Hypocondiacre du sentiment
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Escandélia
catsoniou
6 participants
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Hypocondiacre du sentiment
Chaussant mes lunettes à double foyer, je décrypte la notice dont voici l'essentiel :
Le sentiment n'est pas un produit anodin.
Il obéit à une réglementation non écrite, relativement élastique et doit être manié avec précaution. Ses effets secondaires peuvent se révéler redoutables. Le principe actif du sentiment réside dans sa capacité à traiter voire prévenir une affection ou l'insuffisance de celle-ci. Dans tous les cas le sentiment doit être utilisé dans des conditions parfaitement définies : il est prescrit à une personne précise, dans une situation pathologique particulière, à des doses, des moments et pour des durées définis, en respectant des précautions d’emploi.
Précédant les prescriptions de l'éminent Pr Valls, très tôt, je devins adepte de l'automédication. Pris de passion pour cet être mystique pétri de savoir, envers ma première maîtresse, le sentiment en resta au platonique. Puis, je changeais d'école.
De nouveau, le vague à l'âme, l'émotion qui me submerge. Incontestablement, le sentiment m'assaillait à nouveau. Boucles blondes, yeux pervenche, jambes de gazelle, silhouette filiforme, point besoin d'ingérer, la vision me suffisait sans passer par une consommation qui se fut révélée contre productive.
A la prochaine récidive, d'instinct, j'eus le pressentiment que la demoiselle calmerait le feu qui m'assaillait. L'incendie n'était qu'un feu de paille éteint par le passage d'un merle au plumage égalant le ramage plus attrayant pour l'oiselle qui s'envola vers des cieux plus radieux. A tout jamais, je me crus vacciné.
Semblable à la première dulcinée, elle s'installa dans ma vie, prévenant les affres de mon affection avec la plus grande attention et diffusant un bien-être réparateur qui s'accompagnait d' une baisse régulière de mes avoirs au fur et à mesure de la satisfaction de ses caprices. Quand elle quitta le nid, les effets secondaires s'avérèrent redoutables : j'étais fauché comme les blés.
Naïf, je me croyais à l'abri de toute atteinte sournoise du sentiment. Une expérience pire que les précédentes m'attendait au tournant : je devins souffre-douleur. Pour une once de plaisir accompagnant ma quête de désir, elle me rendait un arpent de vilenies. Le sevrage s'imposait. Il se présenta sous forme d'affection incurable qui dans un délai raisonnable me débarrassa de la tortionnaire indésirable.
Le sentiment amoureux épargnant les nonagénaires, l'intuition demeure cependant. Dans le labyrinthe de l'EHPAD, une effluve persistante, un froissement caractéristique de jupon et me voici lancé sur une nouvelle piste vite délaissée : la passion est éphémère...
Je vous le dis tout net, cette notice du sentiment ne correspond plus à ma situation pathologique.
Le sentiment n'est pas un produit anodin.
Il obéit à une réglementation non écrite, relativement élastique et doit être manié avec précaution. Ses effets secondaires peuvent se révéler redoutables. Le principe actif du sentiment réside dans sa capacité à traiter voire prévenir une affection ou l'insuffisance de celle-ci. Dans tous les cas le sentiment doit être utilisé dans des conditions parfaitement définies : il est prescrit à une personne précise, dans une situation pathologique particulière, à des doses, des moments et pour des durées définis, en respectant des précautions d’emploi.
Précédant les prescriptions de l'éminent Pr Valls, très tôt, je devins adepte de l'automédication. Pris de passion pour cet être mystique pétri de savoir, envers ma première maîtresse, le sentiment en resta au platonique. Puis, je changeais d'école.
De nouveau, le vague à l'âme, l'émotion qui me submerge. Incontestablement, le sentiment m'assaillait à nouveau. Boucles blondes, yeux pervenche, jambes de gazelle, silhouette filiforme, point besoin d'ingérer, la vision me suffisait sans passer par une consommation qui se fut révélée contre productive.
A la prochaine récidive, d'instinct, j'eus le pressentiment que la demoiselle calmerait le feu qui m'assaillait. L'incendie n'était qu'un feu de paille éteint par le passage d'un merle au plumage égalant le ramage plus attrayant pour l'oiselle qui s'envola vers des cieux plus radieux. A tout jamais, je me crus vacciné.
Semblable à la première dulcinée, elle s'installa dans ma vie, prévenant les affres de mon affection avec la plus grande attention et diffusant un bien-être réparateur qui s'accompagnait d' une baisse régulière de mes avoirs au fur et à mesure de la satisfaction de ses caprices. Quand elle quitta le nid, les effets secondaires s'avérèrent redoutables : j'étais fauché comme les blés.
Naïf, je me croyais à l'abri de toute atteinte sournoise du sentiment. Une expérience pire que les précédentes m'attendait au tournant : je devins souffre-douleur. Pour une once de plaisir accompagnant ma quête de désir, elle me rendait un arpent de vilenies. Le sevrage s'imposait. Il se présenta sous forme d'affection incurable qui dans un délai raisonnable me débarrassa de la tortionnaire indésirable.
Le sentiment amoureux épargnant les nonagénaires, l'intuition demeure cependant. Dans le labyrinthe de l'EHPAD, une effluve persistante, un froissement caractéristique de jupon et me voici lancé sur une nouvelle piste vite délaissée : la passion est éphémère...
Je vous le dis tout net, cette notice du sentiment ne correspond plus à ma situation pathologique.
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Hypocondiacre du sentiment
Finalement, tu fais une démonstration très réussie que la notice du sentiment peut s'appliquer à n'importe lequel sans de distinction particulière. On voit que tu es expert en la matière !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Hypocondiacre du sentiment
Tu as inclus la notice dans une vraie histoire et c'est très agréable à lire
Est-ce que le dessin est de toi?
Est-ce que le dessin est de toi?
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Hypocondiacre du sentiment
Bien ficelé, avec une pincée d'humour...Un peu trop naïf sans doute...
Bravo pour l'illustration sauf que nonagénaire,
Hélàs, je ne te vois pas du tout dans ce rôle-là, et tant mieux pour toi !
Bravo pour l'illustration sauf que nonagénaire,
Hélàs, je ne te vois pas du tout dans ce rôle-là, et tant mieux pour toi !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Hypocondiacre du sentiment
C'est ce qui s'appelle un traitement sur le long terme, docteur Cats'
J'aime aussi beaucoup le dessin
J'aime aussi beaucoup le dessin
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: Hypocondiacre du sentiment
@ Admin : non, le dessin n'est pas de moi, mais il me parait à coller à l'état d'esprit du nonagénaire qui a eu maille à partir avec le sexe faible.
Toute ressemblance du personnage avec cats est inadéquate.
Toutefois, à 90 berges, si je suis encore là (et sur kalé bien sûr !) promis, je vous donnerai alors mes impressions ...
Toute ressemblance du personnage avec cats est inadéquate.
Toutefois, à 90 berges, si je suis encore là (et sur kalé bien sûr !) promis, je vous donnerai alors mes impressions ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Hypocondiacre du sentiment
On a oublié de mettre le nom du sentiment sur la boite, mais il a beau jouer l’Arlésienne, il est facile à deviner. Et j’ai l’impression que le rédacteur de la notice est un émotif incurable. Beaucoup d’émotion précisément transparait à travers l’histoire de cette victime de la gent féminine.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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