A. Ame de pierre.

Pars et surtout ne te retourne pas!
Partir...
J'allais la quitter, je devais la quitter et je me répétais sans cesse cette phrase comme une obsession.

J'avais depuis longtemps préparé mon départ, imaginé ce que seraient nos derniers instants.
Je la quittais définitivement, elle, LA maison où j'avais, où nous avions été tellement heureux!

Pars et surtout ne te retourne pas!

Impossible! Les maisons ont une âme!
Alors j'en ai une dernière fois fait le tour :
Je voulais revoir la cuisine, mon coin préféré où dans les joies comme dans les peines, les cafards, quand parfois la gorge serrée j'avais répété les gestes automatiques : épluchages, cuissons, mijotages et quand les mains s'activent, on en oublie les problèmes.
Et puis, les merveilleux repas en famille, entre amis. J'abandonnais donc tout cela!

Ne te retourne pas!

Mais comment dire adieu à tous ces lieux de vie où les enfants quand ils rentraient de l'école trouvaient toujours quelqu'un pour les écouter, panser plaies et bosses physiques ou morales.

Pars, ne te retourne pas!

Contempler encore une fois le jardin où j'avais mis tout mon coeur pour que fleurs et plantes égayent notre vie et où les soirs d'été, je retrouvais dans un coin quasi secret, mon amoureux, celui avec qui j'avais ici tout partagé.
Et puis, notre chambre...

Non! Ne te retourne pas.

Il faut faire face, une autre étape de ta vie t'attend me disais-je.
Garde à jamais dans ton coeur le souvenir d'instants privilégiés.


Mais voilà...
J'ai voulu revoir LA maison...Quinze ans avaient passé. Elle était à l'abandon, les herbes avaient envahi la cour, la façade décrépie lui donnait l'air sinistre.
Je n'aurais jamais du me retourner car LA maison sans nous, n'était plus qu'une maison...

Un très beau texte qui me parle pour d'autres raisons que celles évoquées, j'aime particulièrement ta dernière phrase: La maison sans nous, n'était plus qu'une maison

Tu racontes très, très bien, avec émotion, la douleur de quitter LA maison où on a vécu la plus grande partie de sa vie, où les enfants ont grandi, où tant de souvenirs se sont faufilés de partout.

Il y a des gens qui peuvent sans souci déménager une dizaine de fois sans état d'âme. Tu n'es pas de ceux-là, tu t'attaches et c'est là ton problème, ta qualité.

Tu me touches en plein coeur car dans pas très longtemps, nous devrons faire ce choix.
J'appréhende déjà !

Que j'aime la simplicité avec laquelle tu décris les émotions. On ne peut qu'être immédiatement projeté dans ton récit et cette maison dont tu parles, chacun de nous la reconnaît.

On s'attache beaucoup à sa maison,
il faut parfois longtemps sans avoir un serrement de coeur quand on repasse devant
ces lieux qui ont une autre vie sans nous ...

Belle interprétation de la consigne

Un très beau texte vraiment !