A 07bis Ils sont venus...

« Je suis venu calme orphelin
Riche de mes seuls yeux tranquilles
Vers les hommes des grandes villes
Ils ne m’ont pas trouvé malin » (Gaspard Hauser, Verlaine)

Ils sont venus, seuls, bravant tous les dangers, vers leur Eldorado, vers cette Europe qui leur était présentée comme la Terre Promise.
Dans le froid, dans la tempête, dans les écueils, ils ne tenaient que par cet espoir d’une terre où on les accueillerait, d’une terre où ils seraient traités comme des êtres humains et pas comme des animaux, une terre où ils pourraient étudier, où leurs enfants pourraient grandir en sécurité….
Ils ont survécu à la faim, à la soif, au naufrage, à la torture, à l’esclavage, à la guerre.
Et ils ont découvert la réalité cachée de l’autre côté.

Elle fait mal cette réalité, elle blesse douloureusement à coups de procédures administratives tortueuses et complexes, à coups de suspicion systématique et de mépris généralisé.
Et pourtant ils continuent à tenter l’aventure….
Parce que, même les conditions d’accueil les plus indignes de l’Europe sont plus supportables que ce qu’ils ont fui à toutes jambes.

Ces gamins aux grands yeux sombres qui paraissent si vieux….
Ces hommes au regard usé et résigné qui luttent pour ne pas sombrer définitivement….
Cette foi en un avenir meilleur alors qu’on leur crache régulièrement à la figure…
Ces histoires tragiques qu’on tait ou qu’on doit, malgré soi, ressasser encore et encore parce que c’est elles qui vont convaincre l’administration qu’on n’a pas fait tout ce chemin pour profiter indûment des largesses d’un potentiel pays d’accueil….
Et ces sourires qui naissent avec hésitation devant une main tendue
Cette joie quand la réussite pointe enfin le bout de son nez.
Ces grands gaillards aux épaules élargies par la route et les petits boulots faits pour survivre qui se retrouvent à deux doigts des larmes en recevant un diplôme
La fierté revenue dans les yeux des parents quand leur enfant réussit à l’école
Et cette honte qu’on dissimule du mieux possible face à tout ce que cette même école devrait faire pour ces enfants et ne fait pas….


C'est le dernier texte de mon deuxième marathon.( oui je l'ai doublé, sans doute parce que ça faisait un grand moment que je n'avais pas vraiment pris le temps d'écrire, et que ça me manquait cruellement)
Je ne voulais pas encore une fois parler de mes primo-arrivants mais ils sont venus d'eux-mêmes s'inviter à la fête du marathon.

ils ont bien fait de s'inviter à la danse de ta plume... un texte à imprimer et à partager un peu partout autour de nous...

Sî on pouvait distribuer ce texte dans toutes les ecoles' dans toutes les mairies et dans toutes les réunions de partis politiques et sî ca pouvait changer les mentalités!!!

Un fameux plaidoyer ! Bravo ainsi que pour le reste de ton double marathon !

Merci. Tu as su dire tout ce que je pense, ma révolte envers les gouvernements qui ne répondent qu'à l'égoïsme de chacun.
Avant les étrangers, pensons à nos concitoyens.
Avant nos concitoyens, pensons à nos familles.
Avant nos familles, pensons à nous.

Donnez-moi encore un peu de ciel bleu pour pouvoir rêver !

Tu as les mots justes pour traduire notre révolte. Merci d'avoir écrit pour eux.