A. La peur
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Zéphyrine
Amanda.
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A. La peur
« C'est donc ici que les gens viennent pour vivre » constate Léa en gravissant la colline.
« Regarde ! C'est beau tous ces grands bateaux blancs qui brillent sous la lune ! » dit Léo, son petit frère.
« Ce sont des yachts » confirme Nora, la grande sœur.
« J'aimerais bien dormir dedans, je suis tellement fatiguée » soupire Emma, la plus jeune de la fratrie.
« Tu racontes n'importe quoi ! » la gronde Nora. « La traversée infernale depuis chez nous jusqu'en Italie ne t'a donc pas suffit ? »
Les trois petits frissonnent à cette évocation...
Nora ne veut pas leur faire peur.
La peur, ils la connaissent tellement bien tous les quatre.
La peur dans les yeux devant les bombes, les tirs des soldats, les maisons en ruines.
La peur au ventre sans les parents, disparus.
La peur aux tripes dans l'embarcation surchargée.
Et maintenant la fuite éperdue pour échapper à l'enfermement !
Ils ne savent pas trop où ils se trouvent.
Seule Nora sait lire le Français, les petits n'ont guère fréquenté l'école, bombardée depuis longtemps.
En contrebas, le long de la mer et de la plage, une grande et belle avenue avec des palmiers attire les regards. Nora arrive à déchiffrer le panneau éclairé par une jolie lanterne « Promenade des Anglais »
Pourtant en ouvrant leurs oreilles en grand, les enfants entendent parler d'autres langues. Cette promenade serait donc permise à d'autres nationalités ?
Lea, Leo, Emma d'une seule voix s'écrient « Si on peut, on y va aussi ! »
Doucement, en silence, le voilà qui dévalent tous ensemble la colline du château des Anges.
Même Nora ouvre de grands yeux .
Quel luxe ! Les belles et grosses voitures luisantes de propreté, les gens aux terrasses boivent et mangent en riant d'énormes plateaux de fruits de mer....
Les femmes au décolleté vertigineux font cliqueter des bracelets en levant leur coupe de champagne, les hommes impeccablement vêtus de costumes clairs fument de gros cigares...
« C'est donc ici que les gens viennent pour les vacances » explique Nora, « ils sont beaux et riches et habitent dans des hôtels, appelés Palaces, comme celui-ci, le Négresco » déchiffre-t-elle.
« Alors, c'est un hôtel pour nous » déclare Léo, qui s'est déjà fait traité de « sale nègre » il y a peu.
Nora n'en est pas certaine du tout, aussi entraîne-t-elle tout le monde un peu plus loin dans la promenade, là où les voitures n'ont pas le droit de circuler.
Sauf cet énorme camion blanc qui fonce à toute allure dans la foule.
Des cris, des hurlements...
La peur, encore.
La peur toujours.
Nora court, court tenant fermement Leo d'une main et de l'autre Emma.
Lea derrière, peine à suivre, elle n'y arrive pas, elle tombe, à terre et dans un souffle murmure :
« C'est donc ici que les gens viennent pour mourir «
« Regarde ! C'est beau tous ces grands bateaux blancs qui brillent sous la lune ! » dit Léo, son petit frère.
« Ce sont des yachts » confirme Nora, la grande sœur.
« J'aimerais bien dormir dedans, je suis tellement fatiguée » soupire Emma, la plus jeune de la fratrie.
« Tu racontes n'importe quoi ! » la gronde Nora. « La traversée infernale depuis chez nous jusqu'en Italie ne t'a donc pas suffit ? »
Les trois petits frissonnent à cette évocation...
Nora ne veut pas leur faire peur.
La peur, ils la connaissent tellement bien tous les quatre.
La peur dans les yeux devant les bombes, les tirs des soldats, les maisons en ruines.
La peur au ventre sans les parents, disparus.
La peur aux tripes dans l'embarcation surchargée.
Et maintenant la fuite éperdue pour échapper à l'enfermement !
Ils ne savent pas trop où ils se trouvent.
Seule Nora sait lire le Français, les petits n'ont guère fréquenté l'école, bombardée depuis longtemps.
En contrebas, le long de la mer et de la plage, une grande et belle avenue avec des palmiers attire les regards. Nora arrive à déchiffrer le panneau éclairé par une jolie lanterne « Promenade des Anglais »
Pourtant en ouvrant leurs oreilles en grand, les enfants entendent parler d'autres langues. Cette promenade serait donc permise à d'autres nationalités ?
Lea, Leo, Emma d'une seule voix s'écrient « Si on peut, on y va aussi ! »
Doucement, en silence, le voilà qui dévalent tous ensemble la colline du château des Anges.
Même Nora ouvre de grands yeux .
Quel luxe ! Les belles et grosses voitures luisantes de propreté, les gens aux terrasses boivent et mangent en riant d'énormes plateaux de fruits de mer....
Les femmes au décolleté vertigineux font cliqueter des bracelets en levant leur coupe de champagne, les hommes impeccablement vêtus de costumes clairs fument de gros cigares...
« C'est donc ici que les gens viennent pour les vacances » explique Nora, « ils sont beaux et riches et habitent dans des hôtels, appelés Palaces, comme celui-ci, le Négresco » déchiffre-t-elle.
« Alors, c'est un hôtel pour nous » déclare Léo, qui s'est déjà fait traité de « sale nègre » il y a peu.
Nora n'en est pas certaine du tout, aussi entraîne-t-elle tout le monde un peu plus loin dans la promenade, là où les voitures n'ont pas le droit de circuler.
Sauf cet énorme camion blanc qui fonce à toute allure dans la foule.
Des cris, des hurlements...
La peur, encore.
La peur toujours.
Nora court, court tenant fermement Leo d'une main et de l'autre Emma.
Lea derrière, peine à suivre, elle n'y arrive pas, elle tombe, à terre et dans un souffle murmure :
« C'est donc ici que les gens viennent pour mourir «
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. La peur
Une fiction, une histoire très plausible et très bien racontée.
La fin donne des frissons...
La fin donne des frissons...
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. La peur
Je vois que cette consigne inspire à faire dans le gai…
sinon, c'est très bien l'hôtel Négresco ! J'y ai passé une semaine quand j'étais jeune congressiste… (qui a dit que ça fait au moins 50 ans !)
C'était même super bien, d'autant que moi je ne payais rien !
Vivre une semaine a péter dans des draps de soie… le pied !
sinon, c'est très bien l'hôtel Négresco ! J'y ai passé une semaine quand j'étais jeune congressiste… (qui a dit que ça fait au moins 50 ans !)
C'était même super bien, d'autant que moi je ne payais rien !
Vivre une semaine a péter dans des draps de soie… le pied !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. La peur
Et bien moi Monsieur je me suis promenée dans l'hôtel et j'ai entre autres visité ...les toilettes.
Personne ne m'a rien demandé.
C'est une manie chez moi, j'ai ainsi déjà vu pas mal de beaux endroits comme le GeorgeV à Paris ou le Ritz...
Il suffit d'être habillé un peu " classe" et de prendre un air un peu supérieur....
Personne ne m'a rien demandé.
C'est une manie chez moi, j'ai ainsi déjà vu pas mal de beaux endroits comme le GeorgeV à Paris ou le Ritz...
Il suffit d'être habillé un peu " classe" et de prendre un air un peu supérieur....
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. La peur
Ça alors Amanda, encore un point commun avec moi!
Impossible de raconter ici, ce serait censuré. ..
Impossible de raconter ici, ce serait censuré. ..
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. La peur
Je suis revenu lire ma partition de cette semaine,
et hélas, ça confirme mon impression :
le soleil a du trop taper sur ma pauvre tête
à moins que ce jour-là, j'ai forcé sur le rosé ?
Ma foi, tant pis, je préfère croire en l'humanité capable de redresser la barre quand il faut,
mais, faut le reconnaitre, des fois, ça tarde ...
et hélas, ça confirme mon impression :
le soleil a du trop taper sur ma pauvre tête
à moins que ce jour-là, j'ai forcé sur le rosé ?
Ma foi, tant pis, je préfère croire en l'humanité capable de redresser la barre quand il faut,
mais, faut le reconnaitre, des fois, ça tarde ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. La peur
Des migrants victimes du terrorisme, c'est plausible et ... glaçant.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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