Litanie
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catsoniou
Sel.
Admin
Kz
July_C
Sherkane
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Litanie
Y a comme un goût amer en nous….
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille…
Le temps était pesant, immobile, lourd d’attente. Dans ce calme absolu et inquiétant la mer s’est mise à bouillonner, creusant en son sein un immense maelstrom.
Venues de profondeurs insondables la mer déversa des masses liquides protéiformes. Des jambes, des têtes, des bras prenaient naissance.
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille à marcher le long de la plage. Le soleil qui nous traversait se diffractait en autant d’arcs en ciel.
La mer s’est refermée, sa surface est redevenue calme et lisse. C’est le vent qui s’est mis à souffler. D’abord léger entrainant avec lui des gouttelettes de nous. Puis de plus en plus soutenu pour devenir tornade. Celle-ci nous a enveloppés, cinglés d’argile et de sable qui s’incrustaient en nous, indélébilement.
La tempête est passée. Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille restés debout, inexplicablement.
Ce fut le tour d’un soleil éclatant, brulant, pendant des jours et des jours. Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille séchant sur place, au corps durci et craquelé, aux pieds enracinés au sol. Devenus incapables d’avancer.
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille, pesants, immobiles, lourds d’attente….
Y a comme un goût amer en nous….
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille…
Le temps était pesant, immobile, lourd d’attente. Dans ce calme absolu et inquiétant la mer s’est mise à bouillonner, creusant en son sein un immense maelstrom.
Venues de profondeurs insondables la mer déversa des masses liquides protéiformes. Des jambes, des têtes, des bras prenaient naissance.
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille à marcher le long de la plage. Le soleil qui nous traversait se diffractait en autant d’arcs en ciel.
La mer s’est refermée, sa surface est redevenue calme et lisse. C’est le vent qui s’est mis à souffler. D’abord léger entrainant avec lui des gouttelettes de nous. Puis de plus en plus soutenu pour devenir tornade. Celle-ci nous a enveloppés, cinglés d’argile et de sable qui s’incrustaient en nous, indélébilement.
La tempête est passée. Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille restés debout, inexplicablement.
Ce fut le tour d’un soleil éclatant, brulant, pendant des jours et des jours. Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille séchant sur place, au corps durci et craquelé, aux pieds enracinés au sol. Devenus incapables d’avancer.
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille, pesants, immobiles, lourds d’attente….
Y a comme un goût amer en nous….
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Litanie
Je pourrais presque rejoindre Yvanne dans son message sur le post de la consigne...
Amer n'est pas assez puissant selon moi.... devant les images que tu offres....
Après un désastre, la désolation... pour ces âmes en peine....
Le soleil n'a pas le goût du bonheur à ce moment-là. C'est presque comme un affrontement de plus de la nature d'offrir un tel soleil après avoir imposé un tel désastre...
Amer n'est pas assez puissant selon moi.... devant les images que tu offres....
Après un désastre, la désolation... pour ces âmes en peine....
Le soleil n'a pas le goût du bonheur à ce moment-là. C'est presque comme un affrontement de plus de la nature d'offrir un tel soleil après avoir imposé un tel désastre...
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: Litanie
"Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille." J'ai beaucoup aimé cette répétition scandée de cette petite phrase. Cela ajoute à la poésie du texte.
Kz- Kaléïd'habitué
- Humeur : bonne
Re: Litanie
Si je ne connaissais pas la raison de l'œuvre de l'artiste, je jurerai qu'elle a été créé pour ton texte .
Il est d'une justesse, d'une musicalité et d'une poésie impressionnante
Il est d'une justesse, d'une musicalité et d'une poésie impressionnante
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Litanie
Je suis particulièrement touchée par le rythme de ton texte, et la répétition de la fameuse phrase "Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille." Je ne sais pas si c'est voulu, mais ça me fait penser à la chanson "nous étions vingt et cent, nous étions des milliers".
En dehors de cela, je suis saisie aussi par les images que tu proposes, des masses liquides protéiformes aux corps durcis et craquelés incapables d'avancer.
J'aime beaucoup.
En dehors de cela, je suis saisie aussi par les images que tu proposes, des masses liquides protéiformes aux corps durcis et craquelés incapables d'avancer.
J'aime beaucoup.
Sel.- Kaléïd'habitué
- Humeur : Entre bleu clair et bleu foncé
Re: Litanie
Ce texte magnifique me fait penser à Pompéï sans doute à cause de cette phrase :
Et j'aime cette répétition :
"Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille…" qui rappelle la chanson de Jean Ferrat ...
Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille séchant sur place, au corps durci et craquelé, aux pieds enracinés au sol. Devenus incapables d’avancer.
Et j'aime cette répétition :
"Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille…" qui rappelle la chanson de Jean Ferrat ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Litanie
Cette phrase à elle seule dénote la gravité de la situation. On pense à Nuit et brouillard, on lisant ce texte, on pense à Lampédusa et aux naufragers de chaque passage clandestin.Sherkane a écrit: "Nous étions dix, nous étions cent, nous étions mille."
J'ai lu ton texte avec un double sens. Les successions des différents états par lesquels passent tour à tour les corps, la mer, le soleil, la plage me laisse penser qu'après la tourmente viendra le calme et avec lui peur être l'espoir.
Pour finir, ton texte me vient comme une traduction du très beau chant de lutte et de résistance du peuple grec "Imaste dyo " de Mikis Théodorakis (traduit en français par Nous étions deux, nous étions trois, nous étions mille et vingt et trois, interprété par Georges Moustaki).
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Litanie
A moi aussi ce texte fait surgir la chanson de Ferrat dans ma tête.
Ce qui me frappe et ce qui est d'ailleurs dur justement c'est ton parti-pris de traiter la photo d'après les éléments de la nature, la tempête, le soleil, la chaleur.
Cela ajoute au poids de leurs malheurs...et c'est très beau !
Ce qui me frappe et ce qui est d'ailleurs dur justement c'est ton parti-pris de traiter la photo d'après les éléments de la nature, la tempête, le soleil, la chaleur.
Cela ajoute au poids de leurs malheurs...et c'est très beau !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Litanie
Toute l'impuissance que doivent ressentir les survivants d'un cataclysme dans cette image de personnages englués au sol après le déchaînement des éléments... J'aime beaucoup ton poème
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Litanie
Ce que j’aime beaucoup dans ce texte très bien écrit, c’est sa façon de décoller du réel pour aboutir au poètique, au fantastique, à l’insolite : une naissance dans la mer, comme celle de Vénus, mais suivi d’une pétrification définitive. Un texte bref, sans explication ni rationalisation et d’autant plus étrange. La litanie des Nous étions dix, nous étions cent… donne encore davantage de force.
lourds d’attente : belle expression.
Et comme le remarque Escandèlia, on peut trouver plusieurs sens à ce texte.
lourds d’attente : belle expression.
Et comme le remarque Escandèlia, on peut trouver plusieurs sens à ce texte.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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