Esclaves
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Amanda.
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Escandélia
Myriel
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Esclaves
Y a comme un goût amer en nous, un goût de souffrance au parfum de haine. Il y a peu encore, nous étions libres, libres de parcourir forets, savanes et déserts, libres de disposer de nos vies.
Et ils sont venus…
Arrivés de la mer, nous les avons pris pour des dieux, de magnifiques dieux blancs qui nous ont offert des cadeaux extraordinaires : des cauris, ces petits coquillages que l’on ne trouve que dans les mers du sud, de splendides colliers de pierres brillantes au soleil, du verre m’a-t-on dit, des couteaux aux lames scintillantes. En échange, nous leur avons ouvert nos vies, offert notre amitié, donné des femmes.
Mais hélas ils n’étaient pas des dieux, mais des êtres vils au cœur cupide. Ils en voulaient encore et toujours plus.
Ils ont attaqué nos villages avec leurs bâtons de feu. Nous ont emmenés tous, hommes, femmes, enfants, et même les vieillards. Ils nous ont enchaînés, fouettés, et entassés dans leurs immenses pirogues aux ailes blanches.
Nous avons passé des semaines en mer, ballottés par les flots, à fond de cale les uns sur les autres, ne sortant qu’une fois par jour pour prendre l’air. Certains sont morts, d’épuisement, de faim, de maladie ou de chagrin, et nous n’avons pu leur rendre hommage comme le voulaient nos traditions. Leurs corps furent jetés, sans cérémonie, dans l’immensité d’eau qui nous entourait et nous ne savons s’ils pourront un jour rejoindre les terres éternelles de nos ancêtres.
Au terme de cet éprouvant voyage, ils nous ont débarqués sur cette plage. Nous les fiers guerriers d’Afrique, nous allons être vendus comme du bétail, séparé de nos familles et condamnés à passer le reste de notre vie sous le joug de l’homme blanc.
Je ne chasserai plus le lion et l’éléphant pour prouver ma force, je ne danserai plus ma victoire autour du feu de mon village, je ne verrai plus le soleil se lever sur la savane et illuminer ma terre.
J’ai un goût amer en moi, le goût de la mer sur les lèvres, eau salée mêlée aux larmes de l’enfant dans mes bras, cet enfant qui ne saura jamais ce qu’est la liberté.
Et ils sont venus…
Arrivés de la mer, nous les avons pris pour des dieux, de magnifiques dieux blancs qui nous ont offert des cadeaux extraordinaires : des cauris, ces petits coquillages que l’on ne trouve que dans les mers du sud, de splendides colliers de pierres brillantes au soleil, du verre m’a-t-on dit, des couteaux aux lames scintillantes. En échange, nous leur avons ouvert nos vies, offert notre amitié, donné des femmes.
Mais hélas ils n’étaient pas des dieux, mais des êtres vils au cœur cupide. Ils en voulaient encore et toujours plus.
Ils ont attaqué nos villages avec leurs bâtons de feu. Nous ont emmenés tous, hommes, femmes, enfants, et même les vieillards. Ils nous ont enchaînés, fouettés, et entassés dans leurs immenses pirogues aux ailes blanches.
Nous avons passé des semaines en mer, ballottés par les flots, à fond de cale les uns sur les autres, ne sortant qu’une fois par jour pour prendre l’air. Certains sont morts, d’épuisement, de faim, de maladie ou de chagrin, et nous n’avons pu leur rendre hommage comme le voulaient nos traditions. Leurs corps furent jetés, sans cérémonie, dans l’immensité d’eau qui nous entourait et nous ne savons s’ils pourront un jour rejoindre les terres éternelles de nos ancêtres.
Au terme de cet éprouvant voyage, ils nous ont débarqués sur cette plage. Nous les fiers guerriers d’Afrique, nous allons être vendus comme du bétail, séparé de nos familles et condamnés à passer le reste de notre vie sous le joug de l’homme blanc.
Je ne chasserai plus le lion et l’éléphant pour prouver ma force, je ne danserai plus ma victoire autour du feu de mon village, je ne verrai plus le soleil se lever sur la savane et illuminer ma terre.
J’ai un goût amer en moi, le goût de la mer sur les lèvres, eau salée mêlée aux larmes de l’enfant dans mes bras, cet enfant qui ne saura jamais ce qu’est la liberté.
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
Re: Esclaves
Bien vu, le traitement de la consigne sous l'angle de l'esclavage ! Très bon texte.
Invité- Invité
Re: Esclaves
Pas sûr que les esclavagistes aient fait beaucoup de cadeaux à ces sujets qu'ils sont venu chercher ! Je n'imagine pas des esclaves ressemblant à ces silhouettes, je les aurais plutôt vu enchainés, avançant sous la menace du fouet. Beau texte cependant.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Esclaves
Je trouve l'angle de vue que tu as pris pour traiter la consigne très intéressant (je crois que c'est le seul texte qui parle d'esclavage) Et la forme de ton texte va parfaitement au contenu.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Esclaves
Moi aussi je pense que ton texte colle parfaitement avec l'esclavage, il est magnifique d'ailleurs !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Esclaves
Tout le drame de l'esclavage dans ton très beau texte .
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Esclaves
Texte traité du point de vue des esclaves, de ceux qui ont survécu à une vie de misère, de ceux qui en sont morts, en vivant comme des personnes à qui on a volé leur dignité.
Cette consigne a le chic de venir nous rappeler ce que la vie a de plus injuste, de douloureux et d'inhumain....
ça me noue le ventre tout cela... Car on sait que l'esclavage existe toujours... même si elle a pris d'autres formes...
Merci pour ce texte qui bouleverse et qui ne laisse pas indifférent.
Cette consigne a le chic de venir nous rappeler ce que la vie a de plus injuste, de douloureux et d'inhumain....
ça me noue le ventre tout cela... Car on sait que l'esclavage existe toujours... même si elle a pris d'autres formes...
Merci pour ce texte qui bouleverse et qui ne laisse pas indifférent.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: Esclaves
Un très beau texte. L'angle d'attaque par le biais de l'esclavage est intéressant. Mais ce que j'ai surtout aimé, c'est la qualité de l'écriture, la progression de la narration qui développe différents aspects du parcours chaotiques des esclaves, et puis la chute superbe de l'enfant qui ne connaîtra jamais la liberté.
J'aime bien lire un texte travaillé comme le tien, je me sens respecté comme lecteur et c'est une sensation très agréable. Bravo !
J'aime bien lire un texte travaillé comme le tien, je me sens respecté comme lecteur et c'est une sensation très agréable. Bravo !
Kz- Kaléïd'habitué
- Humeur : bonne
Re: Esclaves
Tu as raison kz : si les écrivains - ou prétendus tels - respectaient un peu plus leurs lecteurs parfois, nous serions moins envahis de livres qui ne servent qu'à eux bien souvent parce qu'ils utilisent ce système comme thérapie sur le dos de ceux qui les achètent.
Invité- Invité
Re: Esclaves
La consigne vue ainsi est très intéressante et cela m'amène à penser à ce que sont devenus les descendants de ces fiers guerriers d'Afrique, tout comme les Amérindiens qu'on a tenté d'exterminer. Aujourd'hui, en Amérique Centrale et plus au Sud, certains n'apportent-ils pas la preuve que l'émancipation est possible. Mais que de larmes et de sang pour apercevoir le bout du tunnel ...
Très, très bon texte
Très, très bon texte
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Esclaves
Ton récit « de l’intérieur » du drame de l’esclavage serre le cœur et la fin avec l’enfant, qui contrairement à l’adulte n’aura jamais connu la liberté, le rend encore plus poignant. Très beau texte et bien éccrit.
Escandèlia : les esclavagistes ne se ruinaient sûrement pas en cadeaux, mais ils attiraient les indigènes avec des verroteries et autres babioles qui semblaient sans doute somptueuses à ces malheureux
Escandèlia : les esclavagistes ne se ruinaient sûrement pas en cadeaux, mais ils attiraient les indigènes avec des verroteries et autres babioles qui semblaient sans doute somptueuses à ces malheureux
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Esclaves
J'ai beaucoup aimé la construction narrative de ton texte.
Offrir de la verroterie pour amadouer les chefs de tribus était une pratique courante. Manière abjecte de laisser penser qu'il y aurait une sorte d'échange « équitable».
Le texte est fort. Il aurait sans doute gagné en puissance aussi en évoquant l'esclavage moderne en 2015. Par exemple l'exploitation effarante des enfants pour fabriquer nos beaux Smartphones…
On a toujours tendance à penser que l'esclavage est terminé.
Au contraire, il n'a jamais été aussi florissant ayant pris de magnifiques formes de la modernité sur la planète…
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le fameux « commerce équitable »… où quelques uns font fortune en achetant nos consciences, mais ce serait un autre débat…
Offrir de la verroterie pour amadouer les chefs de tribus était une pratique courante. Manière abjecte de laisser penser qu'il y aurait une sorte d'échange « équitable».
Le texte est fort. Il aurait sans doute gagné en puissance aussi en évoquant l'esclavage moderne en 2015. Par exemple l'exploitation effarante des enfants pour fabriquer nos beaux Smartphones…
On a toujours tendance à penser que l'esclavage est terminé.
Au contraire, il n'a jamais été aussi florissant ayant pris de magnifiques formes de la modernité sur la planète…
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le fameux « commerce équitable »… où quelques uns font fortune en achetant nos consciences, mais ce serait un autre débat…
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: Esclaves
J'aime beaucoup, moi aussi, le choix que tu as fait de parler de l'esclavage, et ta façon de le faire. Les verroteries m'ont fait penser aux Amérindiens et la suite à l'Afrique, bien sûr. Je ne pense pas que cela desserve ton texte, au contraire. Cela le rend encore plus universel. Hélas, si j'ose dire.
Sel.- Kaléïd'habitué
- Humeur : Entre bleu clair et bleu foncé
Re: Esclaves
Un angle de la consigne intéressant car tu es la seule à l'avoir choisi. Beaucoup aimé et très bon texte très abouti comme l'on dit les autres
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
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