A.Le peintre
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Admin
July_C
Sherkane
7 participants
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A.Le peintre
J’ai posé sur le sable mouillé mon chevalet. Il était vieux, il était barbouillé de tâches de peinture. Je l’avais déniché de longues années en arrière dans une brocante. J’avais aimé son bois poli et délavé. Depuis il m’accompagnait partout, seule ancre dans une vie d’errance.
J’ai posé sur le chevalet une toile épaisse. Le vent ébouriffait mes cheveux. L’air était saturé d’humidité saline et chargé de l’odeur du goémon. Mes battements de cœur épousaient le rythme des vagues qui déferlaient avec fracas sur la plage. A peine audible, le cri des goélands.
J’ai posé sur la toile mon pinceau. Je l’ai laissé courir en petites touches légères. Sous lui la mer prenait forme. Calme au loin, elle devenait vague à l’approche du rivage. Elle se creusait en son centre, se chargeait d’une énergie et d’une puissance insoupçonnées, puis roulait sur elle-même dans un mouvement de domino sans fin, devenant simple écume inoffensive.
J’ai posé sur l’écume une troupe de bécasseaux. Petits et agiles, se déplaçant en trottinant à une vitesse incroyable. J’ai déposé leur ombre dans la fine pellicule d’eau recouvrant le sable mouillé.
J’ai posé sur la mer un ciel d’orage. Un de ces ciels lumineux gris anthracite. Avec des nuances subtiles que mon pinceau par des traits nerveux tenta de reproduire. Juste sur le bord droit, un rayon de lumière éclaircissait le ciel et se reflétait dans la mer. Où commençait le ciel, où finissait la mer ? Dans cette ligne incertaine j’ai posé un vol d’huitriers-pie aux ailes blanches et noires.
Je me suis reculée et j’ai posé sur mon tableau un regard acéré. Mes yeux allaient et venaient entre ma peinture et son modèle. Je me fis encore et toujours la même réflexion. Impossible d’immortaliser la beauté sauvage de la mer sur une toile. Que cela soit une peinture ou une photographie.
Qu’importe ! Le cœur ressourcé, l’esprit reposé de ce temps passé à peindre, j’ai rangé mon chevalet et je suis repartie.
J’ai posé sur le chevalet une toile épaisse. Le vent ébouriffait mes cheveux. L’air était saturé d’humidité saline et chargé de l’odeur du goémon. Mes battements de cœur épousaient le rythme des vagues qui déferlaient avec fracas sur la plage. A peine audible, le cri des goélands.
J’ai posé sur la toile mon pinceau. Je l’ai laissé courir en petites touches légères. Sous lui la mer prenait forme. Calme au loin, elle devenait vague à l’approche du rivage. Elle se creusait en son centre, se chargeait d’une énergie et d’une puissance insoupçonnées, puis roulait sur elle-même dans un mouvement de domino sans fin, devenant simple écume inoffensive.
J’ai posé sur l’écume une troupe de bécasseaux. Petits et agiles, se déplaçant en trottinant à une vitesse incroyable. J’ai déposé leur ombre dans la fine pellicule d’eau recouvrant le sable mouillé.
J’ai posé sur la mer un ciel d’orage. Un de ces ciels lumineux gris anthracite. Avec des nuances subtiles que mon pinceau par des traits nerveux tenta de reproduire. Juste sur le bord droit, un rayon de lumière éclaircissait le ciel et se reflétait dans la mer. Où commençait le ciel, où finissait la mer ? Dans cette ligne incertaine j’ai posé un vol d’huitriers-pie aux ailes blanches et noires.
Je me suis reculée et j’ai posé sur mon tableau un regard acéré. Mes yeux allaient et venaient entre ma peinture et son modèle. Je me fis encore et toujours la même réflexion. Impossible d’immortaliser la beauté sauvage de la mer sur une toile. Que cela soit une peinture ou une photographie.
Qu’importe ! Le cœur ressourcé, l’esprit reposé de ce temps passé à peindre, j’ai rangé mon chevalet et je suis repartie.
Dernière édition par Sherkane le Dim 5 Fév - 18:44, édité 1 fois
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A.Le peintre
Voilà une belle peinture de mots !!
J'ai beaucoup aimé ton fil rouge et la manière tu as mené ton texte. La façon que tu as de nous faire observer finement les moindres détails jusqu'à la contemplation de cette nature.
J'ai beaucoup aimé ton fil rouge et la manière tu as mené ton texte. La façon que tu as de nous faire observer finement les moindres détails jusqu'à la contemplation de cette nature.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A.Le peintre
Quelle belle idée que de mettre en scène un peintre et son tableau. Il y a une très belle progression dans ton texte et on a un seul regret à la fin: ne pas avoir une image du tableau.
Bravo, superbe
Bravo, superbe
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Le peintre
Tu n'es finalement pas satisfaite de ton tableau, pourtant nous qui l'imaginons à travers tes mots, l'apprécions et le trouvons beau. Tu vois tu n'as pas travaillé pour rien.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.Le peintre
J'ai vu la scène, j'en ai senti la sérénité et je me suis souvenue d'une photo que tu avais déposé sur Kalé avec des petits oiseaux picorant le sable mouillé sur une plage de Gironde me semble-t-il, peut-être s'agissait-il des bécasseaux de ton texte. J'ai beaucoup aimé ce texte très évocateur et que je trouve pour ma part empreint de beaucoup de tranquillité d'esprit et de respect pour la nature que peint ton personnage (toi peut-être?) Bravo Sherkane
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
Re: A.Le peintre
Je ne sais pas si tu peins toi-même ou si tu réussis à rendre à la place du peintre le cheminement ardu de la confection d'un tableau.
En tous cas, c'est exactement cela et c'est vrai aussi qu'on n'est jamais totalement satisfait de ce que l'on peint parce que la beauté de la nature est difficile à saisir ( idem pour une personnage)
Combien de fois n'a-t-on pas vu des peintres déchirer avec rage leur oeuvre, alors que le simple spectateur en était admiratif ?
As-tu vu le film sur " Cézanne" ? Ce thème y est récurrent !
Merci pour ce beau texte !
En tous cas, c'est exactement cela et c'est vrai aussi qu'on n'est jamais totalement satisfait de ce que l'on peint parce que la beauté de la nature est difficile à saisir ( idem pour une personnage)
Combien de fois n'a-t-on pas vu des peintres déchirer avec rage leur oeuvre, alors que le simple spectateur en était admiratif ?
As-tu vu le film sur " Cézanne" ? Ce thème y est récurrent !
Merci pour ce beau texte !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Le peintre
Quelle belle idée de nous faire entrer dans ton tableau, un paysage qui se dessine dans notre imagination au fil de tes évocations. La peintre est peut-être insatisfaite de son oeuvre, mais l'image qui reste en nous est belle.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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