A - De tout son corps
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Zéphyrine
Amanda.
Charlotte
madeleinedeproust
Nerwen
Cassy
Pati
11 participants
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A - De tout son corps
Chaque fois que je l'imagine à distance, je ne le vois pas lisant un journal mais un livre.
Je ne suis pas sûre qu’il existe une gazette des anges, elle est peut-être réservée aux démons que nous savons parfois être. Et de toute façon, il n’aimait pas les journaux. Il préférait écouter la radio, les yeux fermés comme pour mieux entendre.
J’aime à penser qu’il se repose et fait ce qu’il aime, là où il est désormais. Et je préfère imaginer qu’il lit et partage l’histoire de ses comparses, il aimait tant les gens… peut-être a-t-il retrouvé ses amis, ceux qu’il a laissé dormir au sein d'une neige de l'Est pendant qu’il réapprenait la vie ? Peut-être a-t-il été surpris de voir arriver si vite auprès de lui sa fille bien-aimée. Et puis sa femme, bien des années plus tard…
Ils doivent en avoir, des choses à se dire.
Chaque fois que je l’imagine à distance, je le revois penché sur un roman tenu des deux mains, le nez au ras des pages et ses lunettes calées haut sur son front, déchiffrant un à un les mots qui racontent, un sourire de plaisir ineffable vissé au coin des lèvres. Posture qui confirmait son immersion totale dans l’histoire, quelle qu’elle fut, immersion de l’esprit accentuée par celle du corps.
Il lisait de tout son corps, voilà.
Parfois, je me surprends à emprunter la même position, quand un livre m’envole l’âme et me fait frémir toute entière. Je souris alors, j’aime ces contacts du corps avec la mémoire du cœur.
Je suis sûre qu’il a continué à apprendre au contact des autres. À alimenter sa curiosité naturelle, et la nourrir d’expériences de vie multiples.
S’il a vu arriver 130 jeunes d’un coup il y a deux ans, je me plais à penser qu’il les a accueillis sur le pas d'une porte qui mène à tous les mondes, les aura guidés, rassurés. Il aura sûrement reçu le récit de ces vies fauchées trop vite, trop tôt, avec amour et attention. Puis leur aura raconté l’incommensurable stupidité de la vie, celle qui nous perd en route et nous ravit aux nôtres, et il aura enchaîné avec tout ce qui malgré tout, rend cette vie belle et passionnante, même vue d’en haut.
Chaque fois que je l’imagine dans sa résidence éternelle, je me plais à penser qu’il me regarde, qu’il veille sur moi, sur la petite comme il disait.
Parfois, au plus profond de la nuit, quand l’attente devient trop prégnante, trop invasive, je sens comme une odeur de tabac brun, légère, lointaine… et j’entends.
J’entends une voix chaude et grave chanter pour moi dans une langue qui m’est chère, la beauté sauvage et intemporelle des montagnes et des landes.
Je ne suis pas sûre qu’il existe une gazette des anges, elle est peut-être réservée aux démons que nous savons parfois être. Et de toute façon, il n’aimait pas les journaux. Il préférait écouter la radio, les yeux fermés comme pour mieux entendre.
J’aime à penser qu’il se repose et fait ce qu’il aime, là où il est désormais. Et je préfère imaginer qu’il lit et partage l’histoire de ses comparses, il aimait tant les gens… peut-être a-t-il retrouvé ses amis, ceux qu’il a laissé dormir au sein d'une neige de l'Est pendant qu’il réapprenait la vie ? Peut-être a-t-il été surpris de voir arriver si vite auprès de lui sa fille bien-aimée. Et puis sa femme, bien des années plus tard…
Ils doivent en avoir, des choses à se dire.
Chaque fois que je l’imagine à distance, je le revois penché sur un roman tenu des deux mains, le nez au ras des pages et ses lunettes calées haut sur son front, déchiffrant un à un les mots qui racontent, un sourire de plaisir ineffable vissé au coin des lèvres. Posture qui confirmait son immersion totale dans l’histoire, quelle qu’elle fut, immersion de l’esprit accentuée par celle du corps.
Il lisait de tout son corps, voilà.
Parfois, je me surprends à emprunter la même position, quand un livre m’envole l’âme et me fait frémir toute entière. Je souris alors, j’aime ces contacts du corps avec la mémoire du cœur.
Je suis sûre qu’il a continué à apprendre au contact des autres. À alimenter sa curiosité naturelle, et la nourrir d’expériences de vie multiples.
S’il a vu arriver 130 jeunes d’un coup il y a deux ans, je me plais à penser qu’il les a accueillis sur le pas d'une porte qui mène à tous les mondes, les aura guidés, rassurés. Il aura sûrement reçu le récit de ces vies fauchées trop vite, trop tôt, avec amour et attention. Puis leur aura raconté l’incommensurable stupidité de la vie, celle qui nous perd en route et nous ravit aux nôtres, et il aura enchaîné avec tout ce qui malgré tout, rend cette vie belle et passionnante, même vue d’en haut.
Chaque fois que je l’imagine dans sa résidence éternelle, je me plais à penser qu’il me regarde, qu’il veille sur moi, sur la petite comme il disait.
Parfois, au plus profond de la nuit, quand l’attente devient trop prégnante, trop invasive, je sens comme une odeur de tabac brun, légère, lointaine… et j’entends.
J’entends une voix chaude et grave chanter pour moi dans une langue qui m’est chère, la beauté sauvage et intemporelle des montagnes et des landes.
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A - De tout son corps
J'aime quand tu parles de ton papé
Il y a des tournures de phrases magnifiques, je ne peux les citer toutes mais je suis particulièrement touchée par celles-ci:
Papé, je te donne le bonjour de tout en bas
Il y a des tournures de phrases magnifiques, je ne peux les citer toutes mais je suis particulièrement touchée par celles-ci:
Pati a écrit:Il lisait de tout son corps, voilà.
Parfois, je me surprends à emprunter la même position, quand un livre m’envole l’âme et me fait frémir toute entière. Je souris alors, j’aime ces contacts du corps avec la mémoire du cœur.
... J’entends une voix chaude et grave chanter pour moi dans une langue qui m’est chère, la beauté sauvage et intemporelle des montagnes et des landes.
Papé, je te donne le bonjour de tout en bas
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A - De tout son corps
Un texte très émouvant qui traduit tout l'amour que tu portais à ce Papé.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A - De tout son corps
P*****, tu fais c***** dame Pati!
Me faut maintenant!
Un très beau texte, très émouvant.
Me faut maintenant!
Un très beau texte, très émouvant.
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A - De tout son corps
Ce texte est superbe, émouvant et si bien écrit. Je suis sûre qu'il t'a lue et qu'il est fier de la petite.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - De tout son corps
Il lisait de tout son corps, voilà.
Rien que pour cette phrase-là, ton texte m'émeut !
, je sens comme une odeur de tabac brun, légère, lointaine… et j’entends.
J’entends une voix chaude et grave chanter
Tout ton amour se respire à la lecture tous tes sens sont en alerte, et ça c'est formidable Pati tu écris toi aussi avec tout ton corps !
Rien que pour cette phrase-là, ton texte m'émeut !
, je sens comme une odeur de tabac brun, légère, lointaine… et j’entends.
J’entends une voix chaude et grave chanter
Tout ton amour se respire à la lecture tous tes sens sont en alerte, et ça c'est formidable Pati tu écris toi aussi avec tout ton corps !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - De tout son corps
Très beau, trés émouvant! J'aurais voulu le rencontrer ton Pépé...
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A - De tout son corps
Ce papet, on aimerait tous l'avoir connu
et de plus il était grand lecteur !
Il a toutes les raisons d'être fier de sa petite - fille
et de plus il était grand lecteur !
Il a toutes les raisons d'être fier de sa petite - fille
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - De tout son corps
Comme Cassy j'ai relevé quelques magnifiques "tournures" qui esquissent un bien beau portrait de ton Papé. Un texte tout en tendresse, douceur et nostalgie.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A - De tout son corps
C'est un délicat portrait , Pati, qui apparait entre tes mots posés là tendrement et nous le laisse entrevoir "lire de tout son corps", nous fait sentir son odeur et entendre sa voix grave.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A - De tout son corps
Ton texte est très beau, plein de poésie, de tendresse. Comme d'autres, j'aime tes tournures de phrases particulières, il y a des bijoux dans ce texte. Et puis, tout se mêle, la vie ici, la vie là-bas. J'aime énormément.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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