A. Gaston, Martine et Juliette
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A. Gaston, Martine et Juliette
Gaston, Martine et Juliette
— On n'attend plus que Gaston pour partir faire le tour du monde ! avait ironisé Martine.
— Dans sa 4 CV pourrie, on n'est pas encore arrivés. s’était esclaffée Juliette.
Ce n'était pas exactement cela la promesse de Gaston. Bien sûr que sa bagnole était pourrie. Tout le monde n'a pas les moyens de se payer une Renault 8 Gordini.
N'empêche que Martine et Juliette étaient bien contentes quand il les baladait, les sortait de leur village le samedi soir pour les emmener en boîte à la ville.
C'est vrai, il leur avait parlé d'un tour du monde. Pas d'un tour de la planète. Le tour du monde c'était une forme de jeu de mots. Les amener dans le monde. Les présenter à des personnes de la ville qui pouvaient leur assurer un avenir convenable.
Gaston était plus ou moins amoureux de Martine vers laquelle son cœur penchait. En même temps il était attiré par le corps de Juliette qui, il faut bien le reconnaître, faisait penser à Brigitte Bardot dans « Le repos du guerrier », les mêmes yeux les mêmes lèvres, la même coiffure, la même manière chaloupée de se déplacer. Tandis que Martine, avec sa coiffure à la garçonne et ses petits seins, façon œufs au plat et sa silhouette en planches de chêne massif, se faisait surtout remarquer par des yeux pétillants et une intelligence vive.
Gaston se refusait à choisir. Sans doute dans son inconscient réfléchissait-t-il à quelques parties scabreuses à trois. Mais nous étions au début des années 60. Mon pauvre Gaston, il faudrait attendre au moins 1969 « année érotique ».
Il n'étaient donc pas tous envolés ses souvenirs Gaston. Ils avaient rejaillis comme ça d'un seul coup, lorsqu'en sortant de la maison de retraite pour sa ballade quotidienne, histoire de se dérouiller les articulations, (et puis la kiné lui avait dit : — il faut marcher Monsieur Gaston ! Un petit peu tous les jours !), Il avait aperçu cette quatre chevaux Renault dans le petit bois, qui, elle, n'était pas là de se dérouiller.
Il n'avait pas épousé Martine. Il avait eu une brève aventure avec Juliette, décevante d'ailleurs, celle-ci répétant sans cesse chaque fois qu'il voulait lui prendre la tête pour l'embrasser plus profondément : — Attention voyons, tu vas me décoiffer !
Exit Juliette.
Alors il avait revendu la quatre chevaux, et s'était embarqué sur un cargo pour les Amériques. Et oui, elles ne croyaient pas si bien dire les deux nanas. Il allait le faire son tour du monde. Mais tout seul.
Gaston finit par s'installer dans une petite ville du New Jersey où il commença comme livreur de pizza. Sa première réussite fut de racheter la pizzeria qui l'avait engagé. Il développa celle-ci grâce à son savoir-faire français qui fut très apprécié. Au bout de 5 ans, Gaston était à la tête d'une trentaine de pizzerias franchisées. Il gagnait beaucoup de dollars. Beaucoup. Mais, c'est bien connu, l'argent ne fait pas le bonheur. Il aurait préféré trouver l'amour, et les américaines, c'était pas son truc.
Un jour il eut le mal de pays. Il revendit ses pizzerias à Pepsi-Cola.Il prit le Concorde pour rentrer en France.
Son seul désir, son trésor, était de retrouver Martine et Juliette. Il se mit en quête. Seulement voilà, il avait tout bazardé en partant aux Amériques. Il n'était même plus certains de leurs noms de famille, et il avait oublié les adresses. Gaston eu recourt aux services d'un détective privé qui malheureusement fit chou blanc.
Les années passèrent. Gaston vivait du magot de la vente des pizzerias, et de quelques aventures féminines sans lendemain. D'autres années passèrent encore et Gaston finit par se retrouver dans la maison de retraite. Il avait pas mal perdu de neurones. Sa mémoire défaillait, jusqu'au jour où il remarqua la quatre chevaux en ruine dans le petit bois. Ce jour-là il rentra tout guilleret à la maison de retraite, content que des bribes du passé lui revenaient. Ce jour-là il regarda autrement cette femme qui ressemblait à quelqu'un qu'il avait certainement connu. C'est en tout cas ce qu'il se disait. Ils avaient quelque peu sympathisé en évoquant la qualité de la nourriture et la gentillesse du personnel. Il se dirigea vers elle, s'assit péniblement dans le fauteuil recouvert d'un plaid un peu délavé :
— Bonjour Martine, comment allez-vous aujourd'hui est-ce que la journée fut bonne ?
— On n'attend plus que Gaston pour partir faire le tour du monde ! avait ironisé Martine.
— Dans sa 4 CV pourrie, on n'est pas encore arrivés. s’était esclaffée Juliette.
Ce n'était pas exactement cela la promesse de Gaston. Bien sûr que sa bagnole était pourrie. Tout le monde n'a pas les moyens de se payer une Renault 8 Gordini.
N'empêche que Martine et Juliette étaient bien contentes quand il les baladait, les sortait de leur village le samedi soir pour les emmener en boîte à la ville.
C'est vrai, il leur avait parlé d'un tour du monde. Pas d'un tour de la planète. Le tour du monde c'était une forme de jeu de mots. Les amener dans le monde. Les présenter à des personnes de la ville qui pouvaient leur assurer un avenir convenable.
Gaston était plus ou moins amoureux de Martine vers laquelle son cœur penchait. En même temps il était attiré par le corps de Juliette qui, il faut bien le reconnaître, faisait penser à Brigitte Bardot dans « Le repos du guerrier », les mêmes yeux les mêmes lèvres, la même coiffure, la même manière chaloupée de se déplacer. Tandis que Martine, avec sa coiffure à la garçonne et ses petits seins, façon œufs au plat et sa silhouette en planches de chêne massif, se faisait surtout remarquer par des yeux pétillants et une intelligence vive.
Gaston se refusait à choisir. Sans doute dans son inconscient réfléchissait-t-il à quelques parties scabreuses à trois. Mais nous étions au début des années 60. Mon pauvre Gaston, il faudrait attendre au moins 1969 « année érotique ».
Il n'étaient donc pas tous envolés ses souvenirs Gaston. Ils avaient rejaillis comme ça d'un seul coup, lorsqu'en sortant de la maison de retraite pour sa ballade quotidienne, histoire de se dérouiller les articulations, (et puis la kiné lui avait dit : — il faut marcher Monsieur Gaston ! Un petit peu tous les jours !), Il avait aperçu cette quatre chevaux Renault dans le petit bois, qui, elle, n'était pas là de se dérouiller.
Il n'avait pas épousé Martine. Il avait eu une brève aventure avec Juliette, décevante d'ailleurs, celle-ci répétant sans cesse chaque fois qu'il voulait lui prendre la tête pour l'embrasser plus profondément : — Attention voyons, tu vas me décoiffer !
Exit Juliette.
Alors il avait revendu la quatre chevaux, et s'était embarqué sur un cargo pour les Amériques. Et oui, elles ne croyaient pas si bien dire les deux nanas. Il allait le faire son tour du monde. Mais tout seul.
Gaston finit par s'installer dans une petite ville du New Jersey où il commença comme livreur de pizza. Sa première réussite fut de racheter la pizzeria qui l'avait engagé. Il développa celle-ci grâce à son savoir-faire français qui fut très apprécié. Au bout de 5 ans, Gaston était à la tête d'une trentaine de pizzerias franchisées. Il gagnait beaucoup de dollars. Beaucoup. Mais, c'est bien connu, l'argent ne fait pas le bonheur. Il aurait préféré trouver l'amour, et les américaines, c'était pas son truc.
Un jour il eut le mal de pays. Il revendit ses pizzerias à Pepsi-Cola.Il prit le Concorde pour rentrer en France.
Son seul désir, son trésor, était de retrouver Martine et Juliette. Il se mit en quête. Seulement voilà, il avait tout bazardé en partant aux Amériques. Il n'était même plus certains de leurs noms de famille, et il avait oublié les adresses. Gaston eu recourt aux services d'un détective privé qui malheureusement fit chou blanc.
Les années passèrent. Gaston vivait du magot de la vente des pizzerias, et de quelques aventures féminines sans lendemain. D'autres années passèrent encore et Gaston finit par se retrouver dans la maison de retraite. Il avait pas mal perdu de neurones. Sa mémoire défaillait, jusqu'au jour où il remarqua la quatre chevaux en ruine dans le petit bois. Ce jour-là il rentra tout guilleret à la maison de retraite, content que des bribes du passé lui revenaient. Ce jour-là il regarda autrement cette femme qui ressemblait à quelqu'un qu'il avait certainement connu. C'est en tout cas ce qu'il se disait. Ils avaient quelque peu sympathisé en évoquant la qualité de la nourriture et la gentillesse du personnel. Il se dirigea vers elle, s'assit péniblement dans le fauteuil recouvert d'un plaid un peu délavé :
— Bonjour Martine, comment allez-vous aujourd'hui est-ce que la journée fut bonne ?
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Gaston, Martine et Juliette
Il est attendrissant Gaston dans sa maison de repos!
Tu racontes vraiment bien les souvenirs qui trottent dans sa tête.
J'ai bien aimé "attention voyons, tu.vas me décoiffer"
C'est ce que je disais à mes amoureux quand je voulais les éloigner quand j'avais 17 ans...
Tu racontes vraiment bien les souvenirs qui trottent dans sa tête.
J'ai bien aimé "attention voyons, tu.vas me décoiffer"
C'est ce que je disais à mes amoureux quand je voulais les éloigner quand j'avais 17 ans...
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Gaston, Martine et Juliette
Toute une vie bien résumée, mais a-t-elle été heureuse, ça c'est une autre histoire !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Gaston, Martine et Juliette
J'aime ta façon de raconter la vie de Gaston, ça sent bon le vécu, la réalité, l'hésitation du choix entre les nanas et puis l'envol vers l'Amérique.
Et la petite voiture qui ramène tout au point de départ !
Et la petite voiture qui ramène tout au point de départ !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Gaston, Martine et Juliette
Moi aussi j'aime bien cette histoire de Gaston pas tellement heureuse finalement. Il est passé à coté de l'amour.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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