A. La brèche au milieu des coquelicots
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A. La brèche au milieu des coquelicots
« A quoi bon apprendre ce qui est dans les livres, puisque ça y est. » me répondit-elle du tac au tac ! Je me sentais tout à coup larguée. Je la regardai interrogative, mais déjà elle avait détourné la tête pour se replonger dans sa contemplation. Dès le début du cours, cette jeune élève avait attiré mon attention. Un rayonnement particulier émanait d’elle ; il y avait à la fois de la chaleur, de l’intelligence et une ouverture pleine de simplicité. Ses yeux étaient clairs et incroyablement expressifs. Elle montrait un vif intérêt pour le travail proposé, mais il y avait également une sorte d’émotion sous-jacente dans son attitude corporelle.
Pour cette journée de créativité un peu particulière, j’avais apporté deux tableaux. D’une part, une photo prise lors d’une exposition de sculptures en pleine nature. Elle représentait des personnages debout, dorés ou noirs, déambulant dans une prairie fleurie. Le pendant à cette image formait une représentation des « Coqueliots » de Monet, tableau sur lequel on voit, au premier plan, une femme et son enfant marchant à travers une prairie de coquelicots et, au loin, une haie d’arbres, une maison ainsi qu’une autre femme avec un enfant.
J’avais également apporté toute une pile de livres d’art à découvrir et à feuilleter. Le but de l’exercice consistait à observer les deux tableaux de coquelicots, puis à s’inspirer des différentes techniques utilisées par des artistes peintres ou sculpteurs anciens et modernes afin de créer à son tour son propre univers au moyen d’une peinture, d’un collage, d’un photo-montage, d’une sculpture. Libre à chacun de choisir son ou ses moyens d’expression, de travailler seul ou à plusieurs.
L’élément imposé, en tant que contrainte extérieure, était le coquelicot. Je souhaitais cependant aussi que chaque élève élabore son propre processus de création à partir d’un questionnement personnel sur une thématique particulière qui lui tenait à cœur. Celle-ci apporterait une dimension supplémentaire à l’œuvre créée de par sa présence sous-jacente.
Au premier abord, les élèves étaient perplexes. Quand j’avais imaginé cet exercice créatif, je savais que je devais leur laisser du temps pour apprivoiser le processus. Je les encourageais à prendre un moment pour écouter attentivement leur dialogue intérieur, percevoir ce qui se passait au fond d’eux au moment où j’énonçais l’exercice, puis d’utiliser ces émotions subtiles pour alimenter leur créativité.
Ils avaient toute la journée à disposition. Crayons de couleurs, aquarelles, peinture à l’huile, photos de toutes sortes, tissus, un coin avec de l’argile, du sable, de l’eau, des objets hétéroclites, recyclés ici et là…. Tout un coin de matériaux disposés dans diverses parties de la salle. Le lieu donnait également accès à un coin de verdure autour de la maison avec la possibilité d’aller chercher du matériel dans la nature.
L’important était de plonger dans le processus de création, de s’immerger totalement durant toute la journée, de prendre son temps, pleinement, pour explorer les divers matériaux, tester, et peu à peu laisser émerger du fond de soi-même ce quelque chose qui donnerait à leur œuvre une valeur particulière et personnelle.
Le résultat dépassa largement mes attentes. A la fin de la journée, les élèves avaient l’œil brillant, étonné, le cœur bouleversé par leurs propres créations. Une expérience qu’ils n’étaient pas prêts à oublier.
Quinze années après, elle m’invita à son premier vernissage, un sourire radieux illuminant son visage. Les yeux humides et le regard aussi clair que jadis, elle me confia que cet atelier artistique sur les coquelicots avait ouvert, chez elle, une brèche créative insoupçonnée.
Pour cette journée de créativité un peu particulière, j’avais apporté deux tableaux. D’une part, une photo prise lors d’une exposition de sculptures en pleine nature. Elle représentait des personnages debout, dorés ou noirs, déambulant dans une prairie fleurie. Le pendant à cette image formait une représentation des « Coqueliots » de Monet, tableau sur lequel on voit, au premier plan, une femme et son enfant marchant à travers une prairie de coquelicots et, au loin, une haie d’arbres, une maison ainsi qu’une autre femme avec un enfant.
J’avais également apporté toute une pile de livres d’art à découvrir et à feuilleter. Le but de l’exercice consistait à observer les deux tableaux de coquelicots, puis à s’inspirer des différentes techniques utilisées par des artistes peintres ou sculpteurs anciens et modernes afin de créer à son tour son propre univers au moyen d’une peinture, d’un collage, d’un photo-montage, d’une sculpture. Libre à chacun de choisir son ou ses moyens d’expression, de travailler seul ou à plusieurs.
L’élément imposé, en tant que contrainte extérieure, était le coquelicot. Je souhaitais cependant aussi que chaque élève élabore son propre processus de création à partir d’un questionnement personnel sur une thématique particulière qui lui tenait à cœur. Celle-ci apporterait une dimension supplémentaire à l’œuvre créée de par sa présence sous-jacente.
Au premier abord, les élèves étaient perplexes. Quand j’avais imaginé cet exercice créatif, je savais que je devais leur laisser du temps pour apprivoiser le processus. Je les encourageais à prendre un moment pour écouter attentivement leur dialogue intérieur, percevoir ce qui se passait au fond d’eux au moment où j’énonçais l’exercice, puis d’utiliser ces émotions subtiles pour alimenter leur créativité.
Ils avaient toute la journée à disposition. Crayons de couleurs, aquarelles, peinture à l’huile, photos de toutes sortes, tissus, un coin avec de l’argile, du sable, de l’eau, des objets hétéroclites, recyclés ici et là…. Tout un coin de matériaux disposés dans diverses parties de la salle. Le lieu donnait également accès à un coin de verdure autour de la maison avec la possibilité d’aller chercher du matériel dans la nature.
L’important était de plonger dans le processus de création, de s’immerger totalement durant toute la journée, de prendre son temps, pleinement, pour explorer les divers matériaux, tester, et peu à peu laisser émerger du fond de soi-même ce quelque chose qui donnerait à leur œuvre une valeur particulière et personnelle.
Le résultat dépassa largement mes attentes. A la fin de la journée, les élèves avaient l’œil brillant, étonné, le cœur bouleversé par leurs propres créations. Une expérience qu’ils n’étaient pas prêts à oublier.
Quinze années après, elle m’invita à son premier vernissage, un sourire radieux illuminant son visage. Les yeux humides et le regard aussi clair que jadis, elle me confia que cet atelier artistique sur les coquelicots avait ouvert, chez elle, une brèche créative insoupçonnée.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. La brèche au milieu des coquelicots
C'est une manière très originale d'aborder la consigne. Une histoire longue où on ne peut pas vraiment deviner la fin.
Ah si tous les profs avaient d'aussi belles idées pour aborder certains sujets avec leurs élèves!
Ah si tous les profs avaient d'aussi belles idées pour aborder certains sujets avec leurs élèves!
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. La brèche au milieu des coquelicots
Que ce serait bien si tous les professeurs étaient en mesure d'intéresser ainsi leurs élèves !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. La brèche au milieu des coquelicots
Elle a eu la chance de rencontrer ce professeur. Il suffit parfois de "tomber" sur la bonne personne pour trouver sa voie, son chemin.
Très beau récit, Mesange ! Merci.
Très beau récit, Mesange ! Merci.
FrançoiseB- Kaléïd'habitué
- Humeur : Sereine
Re: A. La brèche au milieu des coquelicots
Une belle histoire qui met en avant les profs qui font preuve de recherche pour susciter la créativité des élèves. J'aime beaucoup, je vote pour eux et je les encourage à continuer !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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