Texte de Manu Kummer
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Texte de Manu Kummer
J'aime surtout lire. C'est facile de lire quand on a appris tout jeune et qu'on a passé sa vie à s'exercer. Ecrire, c'est facile aussi, à condition de n'avoir rien d'intéressant à dire. Par exemple, là, je vais commencer une histoire :
Il faisait nuit noire. Laurent Barre tremblait comme une feuille en arpentant le boulevard désert dans la lumière glacée des lampadaires. Le brouillard jetait un linceul de ouate sur le monde immobile du mobilier urbain, transformant la nuit en décor de cauchemar éveillé. Soudain, un bruit derrière lui éveilla son attention. Son oreille lui dit que sans doute on le suivait, car c'était un bruit de pas. Laurent Barre en déduisit logiquement fort qu'il était suivi par l'un de ses semblables, pour d'évidentes raisons; entre autres parce qu'il est rare qu'un cheval arpente seul les rues d'une ville en pleine nuit. Ce n'était à coup sûr pas un éléphant rose, car Laurent ne buvait pas. Et ce n'était pas non plus un chat, car il ne l'aurait pas entendu. C'était donc un bipède, silencieux comme une ombre suspecte et menaçante. De fait, Laurent n'eut que le temps de sentir le coup violent qui le jeta au sol assommé comme un boeuf industriel à l'abattoir. Ce n'est qu'en se réveillant qu'il constata que son crapaud s'en était allé rejoindre la mare malodorante des objets perdus, mais pas pour tout le monde.
Bon maintenant, quelques commentaires sur cette daube :
«Nuit noire», «trembler comme une feuille», et autres enfonçages de portes ouvertes. Donner un nom idiot à son héros, c'est amusant de temps en temps. Mais on abuse facilement. « Boulevard désert », « lumière glacée », « linceul de ouate », on fait dans la série B pourrie. Et puis un linceul de ouate, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, à moins que le macchabée soit un ex-hydrocéphale retiré d'une presse hydraulique. Auquel cas ça simplifie le nettoyage.
J'abuse un peu de tout : des adjectifs, des comparaisons animalières et de quelques traits vaguement argotiques qui sentent l'emprunt à San Antonio.
La chute est non seulement prévisible, mais amenée avec la délicatesse d'un djihadiste corrigeant sa quatrième épouse (et voilà, je recommence). J'allais oublier « son oreille lui dit »...
Cerise sur le gâteau, il est assez évident à la relecture que plus j'avançais, plus je semblais pressé d'en finir. Pourtant, je me suis bien amusé à écrire tout ça. J'ai même ri à mes propres conneries.
C'est sans doute pour ça que j'aime bien écrire de temps à autre. Et je ne me suis que très peu corrigé. J'aime bien me croire incorrigible.
Il faisait nuit noire. Laurent Barre tremblait comme une feuille en arpentant le boulevard désert dans la lumière glacée des lampadaires. Le brouillard jetait un linceul de ouate sur le monde immobile du mobilier urbain, transformant la nuit en décor de cauchemar éveillé. Soudain, un bruit derrière lui éveilla son attention. Son oreille lui dit que sans doute on le suivait, car c'était un bruit de pas. Laurent Barre en déduisit logiquement fort qu'il était suivi par l'un de ses semblables, pour d'évidentes raisons; entre autres parce qu'il est rare qu'un cheval arpente seul les rues d'une ville en pleine nuit. Ce n'était à coup sûr pas un éléphant rose, car Laurent ne buvait pas. Et ce n'était pas non plus un chat, car il ne l'aurait pas entendu. C'était donc un bipède, silencieux comme une ombre suspecte et menaçante. De fait, Laurent n'eut que le temps de sentir le coup violent qui le jeta au sol assommé comme un boeuf industriel à l'abattoir. Ce n'est qu'en se réveillant qu'il constata que son crapaud s'en était allé rejoindre la mare malodorante des objets perdus, mais pas pour tout le monde.
Bon maintenant, quelques commentaires sur cette daube :
«Nuit noire», «trembler comme une feuille», et autres enfonçages de portes ouvertes. Donner un nom idiot à son héros, c'est amusant de temps en temps. Mais on abuse facilement. « Boulevard désert », « lumière glacée », « linceul de ouate », on fait dans la série B pourrie. Et puis un linceul de ouate, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, à moins que le macchabée soit un ex-hydrocéphale retiré d'une presse hydraulique. Auquel cas ça simplifie le nettoyage.
J'abuse un peu de tout : des adjectifs, des comparaisons animalières et de quelques traits vaguement argotiques qui sentent l'emprunt à San Antonio.
La chute est non seulement prévisible, mais amenée avec la délicatesse d'un djihadiste corrigeant sa quatrième épouse (et voilà, je recommence). J'allais oublier « son oreille lui dit »...
Cerise sur le gâteau, il est assez évident à la relecture que plus j'avançais, plus je semblais pressé d'en finir. Pourtant, je me suis bien amusé à écrire tout ça. J'ai même ri à mes propres conneries.
C'est sans doute pour ça que j'aime bien écrire de temps à autre. Et je ne me suis que très peu corrigé. J'aime bien me croire incorrigible.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Texte de Manu Kummer
Bienvenue Manu.
Sî j'ai bien compris kaleidoplumes a trouvé son San Antonio?
Je ne dirai rien sur le texte mais je vais me pencher sur ta propre critique de ton texte qui, à mon sens, vaut son pesant d'or
De l'originalité, beaucoup d'humour, je sens que tu vas nous surprendre
Je te laisse découvrir le monde Kaleidoplumien à ton rythme
Sî j'ai bien compris kaleidoplumes a trouvé son San Antonio?
Je ne dirai rien sur le texte mais je vais me pencher sur ta propre critique de ton texte qui, à mon sens, vaut son pesant d'or
De l'originalité, beaucoup d'humour, je sens que tu vas nous surprendre
Je te laisse découvrir le monde Kaleidoplumien à ton rythme
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Texte de Manu Kummer
Bienvenue à toi ! J'aime beaucoup ton sens de l'humour "tordu", je sens qu'on va s'amuser avec toi ! Et j'adore l'éléphant rose.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: Texte de Manu Kummer
Bienvenue Manu permis nous.
Un texte qui nous promet de beaux moments de lecture pour tes textes suivants.
En tous les cas en le lisant, je me suis bien amusé comme tu l'as fait en l'écrivant.
C'est aussi ça le plaisir d'écrire.
Un texte qui nous promet de beaux moments de lecture pour tes textes suivants.
En tous les cas en le lisant, je me suis bien amusé comme tu l'as fait en l'écrivant.
C'est aussi ça le plaisir d'écrire.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: Texte de Manu Kummer
... Je vais suivre tes écrits de tes près, l'ami.
Tu as un décalage qui me plaît beaucoup, fufufu...
Bienvenue ici, avec mon éternel retard, sweetie. /O/
Tu as un décalage qui me plaît beaucoup, fufufu...
Bienvenue ici, avec mon éternel retard, sweetie. /O/
Night- Occupe le terrain
- Humeur : Nocturnement joyeuse...
Re: Texte de Manu Kummer
voilà un texte qui vaut son pesant d'or. Laurent barre est très recherché, surtout de nos jour. Pas d'accord avec toi quand tu dis que tu écris pour ne rien dire.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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