A. Jours noirs et nuits blanches
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Amanda.
Cassy
Zéphyrine
AlainX
Myrte
9 participants
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A. Jours noirs et nuits blanches
Chère maman
Je ne sais pas depuis quand je suis dans cette tranchée, j’ai perdu la notion du temps.
Lorsque nous sommes arrivés, il y avait des champs de betteraves à perte de vue, des fermes et des meules de blé. Les fermes ont brulé et les champs bouleversés ne sont que monticules surmontés d’une croix ou d’une bouteille renversée où sont placés les papiers de celui qui repose là.
La terre est pleine de pluie, les tranchées s’effondrent. Nous avons de la boue jusqu’à la ceinture. Elle colle à nos semelles lourdes. Il y a des pieds gelés et je prie pour que les miens gèlent aussi afin d’être évacué, pour boire de l’eau propre et me laver.
Lorsque je creuse un trou pour dormir, je tombe sur un mort.
Parfois la pluie fait ressortir une main ou un pied noirs et gonflés et quelques uns rient de s’en servir de portes-manteaux. Je ne croirais pas à ce que je t’écris, maman, si je ne le voyais pas moi-même.
Par habitude, je ne sens plus la puanteur qui règne ici, mais parfois elle pénètre en moi jusqu’au plus profond de mon âme.
Je me suis blotti dans un trou d’obus avec ma couverture pour dormir. Je dis dormir mais je ne dors plus, maman. Je passe toute la nuit à penser. Je lis et relis ta lettre car c’est la seule que j’aie reçue, c’est mon unique distraction.
Sous les bombardements, j’attends la mort à chaque instant.
J’ai 18 ans et ma route va s’arrêter ici.
Je n’arrive plus à imaginer ma vie d’avant, lorsque nous étions ensemble et heureux. J’essaye de me souvenir de ton visage maman, de la douceur de ta peau, de la chaleur de tes bras mais le vacarme des bombardements me tire de ma rêverie.
Maman, j’espère que la vie n’est pas trop dure pour toi là-bas.
Je pense chaque jour à toi.
Je t’embrasse tendrement.
Ton fils qui t’aime
Lorsque nous sommes arrivés, il y avait des champs de betteraves à perte de vue, des fermes et des meules de blé. Les fermes ont brulé et les champs bouleversés ne sont que monticules surmontés d’une croix ou d’une bouteille renversée où sont placés les papiers de celui qui repose là.
La terre est pleine de pluie, les tranchées s’effondrent. Nous avons de la boue jusqu’à la ceinture. Elle colle à nos semelles lourdes. Il y a des pieds gelés et je prie pour que les miens gèlent aussi afin d’être évacué, pour boire de l’eau propre et me laver.
Lorsque je creuse un trou pour dormir, je tombe sur un mort.
Parfois la pluie fait ressortir une main ou un pied noirs et gonflés et quelques uns rient de s’en servir de portes-manteaux. Je ne croirais pas à ce que je t’écris, maman, si je ne le voyais pas moi-même.
Par habitude, je ne sens plus la puanteur qui règne ici, mais parfois elle pénètre en moi jusqu’au plus profond de mon âme.
Je me suis blotti dans un trou d’obus avec ma couverture pour dormir. Je dis dormir mais je ne dors plus, maman. Je passe toute la nuit à penser. Je lis et relis ta lettre car c’est la seule que j’aie reçue, c’est mon unique distraction.
Sous les bombardements, j’attends la mort à chaque instant.
J’ai 18 ans et ma route va s’arrêter ici.
Je n’arrive plus à imaginer ma vie d’avant, lorsque nous étions ensemble et heureux. J’essaye de me souvenir de ton visage maman, de la douceur de ta peau, de la chaleur de tes bras mais le vacarme des bombardements me tire de ma rêverie.
Maman, j’espère que la vie n’est pas trop dure pour toi là-bas.
Je pense chaque jour à toi.
Je t’embrasse tendrement.
Ton fils qui t’aime
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Je n'ai aucun témoignage de poilu dans ma famille.
Mon texte est inspiré de films, lectures ou reportages que j'ai pu voir.
Mon texte est inspiré de films, lectures ou reportages que j'ai pu voir.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Cette approche familiale n'est pas une consigne facile si on n'a pas la possibilité de rapporter du vécu proche ou familial
l'idée de rassembler des éléments d'information connus par ailleurs est intéressante. Cela illustre concrètement la vie sur le front.
En tout cas ça la personnalise.
Toutefois le choix d'une lettre à la mère, nécessite un bémol.
En effet il est probable que ce que tu dis ne serait pas jamais parvenu à la mère en question en raison de la censure.
Il était en effet interdit de dévoiler les conditions de vie des poilus. (Entre autres)
pas question de démoraliser « l'arrière »…
cela dit certaines y échappaient probablement, même si environ 180 000 lettres étaient ouvertes par la censure chaque semaine.
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Lettre poignante d'un fils à sa mère. C'est vrai que j'ai aussi entendu parler de censure...
Heureusement certaines lettres sont arrivées à leur destinataire et ainsi il existe de terribles témoignages.
Heureusement certaines lettres sont arrivées à leur destinataire et ainsi il existe de terribles témoignages.
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Je vais te contredire Alainx. Oui il y avait de la censure. dans les lettres que j'ai, l'un ou l'autre des poilus y font référence mais étaient surtout censuré les lieux trop précis, les noms des régiments ou le résultat des combats.
Malgré ça beaucoup de lettres passaient quand même, il faut dire qu'il y en avait des milliers qui transitaient chaque jour et les gradés ne pouvaient toutes les vérifier.
Malgré tout je pense que ta lettre n'aurait pas contenu autant de détails car les poilus faisaient tout pour ne pas inquiéter leur famille.
Il reste que son contenu est réaliste et qu'on se demande comment ces hommes pouvaient ainsi survivre dans les tranchées.
Merci de t'être collée à la consigne
A propos de film, hier j'ai revu l'excellentissime "la chambre des officiers" sur arte . Toujours aussi impressionnant
Malgré ça beaucoup de lettres passaient quand même, il faut dire qu'il y en avait des milliers qui transitaient chaque jour et les gradés ne pouvaient toutes les vérifier.
Malgré tout je pense que ta lettre n'aurait pas contenu autant de détails car les poilus faisaient tout pour ne pas inquiéter leur famille.
Il reste que son contenu est réaliste et qu'on se demande comment ces hommes pouvaient ainsi survivre dans les tranchées.
Merci de t'être collée à la consigne
A propos de film, hier j'ai revu l'excellentissime "la chambre des officiers" sur arte . Toujours aussi impressionnant
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
J'aime beaucoup ton texte, même s'il n'est pas " authentique", tu as su trouver les mots qu'un jeune homme de 18 ans dans les tranchées aurait pu écrire.
En fait, je pense aussi qu'en ce temps là, peu de jeunes savaient réellement écrire convenablement, peu d'entre eux étant scolarisés au minimum.
En fait, je pense aussi qu'en ce temps là, peu de jeunes savaient réellement écrire convenablement, peu d'entre eux étant scolarisés au minimum.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
On peut aussi imaginer que cette lettre n'a jamais été envoyée mais retrouvée dans les affaires du jeune-homme
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Cette lettre pourrait aussi être la lettre que ce jeune homme rêvait d'envoyer à sa mère... Ne pouvant l'écrire, ni l'envoyer, il l'imaginait...
A propos de censure, voilà pourquoi les deux lettres de mon grand-père semblaient tout à fait rassurantes...
Merci Myrte !
A propos de censure, voilà pourquoi les deux lettres de mon grand-père semblaient tout à fait rassurantes...
Merci Myrte !
FrançoiseB- Kaléïd'habitué
- Humeur : Sereine
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Il écrit à sa mère. Dans les tranchées et dans l'horreur il n'est plus rien, tant d'autres sont morts que la vie, sa vie n'est plus que chance ou hasard. Alors il écrit à la seule personne pour qui il existe et compte encore. Dans son coeur il survit.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
C'est un très beau texte et certains poilus sont revenus avec des carnets dans lesquels ils notaient leur "vie", alors on peut imaginer que le courrier de ce jeune homme a été transmis quand même
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Jours noirs et nuits blanches
Il y a ici, même s'il est imaginaire, un ressenti qui aurait pu s'exprimer de cette façon ...
Question censure, cassy a sans doute raison : des milliers de lettres et cartes partaient chaque jour du front,
certaines pouvaient échapper à la vigilance des "lecteurs " ...
Question censure, cassy a sans doute raison : des milliers de lettres et cartes partaient chaque jour du front,
certaines pouvaient échapper à la vigilance des "lecteurs " ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
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