A. La légende du lac
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Zéphyrine
Amanda.
Myrte
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A. La légende du lac
- Pars et surtout ne te retourne pas, avance droit devant toi et, si tu as le malheur de te retourner, tu seras changé en statue de sel.
Ils lui avaient dit cette phrase qu’il avait déjà entendue il ne savait où.
Son sac à dos était très lourd. Ses pas s’enfonçaient dans le sable du désert.
Le soleil commençait à brûler son visage, Vincent rabattit la visière de sa casquette.
A chacun de ses mouvements, il entendait le bruit de l’eau dans sa gourde. L’envie de s’arrêter pour se désaltérer le taraudait mais il résistait à la soif. Ils lui avaient dit une seule gorgée à la fois.
Vincent avait découvert leur étonnant vaisseau métallique au détour d’une immense dune. De la taille d’une automobile, il avait une forme oblongue et une ligne de hublots en faisait le tour.
Lorsqu’il s’en approcha, un des hublots s’ouvrit sur un étrange petit personnage. Un lutin argenté. Deux autres le suivirent et ils s’avancèrent vers lui.
Il entendit alors leurs mystérieuses voix, comme une polyphonie sortie de nulle part, qui lui demandèrent où il allait.
- Je traverse le désert, c’est ma spécialité. J’en ai déjà traversé plusieurs dans différents pays.
- A quoi cela te sert-il ?
- Cela me plait. J’aime la solitude, les grands espaces et les défis. Et vous, qui êtes-vous ?
- Nous venons d’ailleurs et observons ta planète. Nous ne te voulons aucun mal. Tu ne dois pas en savoir plus. Continue ton chemin sans te préoccuper de nous. Bois une seule gorgée à la fois. Pars, et surtout ne te retourne pas, avance droit devant toi et, si tu as le malheur de te retourner, tu seras changé en statue de sel.
Cela ressemblait à s’y méprendre à la légende de Sodome et Gomorrhe.
Il avançait donc, se disant qu’il n’était pas si difficile de résister à la tentation de se retourner, l’envie de boire étant bien plus puissante.
Finalement, après une indéfinissable distance qu’il parcourut d’un pas pesant et trébuchant, il vit de loin un touareg qui abreuvait ses chameaux dans une sorte de mare bordée par deux palmiers. Une improbable et minuscule oasis au beau milieu de l’immensité sableuse.
L’homme lui tendait généreusement un gobelet de cette onde boueuse, un sourire édenté aux lèvres.
Il but goulûment. Le berger sortit alors de sa poche une poignée de dattes.
Ce cadeau providentiel ravit Vincent. Il raconta alors à l’homme l’étrange rencontre qu’il avait faite et les paroles de ces mystérieux lutins.
Puis, encore ému par ce partage inattendu, il se retourna pour évaluer le chemin parcouru et là, son sang ne fit qu’un tour car il venait de réaliser la gravité de son geste.
Son corps se transforma aussitôt en statue de sel.
Le berger le regardait avec effroi.
Vincent était devenu blanc scintillant de la tête aux pieds et d’une immobilité déconcertante.
Une statue de sel portant une casquette rouge, des vêtements beiges et un sac à dos volumineux.
Le touareg, le visage déformé par la peur, rassembla son troupeau et s’éloigna en courant de cette étrange vision, priant à haute voix pour ne pas être, à son tour, victime d’une telle malédiction.
Quand le soir tomba sur les dunes, l’étrange statue était toujours là.
On dit dans les alentours que, cette nuit-là, survint une miraculeuse averse qui ravit les nomades voisins. Il n’avait pas plu depuis des années.
Le sel de la statue fondit alors sous les gouttes et se dispersa dans la mare qui s’agrandit providentiellement.
Il plut plusieurs nuits d’affilé et la mare devint un lac.
Depuis, d’autres palmiers ont poussé et des nomades se sont établis autour.
Les enfants ont pris l’habitude de se baigner dans cette eau. On ne peut la boire car elle est légèrement salée. Peu importe car des puits ont été creusés dans le village.
On raconte qu’au fond du lac, il y aurait un tas de vêtements, une casquette rouge et un sac à dos.
Un vieil homme, ancien touareg devenu fou, certains disent l’idiot du village, raconte à qui veut l’écouter la légende du lac et d’une statue de sel qu’il serait le seul à avoir vue.
Ils lui avaient dit cette phrase qu’il avait déjà entendue il ne savait où.
Son sac à dos était très lourd. Ses pas s’enfonçaient dans le sable du désert.
Le soleil commençait à brûler son visage, Vincent rabattit la visière de sa casquette.
A chacun de ses mouvements, il entendait le bruit de l’eau dans sa gourde. L’envie de s’arrêter pour se désaltérer le taraudait mais il résistait à la soif. Ils lui avaient dit une seule gorgée à la fois.
Vincent avait découvert leur étonnant vaisseau métallique au détour d’une immense dune. De la taille d’une automobile, il avait une forme oblongue et une ligne de hublots en faisait le tour.
Lorsqu’il s’en approcha, un des hublots s’ouvrit sur un étrange petit personnage. Un lutin argenté. Deux autres le suivirent et ils s’avancèrent vers lui.
Il entendit alors leurs mystérieuses voix, comme une polyphonie sortie de nulle part, qui lui demandèrent où il allait.
- Je traverse le désert, c’est ma spécialité. J’en ai déjà traversé plusieurs dans différents pays.
- A quoi cela te sert-il ?
- Cela me plait. J’aime la solitude, les grands espaces et les défis. Et vous, qui êtes-vous ?
- Nous venons d’ailleurs et observons ta planète. Nous ne te voulons aucun mal. Tu ne dois pas en savoir plus. Continue ton chemin sans te préoccuper de nous. Bois une seule gorgée à la fois. Pars, et surtout ne te retourne pas, avance droit devant toi et, si tu as le malheur de te retourner, tu seras changé en statue de sel.
Cela ressemblait à s’y méprendre à la légende de Sodome et Gomorrhe.
Il avançait donc, se disant qu’il n’était pas si difficile de résister à la tentation de se retourner, l’envie de boire étant bien plus puissante.
Finalement, après une indéfinissable distance qu’il parcourut d’un pas pesant et trébuchant, il vit de loin un touareg qui abreuvait ses chameaux dans une sorte de mare bordée par deux palmiers. Une improbable et minuscule oasis au beau milieu de l’immensité sableuse.
L’homme lui tendait généreusement un gobelet de cette onde boueuse, un sourire édenté aux lèvres.
Il but goulûment. Le berger sortit alors de sa poche une poignée de dattes.
Ce cadeau providentiel ravit Vincent. Il raconta alors à l’homme l’étrange rencontre qu’il avait faite et les paroles de ces mystérieux lutins.
Puis, encore ému par ce partage inattendu, il se retourna pour évaluer le chemin parcouru et là, son sang ne fit qu’un tour car il venait de réaliser la gravité de son geste.
Son corps se transforma aussitôt en statue de sel.
Le berger le regardait avec effroi.
Vincent était devenu blanc scintillant de la tête aux pieds et d’une immobilité déconcertante.
Une statue de sel portant une casquette rouge, des vêtements beiges et un sac à dos volumineux.
Le touareg, le visage déformé par la peur, rassembla son troupeau et s’éloigna en courant de cette étrange vision, priant à haute voix pour ne pas être, à son tour, victime d’une telle malédiction.
Quand le soir tomba sur les dunes, l’étrange statue était toujours là.
On dit dans les alentours que, cette nuit-là, survint une miraculeuse averse qui ravit les nomades voisins. Il n’avait pas plu depuis des années.
Le sel de la statue fondit alors sous les gouttes et se dispersa dans la mare qui s’agrandit providentiellement.
Il plut plusieurs nuits d’affilé et la mare devint un lac.
Depuis, d’autres palmiers ont poussé et des nomades se sont établis autour.
Les enfants ont pris l’habitude de se baigner dans cette eau. On ne peut la boire car elle est légèrement salée. Peu importe car des puits ont été creusés dans le village.
On raconte qu’au fond du lac, il y aurait un tas de vêtements, une casquette rouge et un sac à dos.
Un vieil homme, ancien touareg devenu fou, certains disent l’idiot du village, raconte à qui veut l’écouter la légende du lac et d’une statue de sel qu’il serait le seul à avoir vue.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. La légende du lac
Un texte excellent, basé sur la légende, tu nous emmènes loin, dans le domaine de l'imaginaire, et puis c'est génial d'avoir mis plusieurs histoires dans l'histoire, tous ces personnages absolument différents avec en trame le " Ne te retourne pas "
Myrte !
Myrte !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. La légende du lac
Sodome et Gomorrhe! Quelle bonne idée d'aborder ainsi la consigne!
Et aussi, quelle imagination!
Bravo.
Et aussi, quelle imagination!
Bravo.
Dernière édition par Zéphyrine le Jeu 12 Avr - 21:04, édité 1 fois
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. La légende du lac
un beau texte, une belle légende qui nous entraine très loin dans une approche originale avec une écriture toujours aussi agréable.
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
Re: A. La légende du lac
J'ai eu beaucoup de difficultés à plonger dans ton texte, et j'ai préféré la seconde partie que je trouve plus fluide.
Par contre belle originalité, tu nous as vraiment amenés ailleurs
Par contre belle originalité, tu nous as vraiment amenés ailleurs
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. La légende du lac
Si le pouvoir était donné à chacun(e) d'entre nous, la Terre serait parsemée de statues de sel !
Attention, je prépare ma liste
Très belle histoire
Attention, je prépare ma liste
Très belle histoire
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. La légende du lac
Tout-à-fait le genre de texte que j'adore !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
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