A. Un adieu
5 participants
Page 1 sur 1
A. Un adieu
C’est une lamentable erreur, mon vieux Jo, et tu le sais bien.
J’ai pâti d’un incroyable concours de circonstances. Circonstances qui se sont toutes avérées catastrophiques pour moi.
Le jeunot, commis d’office, chargé de ma défense, avait l’air aussi perdu que moi quand le Président du tribunal, dans un langage solennel, a relaté les faits qui m’avaient amené sur le banc des accusés.
Un faisceau de présomptions remontant à des années, constituait autant de mobiles qui jouaient contre moi.
Le président rappela que, déjà dans notre jeunesse, Antoine et moi avions eu des différents. Il n’a pas insisté sur les brimades dont j’étais victime de la part de la petite brute qu’il était alors, bien qu’à son avis, cela puisse constituer un substrat de ressentiment susceptible de me conduire au crime. Il a relaté plus en détail la mise en faillite de mon entreprise mise en concurrence par celle de la victime, sans s’attarder sur les manigances frauduleuses et les relations douteuses d’Antoine qui m’avaient forcé à mettre la clé sous la porte. Déjà, à l’époque, toujours selon le Président, je nourrissais une haine féroce contre mon concurrent et j’ourdissais un plan de vengeance.
Selon lui, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, fut la découverte de la relation adultère que ma femme entretenait avec Antoine. Qu’elle me quitte pour s’installer avec lui dans sa splendide villa, et quelques mois plus tard l’épouser, signa son arrêt de mort dans un esprit revanchard et fourbe.
Je profitais, paraît-il, d’une battue au sanglier pour passer à l’exécution d’un plan aussi machiavélique que sournois. On retrouva l’Antoine, dans le bois, l’arrière du crane emporté par une décharge de chevrotines. Je ne nierai pas que ces dernières années, à l’occasion de parties de chasse, quand je le tenais, par hasard, dans ma ligne de mire, je n’avais pas songé à cette solution définitive à tous mes maux, mais j’étais trop timoré pour la mettre à exécution. Un autre s’en était chargé, Antoine ne manquait pas d’ennemis.
Pour mon malheur des témoins m’avaient aperçu, près des lieux du crime. Te rappelles-tu ? Nous cherchions des champignons. Enfin, moi j’en cherchais, toi, tu m’accompagnais, plein de fougue et d’allant, comme d’habitude.
C’est ainsi, que pour débarrasser la société d’un individu sournois et fourbe capable d’assassiner froidement un honnête citoyen, mari aimant et père de famille modèle, je me suis retrouvé condamné à mort.
Maintenant, que tous les recours ont été épuisés, je suis prêt. Lison prendra soin de toi, mon chien fidèle, elle me l’a promis. Je te souhaite de nombreuses promenades en forêt comme tu les aimes tant et une longue vie heureuse.
Adieu !
J’ai pâti d’un incroyable concours de circonstances. Circonstances qui se sont toutes avérées catastrophiques pour moi.
Le jeunot, commis d’office, chargé de ma défense, avait l’air aussi perdu que moi quand le Président du tribunal, dans un langage solennel, a relaté les faits qui m’avaient amené sur le banc des accusés.
Un faisceau de présomptions remontant à des années, constituait autant de mobiles qui jouaient contre moi.
Le président rappela que, déjà dans notre jeunesse, Antoine et moi avions eu des différents. Il n’a pas insisté sur les brimades dont j’étais victime de la part de la petite brute qu’il était alors, bien qu’à son avis, cela puisse constituer un substrat de ressentiment susceptible de me conduire au crime. Il a relaté plus en détail la mise en faillite de mon entreprise mise en concurrence par celle de la victime, sans s’attarder sur les manigances frauduleuses et les relations douteuses d’Antoine qui m’avaient forcé à mettre la clé sous la porte. Déjà, à l’époque, toujours selon le Président, je nourrissais une haine féroce contre mon concurrent et j’ourdissais un plan de vengeance.
Selon lui, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, fut la découverte de la relation adultère que ma femme entretenait avec Antoine. Qu’elle me quitte pour s’installer avec lui dans sa splendide villa, et quelques mois plus tard l’épouser, signa son arrêt de mort dans un esprit revanchard et fourbe.
Je profitais, paraît-il, d’une battue au sanglier pour passer à l’exécution d’un plan aussi machiavélique que sournois. On retrouva l’Antoine, dans le bois, l’arrière du crane emporté par une décharge de chevrotines. Je ne nierai pas que ces dernières années, à l’occasion de parties de chasse, quand je le tenais, par hasard, dans ma ligne de mire, je n’avais pas songé à cette solution définitive à tous mes maux, mais j’étais trop timoré pour la mettre à exécution. Un autre s’en était chargé, Antoine ne manquait pas d’ennemis.
Pour mon malheur des témoins m’avaient aperçu, près des lieux du crime. Te rappelles-tu ? Nous cherchions des champignons. Enfin, moi j’en cherchais, toi, tu m’accompagnais, plein de fougue et d’allant, comme d’habitude.
C’est ainsi, que pour débarrasser la société d’un individu sournois et fourbe capable d’assassiner froidement un honnête citoyen, mari aimant et père de famille modèle, je me suis retrouvé condamné à mort.
Maintenant, que tous les recours ont été épuisés, je suis prêt. Lison prendra soin de toi, mon chien fidèle, elle me l’a promis. Je te souhaite de nombreuses promenades en forêt comme tu les aimes tant et une longue vie heureuse.
Adieu !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Un adieu
Pauvre chien, que fera-t-il sans son maître? Quelle injustice et pendant ce temps le coupable est toujours en liberté. J'ai peur pour le chien.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Un adieu
La chute est magnifique!
Le texte est très étudié. Aurais tu été dans la magistrature dans une autre vie?
Le texte est très étudié. Aurais tu été dans la magistrature dans une autre vie?
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Un adieu
Merci à vous deux
Non, Zéphyrine, pas du tout dans la magistrature, j'étais maîtresse d'école
Non, Zéphyrine, pas du tout dans la magistrature, j'étais maîtresse d'école
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Un adieu
Pauvre toutou !
Magistrale ta manière d'utiliser le langage ampoulé de la Justice !
Magistrale ta manière d'utiliser le langage ampoulé de la Justice !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum