Naissance

Il restera quoi, après, au bout du tunnel ?
Je n’en sais rien, je n’en suis pas encore sorti, je suis toujours à la case gestation et je baigne dans le bonheur. Alors forcément, je ne suis pas pressé, je suis si bien ici dans mon petit coin de paradis .Il fait chaud , il fait doux . Et j’ai tout ce que mon petit corps et petit cœur désire. J’ai encore quelques jours à tirer et puis ensuite… qui vivra, verra, dit le dicton …dit le docteur.

En effet, mon séjour en milieu aquatique est à durée déterminée.
Si je reste au-delà de la date, je serai expulsé de force dans les airs, à l’aide de forceps paraît-il, je l’ai entendu chuchoter derrière mon dos. Ou pire, je ne connaitrai pas la lumière et la liberté de circuler car je mourrai avant même d’avoir marcher sur la terre.
Pauvre maman…elle serait trop triste.

Moi aussi, j’ai envie de la voir à la lumière du jour car entre elle et moi, il y a un cordon unique qui nous lie et relie à la vie. Nous sommes en connexion permanente. Elle plus moi égale « un ».

Là où je suis, je ne la vois pas mais je la sens, elle sent bon le printemps et je l’entends. Parfois elle rit et je ris tellement avec elle que j’en attrape le hoquet. Parfois aussi, elle pleure et je me demande pourquoi. Est-ce parce que je lui donne des coups de pieds dans le ventre ?
Pardon Maman , je ne le fais pas exprès. Je retourne alors sagement me coucher dans ma niche où il fait noir, mais pas, comme dans un trou mais plutôt comme dans un ciel de minuit avec beaucoup d’ étoiles…Quand naîtra le divin enfant ? C’est une surprise !
Un jour… demain peut-être…

Le compte à rebours a commencé ce matin.
J’ai la bougeotte : j’ai les jambes qui se baladent, les bras qui battent des ailes, le cœur qui s’emballe et les poumons qui se dilatent, j’aimerais bien ouvrir la porte , sortir dehors et prendre l’air.

« Poussez » dit de l’autre coté, le spécialiste en tunnellerie qui semble s’y connaître en ouverture . Je me pousse donc comme il faut mais le problème, c’est que j’ai une grosse tête et que je ne peux pas dire pas le , les mots de passe…

« Poussez donc » redit à la porte , le docteur qui s’impatiente.
Pensez donc, il faut que je dise : "L’obscurité ne peut chasser l'obscurité, seule la lumière le peut". Alors seulement je peux sauter toutes les cases et gagner le gros lot.
J’ai beau m’appliquer… j’ai le souffle coupé , j’ai pourtant la langue bien pendue mais rien ne sort de ma bouche et puis affirmer des choses pareilles n’est pas de mon âge .

« Poussez encore » insiste une nouvelle fois l’homme au tablier blanc.
Je ne me souviens plus combien de temps, ce travail a duré mais beaucoup trop longtemps . J’étais épuisé.
Et puis tout à coup les cloches ont sonné dans l’hôpital tout entier en alerte .

« C’est un garçon, » a crié triomphant le médecin qui s’y connaît en enfantement.
Je suis né.
Je suis si content que je chiale et chiale encore…

tu innoves avec ce tunnel-là   bien vu

Super Charlotte!
D'abord super idée que tu as eu là, qui parait au final tellement évidente   
Et puis super texte plein de fraîcheur et d'enthousiasme.
Une belle entrée dans la lumière pour ce petit bonhomme à qui on souhaite une belle vie  

Une superbe métaphore de la naissance, Charlotte! Bravo!

Originale, ta description de la naissance racontée "de l'intérieur".

On dirait que ce petit que tu nous décris est un blogueur né.   

  superbe

Charlotte, les grands esprits se rencontrent  , j'avais eu la même idée, j'avais même commencé. Heureusement que je ne l'ai pas écrit ce texte, car tu y excelles !  

ah ouiii! Charlotte!
quelle bonne idée tu as eue!
j'y avais pas pensé...
Texte merveilleusement mené
Bravo
  

C'est vrai qu'on pouvait aussi penser à un tunnel de bonheur, protecteur, plein de vie au lieu de penser à en sortir le plus vite possible mais on nous rebat tellement les oreilles avec cette sortie du tunnel annonciatrice de fin de crise qu'il était naturellement associé à quelque chose de terrifiant. Ton texte montre le contraire : il y a des tunnel où l'on est bien.

Une excellente idée, menée de main de maitre, ce qu'il faut d'humour et de tendresse pour un texte vraiment très réussi

Merci pour tout le bien que vous avez pensé et écrit à propos de mon texte. Cela fait un bien fou en plus du plaisir que j'ai eu en l'écrivant.