A. Mélancolie
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A. Mélancolie
Je suis venu te dire que je m’en vais.
Echouées comme ces trois barques, nos âmes dépitées, devenues paresseuses, ont trop langui sur les dunes de la mélancolie.
La mienne, ébrouée par la brise marine, s’est soudain réveillée. Elle ne se suffit plus du ressac lancinant des vagues qui s’échouent sur la plage, ni du vent qui mêle le cri des mouettes au chant lourd de leurs masses qui s’écrasent et s’étirent inlassablement sur le sable. Mon regard enivré au début, s’ennuie ce matin d’une beauté devenue monotone. Même le soleil ne parvient pas à faire sourire la dune. Ebouriffée d’une végétation terne, ses plantes austères boudent les couleurs gaies qui auraient pu magnifier la lumière et rompre la tristesse désolante d’un paysage toujours recommencé.
Mélancolie, je quitte ton île. J’y ai débarqué ma peine, ma colère et mes peurs. Je m’y suis retranché, et me suis laissé bercer du son du large, gavé d’un horizon sans barrière, je me suis perdu dans ton immensité. Je m’y suis oublié, me fondant à ton rythme, pour remplacer le temps, perdre tout repère.
Est-ce la présence têtue du vent qui a progressivement érodé mes doutes, sa fraîcheur salée qui a cautérisé mon découragement ? Ou bien, est-ce le va et vient continu des vagues qui me rappelait de ne pas m’enliser. Reviens, reviens… à toi. Sortir de ma retraite ouateuse, reprendre conscience, rompre cette langueur nonchalante et facile.
Mélancolie, où sont les deux autres naufragés ? Je ne les ai pas trouvés. Ont-ils sombré avant de te rejoindre, ou bien les as-tu ensevelis sous tes monticules sableux ? Mystérieuse et envoutante, ton art de l’engourdissement est-il salutaire ou fatal ?
Je m’en vais.
Je t’ai accostée blessé. Meurtri des excès des hommes, de leurs mensonges, de leur avidité. De leurs certitudes intransigeantes, de la haine des uns et de l’indifférence de tant d’autres. Las et dépassé, j’avais le mal d'être.
Si je m’en vais, ce n’est pas la force qui me porte pourtant. C’est le manque.
Je veux retrouver la vie, celle des hommes. Bien sûr ils sont loin d’être parfaits, mais c’est à eux que je ressemble. Je veux les voir, leur parler, les écouter, les lire. M’émouvoir de leur diversité, de leur créativité. Retrouver comment ils transposent la beauté, sous toutes ses formes. Comment ils élèvent, cultivent, transforment et construisent. Comment ils s’aiment et partagent aussi. Et si les uns détruisent, d’autres dénoncent, bâtissent, réparent, enseignent et perpétuent.
A ceux-là, ces pionniers de l’humanité, à ma toute petite échelle, je veux à nouveau tenter de me joindre.
Echouées comme ces trois barques, nos âmes dépitées, devenues paresseuses, ont trop langui sur les dunes de la mélancolie.
La mienne, ébrouée par la brise marine, s’est soudain réveillée. Elle ne se suffit plus du ressac lancinant des vagues qui s’échouent sur la plage, ni du vent qui mêle le cri des mouettes au chant lourd de leurs masses qui s’écrasent et s’étirent inlassablement sur le sable. Mon regard enivré au début, s’ennuie ce matin d’une beauté devenue monotone. Même le soleil ne parvient pas à faire sourire la dune. Ebouriffée d’une végétation terne, ses plantes austères boudent les couleurs gaies qui auraient pu magnifier la lumière et rompre la tristesse désolante d’un paysage toujours recommencé.
Mélancolie, je quitte ton île. J’y ai débarqué ma peine, ma colère et mes peurs. Je m’y suis retranché, et me suis laissé bercer du son du large, gavé d’un horizon sans barrière, je me suis perdu dans ton immensité. Je m’y suis oublié, me fondant à ton rythme, pour remplacer le temps, perdre tout repère.
Est-ce la présence têtue du vent qui a progressivement érodé mes doutes, sa fraîcheur salée qui a cautérisé mon découragement ? Ou bien, est-ce le va et vient continu des vagues qui me rappelait de ne pas m’enliser. Reviens, reviens… à toi. Sortir de ma retraite ouateuse, reprendre conscience, rompre cette langueur nonchalante et facile.
Mélancolie, où sont les deux autres naufragés ? Je ne les ai pas trouvés. Ont-ils sombré avant de te rejoindre, ou bien les as-tu ensevelis sous tes monticules sableux ? Mystérieuse et envoutante, ton art de l’engourdissement est-il salutaire ou fatal ?
Je m’en vais.
Je t’ai accostée blessé. Meurtri des excès des hommes, de leurs mensonges, de leur avidité. De leurs certitudes intransigeantes, de la haine des uns et de l’indifférence de tant d’autres. Las et dépassé, j’avais le mal d'être.
Si je m’en vais, ce n’est pas la force qui me porte pourtant. C’est le manque.
Je veux retrouver la vie, celle des hommes. Bien sûr ils sont loin d’être parfaits, mais c’est à eux que je ressemble. Je veux les voir, leur parler, les écouter, les lire. M’émouvoir de leur diversité, de leur créativité. Retrouver comment ils transposent la beauté, sous toutes ses formes. Comment ils élèvent, cultivent, transforment et construisent. Comment ils s’aiment et partagent aussi. Et si les uns détruisent, d’autres dénoncent, bâtissent, réparent, enseignent et perpétuent.
A ceux-là, ces pionniers de l’humanité, à ma toute petite échelle, je veux à nouveau tenter de me joindre.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Mélancolie
C'est superbe Virgul. C'est un texte suffisamment ouvert pour qu'on puisse en faire plusieurs interprétations possibles. Et les images qui ressortent à travers tes mots sont tres inspirantes
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Mélancolie
Moi, je vois plutôt ce départ comme une renaissance, celle d'un blessé de la vie qui a retrouvé sur cette île le désir d'être un homme ! J'aime beaucoup cette entrée dans la consigne !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Mélancolie
Belle essai pour une prise de conscience de certains.
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
Re: A. Mélancolie
Merci pour vos commentaires.
Cette semaine je n'ai pas malheureusement eu l'occasion de commenter vos textes, car monopolisé par deux petits bouts de chou qui se sont relayés pour attraper la scarlatine. Juste eu le temps de vous lire et d'apprécier vos écrits.
Cette semaine je n'ai pas malheureusement eu l'occasion de commenter vos textes, car monopolisé par deux petits bouts de chou qui se sont relayés pour attraper la scarlatine. Juste eu le temps de vous lire et d'apprécier vos écrits.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Mélancolie
La scarlatine ! Je l'ai attrapée, adulte, avec mes élèves.
Bon courage pour t'occuper de tes bouts de chou !
Bon courage pour t'occuper de tes bouts de chou !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Mélancolie
Un bon texte qui me donne envie de laisser tomber l'écriture pour retourner à la vraie vie !
Invité- Invité
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