A - Injustice

C'est une lamentable erreur, je reconnais humblement que j'aurais dû faire plus attention.

Mais chère madame, cher Monsieur, avouez-vous aussi que vous auriez dû mieux veiller sur votre marmaille.

En ce qui me concerne j'ai toujours fait très attention à mes enfants et même si vous en avez beaucoup, j'en ai eu encore plus que vous.

D'ailleurs permettez-moi d'ajouter qu'une certaine retenue de votre part aurait été de bon aloi et que vous auriez dû éviter de vous reproduire à ce rythme d'un enfant par an il vous aurait été plus facile de les avoir à l'œil et les dresser.

De plus, pour ma défense, je vous rappelle que vous aviez la très mauvaise habitude de vous débarrasser de certains résidus issus de votre sein et de vos reins, dans mon logis, si cela n'avait pas été le cas, il est bien évident que je n'aurais pas pensé que je pouvais me sustenter du marmot qui avait envahi mon territoire.

Je ne peux donc m'empêcher de trouver fort injuste le sort qui m'est réservé alors que vous-mêmes n'êtes pas exempts de tous péchés. Pour mémoire je vous interpelle sur le fait que vous m'aviez livré, nuitamment, une petite femelle braillarde que vous veniez de mettre au monde accompagnée d'un petit mâle que vous préfériez conserver.

Au bout du compte, je crois que je ne vais pas vous faire d'excuses. Vos torts me semblent plus grands que les miens, d'autant que de votre côté vous n'avez pas manqué de m'enlever mes propres enfants pour vous en délecter.

J'attends avec impatience le jugement que Dieu nous rendra à vous dans quelques temps et à moi dès demain matin.

Signé : Votre truie

PS – Pour votre information, au cas où vous ne le sauriez pas, au moyen-âge des procès suivis d'exécutions, ont été intentés à certains animaux coupables de la mort ou de la mutilation d'humains.