De Brutus en Roméo
+4
AlainX
Amanda.
Escandélia
catsoniou
8 participants
Page 1 sur 1
De Brutus en Roméo
Ah ! Je ne connais de la mer, ses tempêtes déchaînées que les images télévisuelles et j'ai du mal à imaginer une aventure vécue du haut de ce phare de la Jument … D'ailleurs, comment une jument serait-elle suffisamment saugrenue pour grimper tout en haut de cet escalier en colimaçon : pas le moindre brin d'herbe à grignoter. Quant à gambader, n'y songeons point, à moins d'aimer tourner en rond jusqu'à y perdre son latin …
Cependant, l'encerclement du phare par des vagues tourbillonnantes évoque pour le terrien ignare fort éloigné de toute rivière capricieuse des rapprochements hasardeux que toute lectrice ou lecteur sensé n'est nullement obligé de subir jusqu'au bout de cette page de lecture. Qu'il passe son chemin et continue jusqu'à la mer admirer la sombre colère des flots ombrageux et demeure dans l'ignorance du chêne mis à terre par un troupeau de brebis ivres de colère et chagrin …
Jean-Paul Sartre, victime d'une nausée à la descente du phare ébranlé par la véhémence d' Éole, n'écrivit-il pas : Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter ?
Né d'un gland échappé du bec d'un merle blanc, l'arbrisseau grandit en toute quiétude à l'abri d'une haie. Négligé par les chèvres friandes de jeunes pousses, il franchit sans encombres le cap de l'enfance et l'adolescence, prit le pas sur la végétation voisine et devint un arbre digne de ce nom. Chacune et chacun se félicitait de l'ombrage qu'il dispensait généreusement. Sauf les légumes du potager à qui il pompait sournoisement par le sous-sol les substances de fertilité ; rivés au sol par leurs racines, ceux-ci périclitaient sans se rebeller. Il n'en fut point de même pour Brutus, le bélier du champ voisin qui prit en grippe le rouvre vénérable : ses ouailles, pardon ouilles - brebis pour les néophytes de l'occitan limousin - prisaient fort l'ombrage du chêne, les glands à profusion permettant de varier le menu herbager quotidien. Cela va de soi, en ces moments de repos, elles n'étaient point réceptives aux avances du fougueux Brutus.
S'engagea alors une lutte larvée entre l'animal et le végétal, Brutus étant l'agresseur régulier de l'ennemi statique. Par des coups de boutoirs répétitifs, le bélier opiniâtre tentait d'ébranler l'arbre stoïque sans autre dommage que la chute de glands parvenus à maturité et feuilles tourbillonnantes.
Le front endurci par les rencontres brutales avec l'écorce n'empêchait point l'animal stupide de voir trente-six chandelles en plein jour et de se retrouver sur le cul, béat d'étourdissement.
Excédé par cette hostilité invétérée, le chêne patiemment ruminait sa vengeance avec les moyens du bord. Subrepticement, il cessa d'alimenter de sève sa branche maîtresse la plus basse non sans requérir la complicité d’Éole pour le moment opportun. De la coordination des éléments, découlait le succès de l'opération : branche morte, zéphyr puissant, bélier ombrageux devaient mettre un terme à la guerre.
Tête basse, brins de laine volant dans le vent furieux, recul suffisant, Brutus s'élança pour un assaut ultime. Blizzard violent, branche branlante, secousse du tronc à l'unisson vinrent à bout du belliqueux qui se retrouva les quatre fers en l'air pour l'éternité coiffé de bois comme son cousin le cerf.
Attirées par le grabuge, tels les moutons de Panurge, les ouilles encerclèrent la scène et du haut du champ, la ressemblance avec le phare assiégé par les vagues était frappante … Craignant que la folie ne gagne la gent ovine, dès le vent calmé, le propriétaire des lieux, un dénommé cats, mit fin à l'épisode par une intervention chirurgicale définitive à la tronçonneuse. Les légumes du potager reverdirent, les brebis oublièrent Brutus éclipsé par Roméo, jeune basco-béarnais au charme légendaire ...
Cependant, l'encerclement du phare par des vagues tourbillonnantes évoque pour le terrien ignare fort éloigné de toute rivière capricieuse des rapprochements hasardeux que toute lectrice ou lecteur sensé n'est nullement obligé de subir jusqu'au bout de cette page de lecture. Qu'il passe son chemin et continue jusqu'à la mer admirer la sombre colère des flots ombrageux et demeure dans l'ignorance du chêne mis à terre par un troupeau de brebis ivres de colère et chagrin …
Jean-Paul Sartre, victime d'une nausée à la descente du phare ébranlé par la véhémence d' Éole, n'écrivit-il pas : Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter ?
Né d'un gland échappé du bec d'un merle blanc, l'arbrisseau grandit en toute quiétude à l'abri d'une haie. Négligé par les chèvres friandes de jeunes pousses, il franchit sans encombres le cap de l'enfance et l'adolescence, prit le pas sur la végétation voisine et devint un arbre digne de ce nom. Chacune et chacun se félicitait de l'ombrage qu'il dispensait généreusement. Sauf les légumes du potager à qui il pompait sournoisement par le sous-sol les substances de fertilité ; rivés au sol par leurs racines, ceux-ci périclitaient sans se rebeller. Il n'en fut point de même pour Brutus, le bélier du champ voisin qui prit en grippe le rouvre vénérable : ses ouailles, pardon ouilles - brebis pour les néophytes de l'occitan limousin - prisaient fort l'ombrage du chêne, les glands à profusion permettant de varier le menu herbager quotidien. Cela va de soi, en ces moments de repos, elles n'étaient point réceptives aux avances du fougueux Brutus.
S'engagea alors une lutte larvée entre l'animal et le végétal, Brutus étant l'agresseur régulier de l'ennemi statique. Par des coups de boutoirs répétitifs, le bélier opiniâtre tentait d'ébranler l'arbre stoïque sans autre dommage que la chute de glands parvenus à maturité et feuilles tourbillonnantes.
Le front endurci par les rencontres brutales avec l'écorce n'empêchait point l'animal stupide de voir trente-six chandelles en plein jour et de se retrouver sur le cul, béat d'étourdissement.
Excédé par cette hostilité invétérée, le chêne patiemment ruminait sa vengeance avec les moyens du bord. Subrepticement, il cessa d'alimenter de sève sa branche maîtresse la plus basse non sans requérir la complicité d’Éole pour le moment opportun. De la coordination des éléments, découlait le succès de l'opération : branche morte, zéphyr puissant, bélier ombrageux devaient mettre un terme à la guerre.
Tête basse, brins de laine volant dans le vent furieux, recul suffisant, Brutus s'élança pour un assaut ultime. Blizzard violent, branche branlante, secousse du tronc à l'unisson vinrent à bout du belliqueux qui se retrouva les quatre fers en l'air pour l'éternité coiffé de bois comme son cousin le cerf.
Attirées par le grabuge, tels les moutons de Panurge, les ouilles encerclèrent la scène et du haut du champ, la ressemblance avec le phare assiégé par les vagues était frappante … Craignant que la folie ne gagne la gent ovine, dès le vent calmé, le propriétaire des lieux, un dénommé cats, mit fin à l'épisode par une intervention chirurgicale définitive à la tronçonneuse. Les légumes du potager reverdirent, les brebis oublièrent Brutus éclipsé par Roméo, jeune basco-béarnais au charme légendaire ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: De Brutus en Roméo
Brutus ! T'aurais pu choisir un bourricot au moins pour ton histoire ! La jument aurait été sauve.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: De Brutus en Roméo
Pas banal du tout ton histoire de bélier ! J'ai bien ri ! Et donc tu l'as bien racontée, comme une fable de Monsieur de La Fontaine !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: De Brutus en Roméo
De l'art de détourner la consigne tout en la respectant !
Rien que pour ça…
Et sinon, l'histoire est savoureuse.
Et puisqu'il est question de gland, comment ne pas évoquer ce cher Georges :
«comme un un bouc un bélier, une une bête 1 brute,
je suis hanté le rut, le rut le rut ! "
Rien que pour ça…
Et sinon, l'histoire est savoureuse.
Et puisqu'il est question de gland, comment ne pas évoquer ce cher Georges :
«comme un un bouc un bélier, une une bête 1 brute,
je suis hanté le rut, le rut le rut ! "
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: De Brutus en Roméo
ce bélier, c'est pour ça que je préfère les vaches.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: De Brutus en Roméo
Comment aborde-t-on une consigne ?
En fonction de la fée inspiration, bien sûr ...
Merci de vos coms pour cette histoire un peu hors sujet.
Et pour illustrer mon propos une vidéo :
http://www.gentside.com/b%E9lier/il-fait-un-tete-a-tete-avec-un-belier_art52710.html
En fonction de la fée inspiration, bien sûr ...
Ici, d'emblée, la photo et la phrase à insérer (incitative !) m'ont ramené à un fait récent : à mon grand regret, j'ai du mettre un terme à la vie du seul chêne de notre modeste propriété parce que son ampleur portait ombrage (c'est le cas de le dire ! ) à mon potager. Mais cela n'a pas été sans débat avec ma moitié qui voulait conserver l'arbre et néanmoins apprécie fort l'apport de légumes dans nos plats quotidiens.
Quant au bélier, il est le fruit de mon imagination ... Pas tout à fait cependant : Jeannot et Pierrot, cousin et collègue, m'ont raconté comment , par genoux et postérieurs interposés, ils ont pâti des assauts de leurs béliers
ombrageux !Quant au bélier, il est le fruit de mon imagination ... Pas tout à fait cependant : Jeannot et Pierrot, cousin et collègue, m'ont raconté comment , par genoux et postérieurs interposés, ils ont pâti des assauts de leurs béliers
Merci de vos coms pour cette histoire un peu hors sujet.
Et pour illustrer mon propos une vidéo :
http://www.gentside.com/b%E9lier/il-fait-un-tete-a-tete-avec-un-belier_art52710.html
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: De Brutus en Roméo
J'aime autant ta fiction que son explication !!!
Car même si fiction, c'est toujours tirée, quelque part au fond d'un sentiment ou d'une part de réalité.
Fée inspiration est très généreuse avec toi :-) :-)
Merci pour cette lecture !
Car même si fiction, c'est toujours tirée, quelque part au fond d'un sentiment ou d'une part de réalité.
Fée inspiration est très généreuse avec toi :-) :-)
Merci pour cette lecture !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: De Brutus en Roméo
une consigne très habilement détournée
Quelques phrases un peu longues mais l'ensemble est agréable à lire , d'autant que la forme du texte est tout aussi agréable
Quelques phrases un peu longues mais l'ensemble est agréable à lire , d'autant que la forme du texte est tout aussi agréable
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: De Brutus en Roméo
Et bien Cats, ni toi, ni moi ne sommes des marins ! Ça se saurait. Et du coup, ça se voit à notre façon d'appréhender la consigne.
Tu racontes tellement bien la guéguerre entre le chêne et le bélier que, encore une fois, on pense à l'illustre fabuliste à qui tu ne manques jamais de rendre hommage. Et tu t'y entends ! C'est enlevé, écrit facilement, bref, c'est très bon.
Ah ! J'ai aimé le clin d'œil au merle blanc !
Tu racontes tellement bien la guéguerre entre le chêne et le bélier que, encore une fois, on pense à l'illustre fabuliste à qui tu ne manques jamais de rendre hommage. Et tu t'y entends ! C'est enlevé, écrit facilement, bref, c'est très bon.
Ah ! J'ai aimé le clin d'œil au merle blanc !
Invité- Invité
Re: De Brutus en Roméo
Hors sujet ? Peut-être, c'est toi qui le dis. Mais c'est si bien raconté que j'applaudis bien fort. Chapeau pour l'introduction de la phrase imposée : c'est drôle et fait le lien avec la consigne.
Jean-Paul Sartre, victime d'une nausée à la descente du phare ébranlé par la véhémence d' Éole, n'écrivit-il pas : Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter ?
Jean-Paul Sartre, victime d'une nausée à la descente du phare ébranlé par la véhémence d' Éole, n'écrivit-il pas : Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter ?
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: De Brutus en Roméo
Au début, en imaginant la jument dans le phare, tu te places sur le terrain de l’humour débridé. Et contrairement aux autres texte, tu fais comme si le lecteur connaissait la consigne, qu’il n’est pas censé connaître. S’agissant d’humour et d’un texte qui s’adresse uniquement aux kalésiens, ce second degré en forme de clin d’œil est parfaitement admissible. Ensuite on a une fable très savoureuse, quoique sans morale.
Là où je trouve que ça pèche un peu, c’est dans l’articulation entre la présentation et l’histoire elle-même, à laquelle on passe brutalement. D’autre part, au lieu de la ressemblance avec le phare assiégé par les vagues était frappante, tu aurait pu en faire une métaphore mieux intégrée.
Quoiqu’il en soit, ce texte écrit dans un langage fleuri m’a bien fait rire. Mes passages préférés : le début avec la jument dans le phare, l’explication de l’état nauséeux de Sartre et encore coiffé de bois comme son cousin le cerf.
Et bien sûr, savoureux hors-sujet !
Là où je trouve que ça pèche un peu, c’est dans l’articulation entre la présentation et l’histoire elle-même, à laquelle on passe brutalement. D’autre part, au lieu de la ressemblance avec le phare assiégé par les vagues était frappante, tu aurait pu en faire une métaphore mieux intégrée.
Quoiqu’il en soit, ce texte écrit dans un langage fleuri m’a bien fait rire. Mes passages préférés : le début avec la jument dans le phare, l’explication de l’état nauséeux de Sartre et encore coiffé de bois comme son cousin le cerf.
Et bien sûr, savoureux hors-sujet !
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum