A - Pépé Athanase et la boite à musique

**Martine27** Dim 6 Mai - 11:35

« Quant il est mort le poète ! »

La voix de Pépé Athanase tonne et arrête immédiatement la dispute entre les deux cousines. S'il a lancé cette phrase pour le moins énigmatique c'est qu'il a bien vu ce qui repose entre les deux fillettes.

« Pourquoi vous chamaillez-vous ainsi ? » interroge-t-il.

C'est Mémé Célestine qui intervient.

« Ces demoiselles sont montées, malgré mon interdiction mais bon il faut bien que jeunesse se passe, dans le grenier et elles ont trouvé une vieille boite à bijoux, maintenant c'est à celle qui veut la garder. »

« Pourquoi as-tu dit que le poète était mort Pépé ? » s'enquière l'une des petites.

« C'est parce qu'il est mort que cette boite existe. »

Ca y est la dispute s'arrête et les cousines s'approchent, ravies, de Pépé Athanase, elles savent bien qu'il va y avoir une histoire à la clé.

Pépé Athanase à son habitude prend son temps pour s'installer sous le regard moqueur et attendri de Mémé Célestine.

« Eh bien voilà ! »

Pépé Athanase s'éclaircit la voix et commence son récit.

« Quant il est mort le poète, son amoureuse qui était une jolie ballerine en fut tellement triste, qu'elle refusa de danser. Bien sûr, le maître de ballet la renvoya. »

« Oh le sale type ! » s'écrièrent en choeur les cousines « Elle avait bien le droit d'être malheureuse ! »

Le froncement de sourcils de Pépé Athanase clôt la répartie de ces demoiselles et il reprit.

« Donc voilà la pauvrette qui s'apprête à rentrer chez elle, hélas, elle trébuche, tombe et se casse une jambe, ce qui est dramatique pour une danseuse n'est-ce pas ? »

Hochement de tête silencieux des auditrices.

« Heureusement, sa tristesse et son amour n'étaient pas passé inaperçus auprès de la Muse de la danse et il se passa quelque chose d'incroyable. La ballerine devient de plus en plus petite, si petite qu'elle pouvait tenir au creux de la main.

Et justement voilà que passait au même moment un jeune ébéniste qui voulait conquérir le cœur de sa belle à lui.

Il ramassa, l'étrange figurine et décida de construire une belle boite à musique pour son amoureuse à lui. Il travailla longtemps, polissant chaque morceau de bois, il les sculpta, il garnit la boite d'un beau velours rouge sous lequel était caché le mécanisme musical et installa la petite ballerine dans la boite et lorsqu'il l'offrit à sa belle, la petite musique acheva de la conquérir. Voilà pourquoi il y a des ballerines qui tournent dans les boites à bijoux. »

Les fillettes hochèrent la tête.

« Tu crois que la petite ballerine est heureuse dans sa boite ? »

« Bien sûr voyons, la musique lui a ramené son poète. »

Les cousines ouvrirent la boite, mais aucun son et pas le moindre mouvement. Elles furent extrêmement déçues.

« Pfff, elle marche pas, c'est nul ! »

Pépé Athanase sourit « Peut-être que cette boite là est celle de la ballerine et du poète, si c'est le cas, elle a besoin d'un peu de carburant. »

« Du carburant, c'est n'importe quoi Pépé, ça fonctionne pas à l'essence ces trucs » assénèrent péremptoires, les fillettes.

« Ce carburant là, mesdemoiselles, c'est la poésie. Connaissez-vous des poésies ? »

Mines penaudes des petites, en fait elles ont des poésies à apprendre pour l'école mais elles ont préféré jouer.

« On va vite aller en apprendre. »

Clin d'oeil complice entre Pépé Athanase et Mémé Célestine.

Et lorsque vint le soir les cousines récitèrent de beaux poèmes et aussitôt la ballerine se mit à tourner au son d'une belle mélodie.

Depuis, eh bien ma foi, les poèmes sont bien plus faciles à apprendre et les vacances sont attendues avec impatience pour pouvoir les déclamer devant la boite à bijoux qui est magique, c'est en tout cas ce que les petites-filles de Pépé Athanase et Mémé Célestine pensent et c'est le principal non, que les poèmes continuent à être récités ?