeunes entretenant une conversation animée ponctuée de gloussements semblables au troupeau de dindons émoustillés à la vue d'une ravissante congénère.
- Vous ne retrouvez pas votre chemin ? Mais, mon pauvre Monsieur, on n'en a rien à foutre de l'inquiétude supposée de votre femme. Tenez, demandez donc à cette bande de jeunes empaffés de vous raccompagner.
- Mais, Monsieur l'agent, je ne sais plus …
- Foutez-nous la paix ! Sinon, on vous embarque !
- Merci de votre amabilité …
- Pardon, jeunes gens . Vous ne pourriez pas me dire ?
- Quoi donc ? T'es paumé ? Nous aussi, figure-toi. Mais vas-y, accouche !
- C'est pour revenir chez moi, je me suis un peu égaré, alors, si vous pouviez m'aider ?
- Tu crèches dans quelle rue ?
- Rue, rue ? Ça y est : rue Lacuée !
- T'es sûr ? rue Lacuée ... Connais pas.
- Ah oui, c'était à Paris, mon frère y habitait.
- Ici, on est à Troyes !
- Mais qu'est-ce que je fous à Troyes ? Ah oui, c'est pour le boulot …
- Hou là ! Papy ? Grave ! T'as au moins 70 berges. J'y crois pas. Ils t'ont filé du boulot à toi, alors que nous, à 20 ans, on est tous au chomedu. Et ta femme, elle a aussi trouvé un job, mais bien sûr, c'est une jeunette.
- Non, elle a 73 ans … Je lui dis toujours qu'elle devrait demander sa retraite. Moi, y a déjà 15 ans que j'y suis.
- Bon ! On a compris … En plus du nom de ta rue, t'as aussi perdu tout le reste. Doit y avoir une jolie toile d'araignée dans ta tête, mais on a perdu le fil d'Ariane.
- Non, elle ne s'appelle pas Ariane, ma femme. L'Ariane, c'était la voiture de l'instituteur, mais je ne me rappelle plus du numéro …
- A propos de numéro, t'aurais pas un portable ? On va l 'appeler, ta moitié.
- Tiens, il y a Lydie qui s'affiche, c'est elle, ta régulière ?
- Heu, non, je crois pas … Enfin, je ne suis pas sûr …
- Oui, ça doit pas être ta moitié. Elle dit qu'elle ne connaît personne à Troyes … Elle a parlé de sa belle-mère, une certaine Éliane. Ta femme peut-être ?
- Non, c'est ma nièce … 16 !
- Quoi, 16 ?
- Le n° se termine par 16 … Mais non, suis-je bête, c'était mon fixe et comme j'ai plus de maison, c'est plus bon. Alors, vous m'accompagnez chez moi ? Je vous paierai la goutte. J'ai toutes sortes de breuvages que j'ai ramenés dans mes bagages …
A ton âge,
on a bien de l'avantage,
faute d'accès au libertinage,
on s'y connaît en breuvages.
on a bien de l'avantage,
faute d'accès au libertinage,
on s'y connaît en breuvages.
- Celui qui fait des vers sans le vouloir est un âne sans le savoir !
- Dis donc, Papy, t'as une lumière qui vient de se rallumer ?
Trêve de badinage et bavardage,
Faudrait peut-être qu'on y aille,
Sinon la poulaille,
Pour pas rentrer bredouille,
Craignant l'embrouille
Nous prenant pour des arsouilles
Embarque sans tambour ni trompettes
En son carrosse
Le vieux et les jeunes
Soupçonnés de déraison aggravée.
Faudrait peut-être qu'on y aille,
Sinon la poulaille,
Pour pas rentrer bredouille,
Craignant l'embrouille
Nous prenant pour des arsouilles
Embarque sans tambour ni trompettes
En son carrosse
Le vieux et les jeunes
Soupçonnés de déraison aggravée.
- Y vont me ramener à la maison ?
- Non, en cellule de dégrisement ! Ou carrément à Saint-Anne …
- Non ! S'il vous plaît, les poulets, pas chez les fadas !
- Cocorico ! Cocorico ! Cocorico !
- P... de coq ! Il me réveille à quatre heures du mat' , mais à quelque chose, malheur est bon : il met fin au cauchemar.
Tiens ? Ce drôle de rêve, ça pourrait compléter ma panoplie d'écritures sans queue ni tête ...
Le 5 août 2016
C'était l'été, la chaleur sans doute ? Au réveil de ce drôle de rêve, presto illico, je m'asseyais devant l'ordinateur et transcrivais ce cauchemar en l'arrangeant à peine. On comprendra sans peine que chacun des éléments a été un passage vécu, mais comme on dit en patois local, c'était un peu bouïré (mélangé).
Je l'avais posté en écriture libre sur kalé quelques jours après ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A bis - Nuit d'été cauchemardesque
Sans queue ni tête comme tout bon cauchemar digne de ce nom, mais une écriture très efficace et on sent monter une certaine angoisse, au fil de la lecture...
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A bis - Nuit d'été cauchemardesque
j'aime vraiment beaucoup le premier texte et sa suite...ça fait juste un peu peur et puis très peur, mais on se dit qu'on va se réveiller!
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A bis - Nuit d'été cauchemardesque
Pas de chance de se réveiller en plein cauchemar, c'est très angoissant! Mais du coup ça donne un texte déjanté
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A bis - Nuit d'été cauchemardesque
Déjanté à souhait, mais comme déjà dit, j'aime quand tu te lâches !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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