A.Gargouilles de bénitier

- J’ai pas fermé l’œil de la nuit
- Moi non plus, j’y repensais tout le temps, faut dire que c’était un sacré spectacle.
- Pourtant on en a eu du spectacle depuis qu’on est là, la passion et autres «mystères » joués sur le parvis
- Tous les enterrements de peoples
- Les mariages princiers
- Le sacre de Sarko
-Tu veux dire de Napo ?
- Oh, Sarko, Napo, vu d’ici, c’est tous deux des nabots.
- En tous cas tout ça, ça ne valait pas ce qu’on a vu hier. Je ne m’étais pas autant rincé l’œil depuis la vue plongeante sur le décolleté de Gina Lollobrigida quand elle a fait Esméralda dans le film « Notre Dame de Paris ».
- Quand j’ai vu toutes ces nanas les seins à l’air, j’ai d’abord cru que c’étaient la Sainte vierge et toutes les saintes de la Cathédrale qui faisaient ça en hommage au petit Jésus tout nu dans sa crèche.
- Drôle d’idée… moi, j’ai plutôt pensé que c’étaient des incubes ou des succubes qui venaient tenter les fidèles. D’ailleurs vu comme elles se sont fait virer par le prêtre, ça ressemblait bien à un exorcisme.
- Faudra les inviter au prochain sabbat ces... comment … géhennes
-Mais non, pas géhennes, Fémens ! A propos, t’as déjà participé à un sabbat de sorcières, toi ?
-Ben non, faut pas croire, malgré ma tronche, je ne suis pas une créature du diable, je suis le fils de…
- Laisse-moi deviner… Quasimodo ?
- Tout juste ! Mon papa m’a abandonné. Au lieu de me laisser sur le parvis comme ça se faisait souvent, il m’a monté ici, en demandant à ses chères cloches de veiller sur moi. Et toi, comment t’es arrivé ici ?
- Mon père était le roi de France
- Pas possible !
Juré ! Il a rencontré ma mère à un bal au Louvre et il l’a entrainée dans les jardins
- Excuse-moi, mais à te voir, je suppose que ta mère ne devait pas être un sex-symbol. Y pouvait pas trouver mieux ce roi ?
- C’était un bal masqué, il a pas vu sa tête, mais quand il a vu la mienne, il s’est dépêché de me faire mettre un masque à moi aussi. Pas de velours, de fer. Et de me faire embastiller.
- C’était donc toi !
J’ai réussi à m’échapper et je me suis réfugié ici.
- Tu crois pas que maintenant on pourrait redescendre ? Y’a plus de roi et on ne met plus sur le bûcher les gars qu’ont la gueule de travers et des cornes sur le crâne.
- Ouais, bonne idée, je commençais à en avoir ma claque de poireauter ici et boire que de l’eau, m^me que c’est pas bon pour la santé et que dans mon ventre, ça…
- Ça gargouille…
- Voilà, c’est le mot ;
- On boira du vin, on fera la fête, on ira aux manifs
- Héhé, la manif pour tous !
-On se mariera
- Avec des Fémens ?
- Pourquoi pas… Z’ont peur de rien ces donzelles
- Un mariage religieux, j’espère. Faut pas oublier qu’on est des gargouilles de bénitier
- Religieux, forcément !
-A Notre_dame ?
-Forcément !

Hum ... sarcastique a souhait.
Suis pas sure de mon mot ...

Tober ! c'est à pisser de rire ce texte, plein d'humour fin et pince sans rire, comme j'aime !
Au passage, je ne suis pas sûre que les fémens soit d'accord pour le mariage ! il ne leur reste plus qu'à voir du côté de Frigide !

Un régal, tout en sourire! Le mélange de références historiques et de l'actualité, les chimères qui se rincent l'oeil, le tout raconté dans le juste ton. J'ai vraiment bien aimé ton texte.

J'eusse aimé être gargouille (ou chimère) pour soutenir le combat des femens ...

Cependant, je ne voudrais pas risquer la géhenne  pour voyeurisme .

Napo, Sarko  : nabots . OK, mais le 2ème, à part les talonnettes, n'a pas grand - chose pour rehausser sa prestance !


J'aime bien tes grenouilles gargouilles de bénitier !

J'adore ! C'est savoureux, ironique, inventif !

un texte bien agréable à lire et qui donne le sourire dès le matin

Super. Mais il me semble que tu évoques davantage les gargouilles plutôt que les chimères. Il est vrai que ça t'arrangeait vu le titre - que j'adore, au passage. Oups ! C'est moi qui vais me faire embastiller.
Les voir épouser les femens, chiche ! Ça donnera d'autres petits Quasimodo.

Excellent ! Un régal que de s'amuser à identifier les références que tu sous-entends.