Au bon repos
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Au bon repos
Chapitre 1
Lui c’est la chambre 6. J’le sens pas ce type. J’aime pas sa façon de me regarder. Cela a toujours été le problème avec les chintoks. Leur regard. A la fois perçant et inexpressif. Pas un cil qui bouge, pas une mimique de visage. Rien. Impossible de savoir ce qu’ils pensent.
C’est idiot mais je dois avouer que ce N’Guyen machin chose me met mal à l’aise quand je le croise dans les couloirs. Pourtant je n’ai rien à craindre de lui ! Une chiquenaude et il tombe à la renverse dans les escaliers. Avec un peu de chance on le ramassera raide mort. Ce qui, entre nous, serait lui rendre service.
Y’a que son regard qui fonctionne. Tout le reste n’est que danse de saint Guy et tremblements. Incapable de porter un verre d’eau à ses lèvres sans en renverser sur lui. A ces moments là il jure en chintok et son regard devient noir. Fini l’impassibilité asiatique. Il y a de la violence chez lui, une fureur rentrée mais immense.
Je ne comprends pas du coup pourquoi il s’obstine à triturer en permanence un bout de cordage. Il tente de confectionner des nœuds mais tous voués à l’échec. Ses mains tremblent et il manque de coordination.
A sa place, un nœud coulant et hop je me pendrais à un arbre du jardin. Plutôt finir vite que de mourir à petit feu de cette saleté de maladie de parkinson. Mais c’est pas le genre de ce type de se suicider.
Parait que c’était un marin. La jeune du rez-de-chaussée est rentrée dans sa chambre. Elle m’a raconté. Des bouts de tissus pendent du plafond comme autant de voiles de bateaux. Dans un coin de la pièce, une immense ancre, une vraie, pleine de coquillage. Et partout sur les murs des photos de voiliers sur des mers plus démontées les unes que les autres.
En tout cas, je n’ai aucune confiance en lui. Parkinson ou pas il va me falloir le tenir à l’œil !
Lui c’est la chambre 6. J’le sens pas ce type. J’aime pas sa façon de me regarder. Cela a toujours été le problème avec les chintoks. Leur regard. A la fois perçant et inexpressif. Pas un cil qui bouge, pas une mimique de visage. Rien. Impossible de savoir ce qu’ils pensent.
C’est idiot mais je dois avouer que ce N’Guyen machin chose me met mal à l’aise quand je le croise dans les couloirs. Pourtant je n’ai rien à craindre de lui ! Une chiquenaude et il tombe à la renverse dans les escaliers. Avec un peu de chance on le ramassera raide mort. Ce qui, entre nous, serait lui rendre service.
Y’a que son regard qui fonctionne. Tout le reste n’est que danse de saint Guy et tremblements. Incapable de porter un verre d’eau à ses lèvres sans en renverser sur lui. A ces moments là il jure en chintok et son regard devient noir. Fini l’impassibilité asiatique. Il y a de la violence chez lui, une fureur rentrée mais immense.
Je ne comprends pas du coup pourquoi il s’obstine à triturer en permanence un bout de cordage. Il tente de confectionner des nœuds mais tous voués à l’échec. Ses mains tremblent et il manque de coordination.
A sa place, un nœud coulant et hop je me pendrais à un arbre du jardin. Plutôt finir vite que de mourir à petit feu de cette saleté de maladie de parkinson. Mais c’est pas le genre de ce type de se suicider.
Parait que c’était un marin. La jeune du rez-de-chaussée est rentrée dans sa chambre. Elle m’a raconté. Des bouts de tissus pendent du plafond comme autant de voiles de bateaux. Dans un coin de la pièce, une immense ancre, une vraie, pleine de coquillage. Et partout sur les murs des photos de voiliers sur des mers plus démontées les unes que les autres.
En tout cas, je n’ai aucune confiance en lui. Parkinson ou pas il va me falloir le tenir à l’œil !
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Au bon repos
Le mystère reste entier
Jusqu'ici rien que des questions qui est qui, où est-on ( maison de retraite ? Hôtel ?)
Deux indices déjà la chambre 6 et la corde ! Ah, la corde, bien traitée, on sent son importance....
Et donc l'auteur aurait le Parkinson ?
La suite, vite !
Jusqu'ici rien que des questions qui est qui, où est-on ( maison de retraite ? Hôtel ?)
Deux indices déjà la chambre 6 et la corde ! Ah, la corde, bien traitée, on sent son importance....
Et donc l'auteur aurait le Parkinson ?
La suite, vite !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Au bon repos
Chapitre 2
Madame Julia, chambre 4, je l’aime bien. Elle me rappelle Maman. Grande, un peu rondelette, le visage anguleux mais une voix très douce.
J’ai pris l’habitude de prendre tous les jours le thé avec elle à 16H. Un rituel immuable. C’est moi qui amène la théière. Madame Julia n’a pas l’autorisation d’en avoir une dans sa chambre. Trop dangereux pour elle. Elle pourrait oublier qu’elle l’a allumée et risquerait de se bruler. Tandis que je prépare l’eau, elle place sur la table deux mugs, du sucre et un petit gâteau pour chacun.
On se parle peu. Je lui raconte les dernières frasques de Ramirez ou de la jeune black. Parfois son visage s’anime et un petit rire s’échappe de ses lèvres.
L’espace d’un instant…
Son regard redevient vite lointain vers un monde où plus personne ne peut l’atteindre. Elle a déjà tout oublié de mes histoires.
Je pose alors ma main sur la sienne. Je sens ses veines palpiter sous sa peau ridée. Nous restons ainsi, silencieux. Parfois un éclair de souffrance traverse ses yeux. Elle me sert alors très fort les doigts.
Que dire….
Quand elle attrape son ouvrage, je sais qu’il est temps pour moi de m’en aller. Penchée sur le coussin dont elle brode tant bien que mal des fleurs sur le dessus, elle ne s’aperçoit même pas de mon départ.
Je referme doucement la porte de sa chambre.
Madame Julia, chambre 4, je l’aime bien. Elle me rappelle Maman. Grande, un peu rondelette, le visage anguleux mais une voix très douce.
J’ai pris l’habitude de prendre tous les jours le thé avec elle à 16H. Un rituel immuable. C’est moi qui amène la théière. Madame Julia n’a pas l’autorisation d’en avoir une dans sa chambre. Trop dangereux pour elle. Elle pourrait oublier qu’elle l’a allumée et risquerait de se bruler. Tandis que je prépare l’eau, elle place sur la table deux mugs, du sucre et un petit gâteau pour chacun.
On se parle peu. Je lui raconte les dernières frasques de Ramirez ou de la jeune black. Parfois son visage s’anime et un petit rire s’échappe de ses lèvres.
L’espace d’un instant…
Son regard redevient vite lointain vers un monde où plus personne ne peut l’atteindre. Elle a déjà tout oublié de mes histoires.
Je pose alors ma main sur la sienne. Je sens ses veines palpiter sous sa peau ridée. Nous restons ainsi, silencieux. Parfois un éclair de souffrance traverse ses yeux. Elle me sert alors très fort les doigts.
Que dire….
Quand elle attrape son ouvrage, je sais qu’il est temps pour moi de m’en aller. Penchée sur le coussin dont elle brode tant bien que mal des fleurs sur le dessus, elle ne s’aperçoit même pas de mon départ.
Je referme doucement la porte de sa chambre.
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Au bon repos
Ce second chapitre est plus doux, on sent que le narrateur éprouve de la tendresse pour madame Julia.
Difficile d'imaginer qu'un meurtre se prépare ! Où nous emmènes-tu ?
Difficile d'imaginer qu'un meurtre se prépare ! Où nous emmènes-tu ?
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: Au bon repos
Ton narrateur aurait-il la même idée que moi à la lecture de tes deux excellents premiers chapitres ? Je le saurai plus tard...
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Au bon repos
Chapitre 3 :
Au bon repos, le luron de service s’appelle Ramirez, chambre 2. Petit, teint mat, cheveux et moustache noirs de jais. Des yeux vifs perpétuellement en mouvement. Une grande vivacité de geste.
Un brin fêlé mais c’est sans doute pour cela qu’il est ici. Son histoire est peu banale. Lanceur de couteaux dans une célèbre troupe ambulante, il a sillonné toute l’Europe et l’Amérique.
Jamais avare ni à court d’anecdotes il nous régale d’histoires plus rocambolesques les unes que les autres émaillant ses récits de locutions étrangères.
De par mon métier je suis curieux. J’ai donc trainé sur internet. Pourquoi Ramirez avait il perdu la tête et pourquoi avait il atterri ici ?
J’ai fini par dénicher le fin mot de l’histoire. Il y a eu ce jour funeste où la main de Ramirez a tremblé. Son couteau transperça le front de son coéquipier au lieu de se ficher dans la pomme au dessus de la tête.
Dépression, tentatives de suicide, coma éthylique, il se sortit de cette spirale infernale avec une case en moins dans le cerveau.
Il est ici depuis plusieurs mois et ses frasques mettent un petit piquant bienvenu dans cette sage institution ! Je n’en citerai qu’une seule. La meilleure. Celle qui failli tuer le personnel par apoplexie.
C’était le jour de la saint Nicolas. Les résidents avaient préparé un spectacle. A sa demande, le personnel avait donné à Ramirez une cible et des fléchettes en bois. Il allait nous présenter son meilleur numéro !
La cible installée au mur, nous vîmes le chintok s’avancer en fauteuil roulant et se planquer contre le mur, sa tête au centre de la cible. Avant même que quelqu’un puisse réagir, Ramirez lança trois couteaux coup sur coup à la vitesse de l’éclair. Le sifflement des armes vrillèrent nos tympans. Les couteaux se plantèrent autour de la tête du chintok qui n’avait pas bougé d’un millimètre ni même cillé des yeux. Il se contenta de sourire faisant avec les doigts le « V » de la victoire.
Le personnel un moment en pleine stupéfaction se rua sur les armes puis cloua Ramirez au sol. Ce dernier avait eu le temps de planquer un couteau dans son slip. Ramirez a vu que je l’avais vu. En souriant il me fit le geste de me trancher la gorge si je parlais. Le message était clair. Je n’avais aucune envie de le dénoncer. Avec lui au moins la vie au Bon Repos prenait de la saveur !
Depuis ce temps il n’est pas rare de le croiser dans les couloirs un couteau en bois serré entre les dents.
Au bon repos, le luron de service s’appelle Ramirez, chambre 2. Petit, teint mat, cheveux et moustache noirs de jais. Des yeux vifs perpétuellement en mouvement. Une grande vivacité de geste.
Un brin fêlé mais c’est sans doute pour cela qu’il est ici. Son histoire est peu banale. Lanceur de couteaux dans une célèbre troupe ambulante, il a sillonné toute l’Europe et l’Amérique.
Jamais avare ni à court d’anecdotes il nous régale d’histoires plus rocambolesques les unes que les autres émaillant ses récits de locutions étrangères.
De par mon métier je suis curieux. J’ai donc trainé sur internet. Pourquoi Ramirez avait il perdu la tête et pourquoi avait il atterri ici ?
J’ai fini par dénicher le fin mot de l’histoire. Il y a eu ce jour funeste où la main de Ramirez a tremblé. Son couteau transperça le front de son coéquipier au lieu de se ficher dans la pomme au dessus de la tête.
Dépression, tentatives de suicide, coma éthylique, il se sortit de cette spirale infernale avec une case en moins dans le cerveau.
Il est ici depuis plusieurs mois et ses frasques mettent un petit piquant bienvenu dans cette sage institution ! Je n’en citerai qu’une seule. La meilleure. Celle qui failli tuer le personnel par apoplexie.
C’était le jour de la saint Nicolas. Les résidents avaient préparé un spectacle. A sa demande, le personnel avait donné à Ramirez une cible et des fléchettes en bois. Il allait nous présenter son meilleur numéro !
La cible installée au mur, nous vîmes le chintok s’avancer en fauteuil roulant et se planquer contre le mur, sa tête au centre de la cible. Avant même que quelqu’un puisse réagir, Ramirez lança trois couteaux coup sur coup à la vitesse de l’éclair. Le sifflement des armes vrillèrent nos tympans. Les couteaux se plantèrent autour de la tête du chintok qui n’avait pas bougé d’un millimètre ni même cillé des yeux. Il se contenta de sourire faisant avec les doigts le « V » de la victoire.
Le personnel un moment en pleine stupéfaction se rua sur les armes puis cloua Ramirez au sol. Ce dernier avait eu le temps de planquer un couteau dans son slip. Ramirez a vu que je l’avais vu. En souriant il me fit le geste de me trancher la gorge si je parlais. Le message était clair. Je n’avais aucune envie de le dénoncer. Avec lui au moins la vie au Bon Repos prenait de la saveur !
Depuis ce temps il n’est pas rare de le croiser dans les couloirs un couteau en bois serré entre les dents.
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Au bon repos
Bien, j'ai compris où on était ! Enfin ! Mais, brrr, ton histoire fait froid dans le dos et quelle imagination, l'été t'inspire !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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