A. Marguerite
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Zéphyrine
Amanda.
madeleinedeproust
Coumarine
Admin
Pati
Charlotte
11 participants
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A. Marguerite
Chaque fois que je l’imagine, je ne la vois pas lisant un journal mais un livre.
En ce temps de guerre, que valait un journal sous l’occupation ?
Y en avaient- ils d’ailleurs ?
Mais je la vois écrire et relire un journal qui deviendra un livre. C’est une question de survie.
Marguerite est en douleur extrême à ne plus savoir rien faire si ce n’est attendre, espérer, désespérer, mourir , désespérer de vivre dans cette insoutenable attente du retour de Robert.
Je la vois, je la sens comme si, moi j’étais devenu elle. D viendrait me voir pour me dire quoi ?
Quoi : toujours la même chose tous les jours de la semaine : « Non il n’y a pas des nouvelles. »
J’irais avec elle, tous les matins ,voir l’arrivée des déportés hagards au Lutetia et guetter la moindre nouvelle, le moindre regard, le moindre sourire, le moindre petit mot le concernant pour ensuite retourner chez moi et me poster derrière une porte que je garderais toujours ouverte pour au cas où, on ne sait jamais, il reviendrait sans savoir ouvrir la porte parce que trop faible, trop malade, trop fatigué…
D dirait : « Ferme cette porte ,arrête de te raconter des histoires fausses, tu ne sais rien et puis mange, vois comme tu es devenu maigre, parfois je crois que tu es devenue folle à lier.
Je lui crierais de s’en aller, de me foutre la paix, de me laisser avec mon malheur, que je ne suis bien qu’avec R dans ma tête, dans mon corps et que les allemands, je vais tous les tuer pour m’avoir privé de mon Robert.
Il répondrait que j’ai vraiment perdu la tête, que je ferais bien de me taire, qu’on ne sait jamais si, à coté, les voisins sont des collabos, que je vais me faire arrêter si je continue comme çà et qu’alors il ne pourra plus rien pour moi. ET alors adieu pour toujours et de mariage et d’amour il n’en sera plus question .
J’aime D mais j’aime aussi Robert. En quoi est- ce interdit d’aimer deux hommes à la fois?
Seule, devant la porte ouverte, Marguerite espère, désespère longtemps, très longtemps, une éternité…Moi aussi j’espère et désespère même si je sais, moi que
Robert reviendra ,mais, méconnaissable dans ses 37 kilos.
En ce temps de guerre, que valait un journal sous l’occupation ?
Y en avaient- ils d’ailleurs ?
Mais je la vois écrire et relire un journal qui deviendra un livre. C’est une question de survie.
Marguerite est en douleur extrême à ne plus savoir rien faire si ce n’est attendre, espérer, désespérer, mourir , désespérer de vivre dans cette insoutenable attente du retour de Robert.
Je la vois, je la sens comme si, moi j’étais devenu elle. D viendrait me voir pour me dire quoi ?
Quoi : toujours la même chose tous les jours de la semaine : « Non il n’y a pas des nouvelles. »
J’irais avec elle, tous les matins ,voir l’arrivée des déportés hagards au Lutetia et guetter la moindre nouvelle, le moindre regard, le moindre sourire, le moindre petit mot le concernant pour ensuite retourner chez moi et me poster derrière une porte que je garderais toujours ouverte pour au cas où, on ne sait jamais, il reviendrait sans savoir ouvrir la porte parce que trop faible, trop malade, trop fatigué…
D dirait : « Ferme cette porte ,arrête de te raconter des histoires fausses, tu ne sais rien et puis mange, vois comme tu es devenu maigre, parfois je crois que tu es devenue folle à lier.
Je lui crierais de s’en aller, de me foutre la paix, de me laisser avec mon malheur, que je ne suis bien qu’avec R dans ma tête, dans mon corps et que les allemands, je vais tous les tuer pour m’avoir privé de mon Robert.
Il répondrait que j’ai vraiment perdu la tête, que je ferais bien de me taire, qu’on ne sait jamais si, à coté, les voisins sont des collabos, que je vais me faire arrêter si je continue comme çà et qu’alors il ne pourra plus rien pour moi. ET alors adieu pour toujours et de mariage et d’amour il n’en sera plus question .
J’aime D mais j’aime aussi Robert. En quoi est- ce interdit d’aimer deux hommes à la fois?
Seule, devant la porte ouverte, Marguerite espère, désespère longtemps, très longtemps, une éternité…Moi aussi j’espère et désespère même si je sais, moi que
Robert reviendra ,mais, méconnaissable dans ses 37 kilos.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Marguerite
je n'ai qu'à changer deux prénoms, et ton histoire devient celle de mes grands-parents, meme si la Fernande n'a aimé que son Roland.
j'ai un peu de mal à commenter du coup, car ça résonne forcément très fort en moi...
j'ai lu et j'ai beaucoup aimé ce cri des tripes et du coeur, vraiment beaucoup aimé. merci charlotte.
j'ai un peu de mal à commenter du coup, car ça résonne forcément très fort en moi...
j'ai lu et j'ai beaucoup aimé ce cri des tripes et du coeur, vraiment beaucoup aimé. merci charlotte.
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A. Marguerite
Je comprends Pati, cela doit remuer beaucoup de choses en elle. Comme cela a du en remuer en toi Charlotte.
Ce texte fait partie des plus beaux textes que tu as écrit jusqu'ici Charlotte
Ce texte fait partie des plus beaux textes que tu as écrit jusqu'ici Charlotte
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Marguerite
Il est beau ton texte, Charlotte, dense et profond
aimer deux hommes en même temps... oui c'est possible
Bravo pour tes mots poignants
aimer deux hommes en même temps... oui c'est possible
Bravo pour tes mots poignants
Coumarine- Kaléïd'habitué
- Humeur : concentrée
Re: A. Marguerite
Un texte fort, percutant et émouvant. Bravo!
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A. Marguerite
Aimer deux hommes à la fois : c'est possible, mais terrible à vivre, tu le racontes si bien !
J'aurais aimé lire la suite quand Robert revient avec ses 37 kilos, elle lui ouvrira les bras sans aucun doute mais quid de D alors ?
J'aurais aimé lire la suite quand Robert revient avec ses 37 kilos, elle lui ouvrira les bras sans aucun doute mais quid de D alors ?
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Marguerite
Lis "La douleur " de Marguerite Duras et tu sauras.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Marguerite
Tu me donnes envie de lire ce livre...
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Marguerite
Terrible dilemme au retour de cet homme revenu de l'enfer .
Ce sujet fait resurgir cette période noire avec des drames qui découlaient de cette absence des déporté, prisonniers, STO ...
Très belle histoire !
Ce sujet fait resurgir cette période noire avec des drames qui découlaient de cette absence des déporté, prisonniers, STO ...
Très belle histoire !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Marguerite
Un tout bon texte Charlotte. Un amour enragé, vif, tranchant, à l'image de cette terrible époque.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Marguerite
Merci pour vos commentaires. J'ai été voir le film" La douleur" après avoir relu ce livre de Marguerite Duras. Il est à la hauteur du livre.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Marguerite
Oui, Charlotte, tu nous donnes envie de lire ce livre et de voir ce film.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Marguerite
Encore un très beau texte, poignant, dense. Magnifique et triste aussi.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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