- La petite chinoise Pi Ying

Celle-là il faut absolument que je vous la raconte !

L’histoire de la rencontre de mon meilleur copain Fabian et de sa dernière copine.

Je dis dernière copine, mais Fabian est loin d’être un papillonneur collectionneur. Plutôt du genre timide, c’est surtout derrière son écran et via les réseaux sociaux qu’il entretient des relations et qu’il se lâche un peu. Sur la toile il a pas mal de copines, des filles qu’il connait et d’autres que Fabian n’a jamais rencontrées. Il semblerait que Fabian ait une lecture sensible, qu’il sait lire entre les lignes, et qu’il a les mots justes pour répondre aux confidences qu’elles ne manquent pas de lui faire. En bref, ce qu’il sort de son clavier les touche !

Un soir que Fabian était en « conversation » avec Iris, une de ses copines anonymes, il remarqua une ombre à l’étage d’en face. Derrière les stores fermés se profilait une magnifique silhouette féminine. Grande et fine, la silhouette se déplaçait dans l’appartement pour ensuite s’arrêter à une des fenêtres pour offrir à Fabian un profil de rêve. L’ombre croisa les mains derrière la nuque soulevant une masse de cheveux longs et adopta une posture cambrée qui projeta sur le store l’image nette et contrastée d’une femme sculptée comme une déesse. La netteté des contours laissait deviner que la femme était nue, car, d’après Fabian,  même le galbe et le bout des seins se projetaient sur le store. Puis, la lumière s’éteignit.

Encore remué par ce spectacle troublant, Fabian en fit part à Iris en pianotant sa sensuelle découverte sur le clavier, et c’est d’un doigt tremblant qu’il appuya sur la touche « envoi ».

Dis donc, plutôt que de reluquer une jolie femme qui a bien le droit de faire ce qu’elle veut chez elle, tu ferais mieux de te concentrer sur ton écran. Espèce de voyeur !  Lui répondit Iris.

L’appartement d’en face s’éclaira à nouveau. Cette fois l’ombre était de dos et moins nette. Elle se mit en mouvement et laissa glisser le long des bras un vêtement assez lourd qui dégagea les épaules et le bas du dos, puis l’ombre s’éloigna de la fenêtre…

Ouh ouh, tu es encore là ? Ou trop occupé à détailler ta voisine ?

Fabian rassura Iris, mais il ne put s’empêcher d’observer la lumière d’en face dans l’espoir de voir réapparaître l’ombre qui le fascinait.

Tu as l’air à la fois troublé et absent Fabian ! L’ombre t’aurait-elle envoûté ?

Fabian dut admettre qu’il avait l’esprit ailleurs et tous les sens en émoi.

Décidément, que ce soit sur un écran ou sur un store, c’est la projection plus que le réel que tu sembles vraiment apprécier, non ?

…. Fabian ne sut quoi répondre.

Fabian ? Il est peut- être temps de passer de l’autre côté.  Regarde par ta fenêtre, l’ombre, la petite chinoise, c’est moi.

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Virgul, tu pouvais en écrire davantage si tu avais eu envie...
J'aime bien l'idée en soi, mais je la trouve un peu trop "téléphonée", c'est le cas de le dire...
On devine très vite ce qui va se passer et cela c'est un peu dommage...
Un peu plus de suspense n'aurait pas été de trop...

Je trouve que c'est une intéressante manière de passer du virtuel au réel !

Amanda, tu as raison. J'ai hésité à poster mon texte. J'ai parfois des difficultés à trouver une lucarne de temps pour écrire et pourtant j'essaie de répondre le plus souvent possible aux consignes. Dans le cas présent cette "discipline littéraire" que je me suis imposée manquait d'inspiration. Un peu moins de 3000 caractères ... sans caractère!

C'est vrai qu'on devine un peu vite la fin. Pourtant je me suis bien amusée en lisant cette histoire.

Ton texte invite à une réflexion sur le pouvoir de l'image.Très jolie description de l'ombre qui fascine Fabian.