A: Dialogus

Nous avons déjà eu le plaisir de travailler sur cette consigne en 2011. La consigne avait eu beaucoup de succès, il est temps de se replonger dans Dialogus, pour le plaisir des anciens qui se sont déjà prêtés à l'exercice et des nouveaux qui vont découvrir la magie de cet échange.

La consigne va se faire  en six  étapes, voici lesquelles:

1ère étape:   Lisez l'article que nous avions fait sur notre ancien blog Kaléïdo'blog à propos de Dialogus. Il se trouve ICI

2ème étape: Allez sur le site "Dialogus" et choisissez parmi les personnages célèbres proposés celui qui vous inspire. (attention, certains personnages sont indisponibles. Vous le saurez une fois que vous aurez cliquer sur leur nom. il sera alors noté: "temporairement indisponible" ou "aux archives". Dans ce cas, choisissez-en un autre, il y a pas mal de choix.)

3ème étape:  Ecrivez-lui une lettre qui fera entre 500 et 2000 caractères (espaces compris). Vous la posterez ici.

4ème étape: Postez en même temps votre lettre sur le site "Dialogus" (il vous suffit de cliquer sur le nom du personnage célèbre puis sur ce logo )

5ème étape: en dessous de votre lettre ici-même, donnez-nos vos impressions: avez-vous aimé l'exercice? Pourquoi avez-vous choisi ce personnage célèbre, qu'attendez-vous de sa réponse etc...

6ème étape: dans quelques jours, ou quelques semaines*, votre personnage célèbre vous répondra, je vous propose de mettre sa réponse à la suite de votre lettre, afin que nous profitions tous de votre correspondance, s'en suivra sans doute d'autres commentaires. La suite de votre correspondance, si il y a suite, ne regardera alors que vous  

*: je laisserai la consigne ouverte jusqu'à ce que tous les personnages célèbres aient répondu.

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Pour vous donner une idée du genre d'échange que l'on peut avoir, voici la lettre que j'avais écrite à l'époque et la réponse que j'avais reçue (j'avais choisi Léo Ferré)

Salut Léo,

J’sais pas si tu m’vois d’là-haut, j’crois pas au bon dieu, ni mêm’ à tous ses saints,
mais ce s’rait sacrément chouette quand mêm’ si quelques anars et toi vous étiez pas vraiment partis.
Vous seriez com’ qui dirait, passés juste de l’autre côté du ch’min,
histoire de voir si le ciel est vert et l’amour à l’envers.

Avec l’temps on pens’ que tout s’en va, c’est toi qui disait ça.
Mais j’crois bien que ça revient, com’ le ressac à marée haute,
ça t’renvoie tout’ les saloperies dont t’as pas vraiment besoin.

Toi, avec ta gueule de travers et tes yeux qui disaient mêm’ quand ta voix se taisait,
quand tu prenais la plume ou bien l’micro, on s’la fermait,
parce que tes mots écorchaient jusqu’à notre peau.
Mêm’ si on comprenait pas tout, on se recevait des poings dans la gueule à chaque rime, mêm’ quand y’en avait pas.
Putain, c’était beau, on savait pas trop comment l’dire que c’était beau, juste : on savait !

T’as écrit qu’ L'anarchie est la formulation politique du désespoir. J’voulais te dire : c’est sûr t’avais raison.
Si tu voyais le bordel ici, on en vient parfois à confondre la droite avec l’extrême-droite.
Au lieu de s’foutre bien sur la tronche pour un mot de travers, ils se battent à coup de p’tites phrases provocatrices.
Ils veulent plus de couleur sur notre belle France, juste du blanc et pt’et du rouge sur leur mains.
Sous ta plume on lisait : « poètes… vos papiers » sous la leur on entend : musulman ta carte de séjour… Dégage !
A gauche c’est pas mieux, et ça m’arrache l’cœur de te dir’ ça : j’suis désespérée j’deviens anar, c’est grave Léo ?

Passeur de poésie t’étais. Avec toi, Rimbaud, Apollinaire ou Verlaine me devenaient familiers.
Jm’e demande si eux aussi, ils sont juste de l’autre côté.
Moi j’suis juste passeuse de mots tout simples, mais j’veux aussi qu’la terre continue à tourner comme si rien n’était, pendant que j’regarderai l’bonheur à travers un printemps renaissant.

Toi Léo, de quoi as-tu besoin pour être heureux, just’ de l’autre côté du ch’min ?


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Réponse de Léo:

De l'autre côté, en somme, de l'autre côté, assoupi. Je peux y lire des courriers bienveillants qui arrivent à ma dernière adresse. Je conserve tes mots mêlés à ma brume systématique, à mon ennui marginal.
Mais le bonheur? Sans doute, la forme inférieure de la critique. Pour le moment nous l'appellerons... ou plutôt nous ne l'appellerons pas. Il n'est pas à mes mesures et tiraille de partout.
Mon besoin de bonheur passe par une fermeture éclair rapidement embraguettée, un besoin pressant, oublié. Je n'ai pas le culte de ce mot et de cette activité liquide. Je vis dans d'autres cas, régulièrement marron, régulièrement refait.
Je ne vais tout de même pas te raconter mes recettes instables, mon mode d'emploi hasardeux. Tout ça c'était hier. Alors que je suis demain, désormais peinard.
Ciao Cassy.

Léo