A. Chère Frida
+4
Nerwen
AlainX
Charlotte
Myrte
8 participants
Page 1 sur 1
A. Chère Frida
Ton nom, je l’ai lu, et je t’ai reconnue.
Mon regard ne peut se détacher de toi.
Je t’ai vue allongée sur ton lit. Un lit de souffrance à la casa azul,
La jambe mutilée, la colonne brisée, le bassin en morceaux, la tête soutenue par un bandeau de maintien et pourtant tu peins.
Tu peins la vie et les oiseaux, des bouquets, des petits singes, ton portrait.
Ton visage grave, tes yeux noirs et profonds, tes grands sourcils qui les soulignent et ce duvet sombre au-dessus de ta lèvre.
Tu peins les fleurs pour qu’elles ne meurent jamais. En couronnes colorées dans tes cheveux d’ébène. Sur tes robes longues mexicaines.
En corset et en fauteuil, tu peins.
Dans les verres de téquila, tu t’étourdis et tentes de noyer ton désespoir mais tu dis qu’il a appris à nager.
Alors tu peins.
Pour supporter les écarts de Diego, ton amour, tu peins.
Pour oublier les bébés qui ne sont pas nés, tu peins.
J’aurais aimé t’écrire une lettre aussi belle que tes tableaux, Frida Kahlo, comme un cadeau car la vie ne t’en a pas fait.
A l’école, on t’appelait la boiteuse.
Mais cela n’a pas suffit.
Il a fallu que ce tramway se mette en travers de ta route, en travers de ta vie avec cette barre de métal en travers de ton corps, pour te punir encore.
Pourtant la vie jaillit de tes doigts. Tes pinceaux font éclater la joie. La couleur explose. Tu découpes des pastèques rouges, entrouvres de pulpeuses papayes, tranches des oranges.
Clouée sur ton lit, le dos meurtri, en tête à tête avec ton reflet dans le miroir du plafond, tu écris ta vie du bout de ton pinceau.
Sur ton fauteuil roulant, dans une gangue de fer.
Le visage impassible, inondé de larmes, tu racontes ton extrême souffrance.
Des flèches plantées dans le dos du cerf blessé.
Tes bébés perdus dans un lit volant. Ton corps nu, recroquevillé sur le drap blanc, maculé de sang, dans ta main, des rubans rouges comme des cordons ombilicaux.
Tes images me happent et captivent mon esprit qui prend un malin plaisir à les disséquer. Elles m’émeuvent, me bouleversent par leur fascinante et cruelle beauté, me laissent pantelante et honteuse.
Frida, ma brune, ton regard me traverse, plein de pourquoi.
Pourquoi cette vie et pas une autre ?
Et ta question se répand en moi pour toutes les vies.
Pourquoi ce chemin ? Pourquoi ce destin ?
La réponse est dans les fleurs.
Dans ton jardin de roses tendres et piquantes.
Couleurs vives et luxuriance.
Jardin d’éden, jardin secret, paradis enfoui.
Tu disais : des pieds, pourquoi est-ce que j’en voudrais puisque j’ai des ailes pour voler ?
Oui tu volais au-dessus du monde, pleine de vie.
Tu planes encore aujourd’hui.
Sur ta dernière toile aux fruits murs et joufflus, tu as écrit Viva la vida !
Mon regard ne peut se détacher de toi.
Je t’ai vue allongée sur ton lit. Un lit de souffrance à la casa azul,
La jambe mutilée, la colonne brisée, le bassin en morceaux, la tête soutenue par un bandeau de maintien et pourtant tu peins.
Tu peins la vie et les oiseaux, des bouquets, des petits singes, ton portrait.
Ton visage grave, tes yeux noirs et profonds, tes grands sourcils qui les soulignent et ce duvet sombre au-dessus de ta lèvre.
Tu peins les fleurs pour qu’elles ne meurent jamais. En couronnes colorées dans tes cheveux d’ébène. Sur tes robes longues mexicaines.
En corset et en fauteuil, tu peins.
Dans les verres de téquila, tu t’étourdis et tentes de noyer ton désespoir mais tu dis qu’il a appris à nager.
Alors tu peins.
Pour supporter les écarts de Diego, ton amour, tu peins.
Pour oublier les bébés qui ne sont pas nés, tu peins.
J’aurais aimé t’écrire une lettre aussi belle que tes tableaux, Frida Kahlo, comme un cadeau car la vie ne t’en a pas fait.
A l’école, on t’appelait la boiteuse.
Mais cela n’a pas suffit.
Il a fallu que ce tramway se mette en travers de ta route, en travers de ta vie avec cette barre de métal en travers de ton corps, pour te punir encore.
Pourtant la vie jaillit de tes doigts. Tes pinceaux font éclater la joie. La couleur explose. Tu découpes des pastèques rouges, entrouvres de pulpeuses papayes, tranches des oranges.
Clouée sur ton lit, le dos meurtri, en tête à tête avec ton reflet dans le miroir du plafond, tu écris ta vie du bout de ton pinceau.
Sur ton fauteuil roulant, dans une gangue de fer.
Le visage impassible, inondé de larmes, tu racontes ton extrême souffrance.
Des flèches plantées dans le dos du cerf blessé.
Tes bébés perdus dans un lit volant. Ton corps nu, recroquevillé sur le drap blanc, maculé de sang, dans ta main, des rubans rouges comme des cordons ombilicaux.
Tes images me happent et captivent mon esprit qui prend un malin plaisir à les disséquer. Elles m’émeuvent, me bouleversent par leur fascinante et cruelle beauté, me laissent pantelante et honteuse.
Frida, ma brune, ton regard me traverse, plein de pourquoi.
Pourquoi cette vie et pas une autre ?
Et ta question se répand en moi pour toutes les vies.
Pourquoi ce chemin ? Pourquoi ce destin ?
La réponse est dans les fleurs.
Dans ton jardin de roses tendres et piquantes.
Couleurs vives et luxuriance.
Jardin d’éden, jardin secret, paradis enfoui.
Tu disais : des pieds, pourquoi est-ce que j’en voudrais puisque j’ai des ailes pour voler ?
Oui tu volais au-dessus du monde, pleine de vie.
Tu planes encore aujourd’hui.
Sur ta dernière toile aux fruits murs et joufflus, tu as écrit Viva la vida !
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Chère Frida
J'ai choisi ce personnage comme une évidence. Je ne sais pas dire pourquoi cette femme me fascine depuis que j'ai découvert son existence.
J'ai beaucoup aimé cet exercice. En écrivant, je m'adressais vraiment à Frida, je lui parlais, tout en essayant de la comprendre, de me mettre à sa place pour vivre ce qu'elle a enduré. Elle est pour moi un bel exemple d'amour inconditionnel de la vie malgré les vicissitudes. Et j'aime aussi le rôle qu'a joué l'art dans sa vie, qui l'a aidée à se battre.
J'ai beaucoup aimé cet exercice. En écrivant, je m'adressais vraiment à Frida, je lui parlais, tout en essayant de la comprendre, de me mettre à sa place pour vivre ce qu'elle a enduré. Elle est pour moi un bel exemple d'amour inconditionnel de la vie malgré les vicissitudes. Et j'aime aussi le rôle qu'a joué l'art dans sa vie, qui l'a aidée à se battre.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Chère Frida
Ton texte est émouvant et superbe. Il me donne l'envie d'en connaître un peu plus beaucoup sur cette femme sur cette artiste.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Chère Frida
Frida fut victime de la polio dans son enfance (comme moi…)
on l'appelait la boiteuse comme on m'a appelé le boiteux…
c'est une constante chez les polios d'avoir une énorme force de vie et de lutte sans fin.
Toute sa vie en est la démonstration.
Destin singulier qui lui fit devenir la maîtresse de Trotski, parmi d'autres aventures autant masculines que féminines.
Il faut dire que son mariage fut un fiasco…
André Breton, surréaliste, tomba amoureux d'elle… mais Frida préféra une relation très intime avec sa femme : Jacqueline Lamba. Des correspondances en témoignent. Pauvre André !
Cette femme est une battante qui ne cessait de peindre. Malgré bien des souffrances dans son corps.
Je me suis intéressé à elle il y a bien des années parce qu'un ami m'en avait parlé, vu qu'elle avait eu la polio…
Mais je dois dire que ton texte m'a permis des retrouvailles… elle était sortie de mon paysage depuis longtemps.…
on l'appelait la boiteuse comme on m'a appelé le boiteux…
c'est une constante chez les polios d'avoir une énorme force de vie et de lutte sans fin.
Toute sa vie en est la démonstration.
Destin singulier qui lui fit devenir la maîtresse de Trotski, parmi d'autres aventures autant masculines que féminines.
Il faut dire que son mariage fut un fiasco…
André Breton, surréaliste, tomba amoureux d'elle… mais Frida préféra une relation très intime avec sa femme : Jacqueline Lamba. Des correspondances en témoignent. Pauvre André !
Cette femme est une battante qui ne cessait de peindre. Malgré bien des souffrances dans son corps.
Je me suis intéressé à elle il y a bien des années parce qu'un ami m'en avait parlé, vu qu'elle avait eu la polio…
Mais je dois dire que ton texte m'a permis des retrouvailles… elle était sortie de mon paysage depuis longtemps.…
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Chère Frida
Très bel hommage à cette femme indomptable, une très grande artiste...
Il me tarde de savoir ce qu'elle te répondra.
Il me tarde de savoir ce qu'elle te répondra.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Chère Frida
J'ai eu aussi une pensée pour toi, Alain, en écrivant mon texte
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Chère Frida
Magnifique hommage à Frida Kahlo, que je connaissais à peine finalement. Tu m'as donné envie d'en connaître davantage sur sa vie.
Bravo et merci, Myrte !
Bravo et merci, Myrte !
FrançoiseB- Kaléïd'habitué
- Humeur : Sereine
Re: A. Chère Frida
Moi non plus je ne connaissais pas cette dame, je vais aller voir de plus près ses réalisations.
Si j'étais elle, j'aurais envie de te répondre car ta lettre est très bien écrite.
Si j'étais elle, j'aurais envie de te répondre car ta lettre est très bien écrite.
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Chère Frida
Bel hommage à une femme qui a affronté la vie avec courage et détermination. Une grande artiste, souvent méconnue que tu mets en lumière de très belle façon !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Chère Frida
J'avais lu sa biographie sur internet (tout au moins en partie, je n'avais pas vu qu'elle était aussi du club des polios) mais ta version pleine de couleur est un magnifique hommage à une femme hors du commun
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|