1815
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tobermory
silhène
Escandélia
Admin
8 participants
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1815
Ce vendredi matin-là était un jour particulier.
Le jour où le soleil avait rendez-vous avec la lune, le jour de l’éclipse.
Eclipse du verbe éclipser.
Eclipser quelqu’un, ça n’arrive pas tout le temps.
Mais éclipser le soleil, ça n’arrive que tous les 15 ? 20 ? 25 ans ? Je sais plus !
Drôlement fortiche Madame Lune de venir s’immiscer entre le soleil et nous les Terriens.
La veille, Monsieur Albert, notre instit’, nous avait bien tout expliqué avec montages photos et diapos.
Rouge d’excitation qu’il était, Monsieur Albert !
Monsieur Albert est un fou d’astres, pardon d’astronomie. Les étoiles, les planètes, ça l’excite à mort.
C’est son dada, son cheval de bataille.
La vie en télescope c’est pas du pipeau pour lui !
La précédente éclipse eut lieu en août 1999.
Simple, j’étais pas né.
Même pas un fœtus, ni un fétu de paille, nada, rien.
Moi, Martin, je suis né en 2OO4.
J’ai donc 11 ans et des poussières.
Poussières de lune, poussières d’étoiles, n’est-ce-pas, Monsieur Albert ?
Bref, pour faire court, ce vendredi-là, il a emmené toute la classe ( on est 25 ) à l’endroit le plus élevé de notre commune, à savoir, la Butte.
La Butte ? Ben voui, celle du Lion.
Le lion de Waterloo ! Waterloo, morne plaine…Waterloo 1815…
Là où Napo s’en est pris plein la figure ( et je reste poli !) à cause de Wells ( Wellington, général anglais) et de ses amis-alliés, tous contre Bona.
Après la bataille, le métal des canons a été fondu et c’est un gros lion qui est apparu, la tête tournée vers l’Angleterre et le derrière vers la France, qui, depuis ne sait plus à quel sein se vouer.
Voilà donc qu’on a monté les 226 marches qui mènent à la bête colossale ( 4,5 m de long, 4,45 m de haut) en suivant Monsieur Albert et son télescope.
Nous, on voyageait léger, lunettes spéciales comme pour un film en 3D et collation pour notre 1Oh. Moi, j’avais pris un « Lion » pour rester dans le ton.
Il faisait froid là-haut. Monsieur Albert nous avait prévenu : « La température va descendre, les oiseaux vont cesser de chanter et les vaches se coucher »
En fait de là-haut, on n’entendait rien du tout et pas la moindre vache à l’horizon.
Et du brouillard avec ça ! Même que je voyais pas mes potes disséminés autour de ce foutu lion et que Marcel, mon voisin, était transformé en boule d’ouate.
J’avais la pétoche.
Monsieur Albert a dit en scrutant le ciel « C’est l’heure, mettez vos lunettes ! » et sur ce il s’est couché à terre, aplati sur son télescope dirigé vers le ciel.
Dans le ciel, on n’a rien vu, rien de rien, nada…
Par contre, en contrebas, un vacarme épouvantable a retenti.
Des bruits de tambour, de trompettes, de raclements de sabots de chevaux et des tirs de canon.
Monsieur Albert, fort désappointé, a hurlé « Tous à terre ! »
C’est alors que le brouillard s’est levé et que nous avons pu apercevoir des centaines d’hommes en uniforme, baïonnette au canon, avancer dans un ordre précis, en carré, et au milieu sur son cheval blanc, Napoléon, coiffé de son bicorne.
C’était la répétition du bicentenaire de la bataille de Waterloo, qui sera célébrée ici en juin prochain.
Depuis, Monsieur Albert s’est consolé et il ne nous parle plus jamais d’éclipses.
Napoléon l’a éclipsée, et maintenant nous avons droit à des cours d’histoire napoléonienne. Des hussards, des fantassins et tout le toutim !
On murmure même que la classe va participer à la reconstitution en faisant de la figuration.
Le jour où le soleil avait rendez-vous avec la lune, le jour de l’éclipse.
Eclipse du verbe éclipser.
Eclipser quelqu’un, ça n’arrive pas tout le temps.
Mais éclipser le soleil, ça n’arrive que tous les 15 ? 20 ? 25 ans ? Je sais plus !
Drôlement fortiche Madame Lune de venir s’immiscer entre le soleil et nous les Terriens.
La veille, Monsieur Albert, notre instit’, nous avait bien tout expliqué avec montages photos et diapos.
Rouge d’excitation qu’il était, Monsieur Albert !
Monsieur Albert est un fou d’astres, pardon d’astronomie. Les étoiles, les planètes, ça l’excite à mort.
C’est son dada, son cheval de bataille.
La vie en télescope c’est pas du pipeau pour lui !
La précédente éclipse eut lieu en août 1999.
Simple, j’étais pas né.
Même pas un fœtus, ni un fétu de paille, nada, rien.
Moi, Martin, je suis né en 2OO4.
J’ai donc 11 ans et des poussières.
Poussières de lune, poussières d’étoiles, n’est-ce-pas, Monsieur Albert ?
Bref, pour faire court, ce vendredi-là, il a emmené toute la classe ( on est 25 ) à l’endroit le plus élevé de notre commune, à savoir, la Butte.
La Butte ? Ben voui, celle du Lion.
Le lion de Waterloo ! Waterloo, morne plaine…Waterloo 1815…
Là où Napo s’en est pris plein la figure ( et je reste poli !) à cause de Wells ( Wellington, général anglais) et de ses amis-alliés, tous contre Bona.
Après la bataille, le métal des canons a été fondu et c’est un gros lion qui est apparu, la tête tournée vers l’Angleterre et le derrière vers la France, qui, depuis ne sait plus à quel sein se vouer.
Voilà donc qu’on a monté les 226 marches qui mènent à la bête colossale ( 4,5 m de long, 4,45 m de haut) en suivant Monsieur Albert et son télescope.
Nous, on voyageait léger, lunettes spéciales comme pour un film en 3D et collation pour notre 1Oh. Moi, j’avais pris un « Lion » pour rester dans le ton.
Il faisait froid là-haut. Monsieur Albert nous avait prévenu : « La température va descendre, les oiseaux vont cesser de chanter et les vaches se coucher »
En fait de là-haut, on n’entendait rien du tout et pas la moindre vache à l’horizon.
Et du brouillard avec ça ! Même que je voyais pas mes potes disséminés autour de ce foutu lion et que Marcel, mon voisin, était transformé en boule d’ouate.
J’avais la pétoche.
Monsieur Albert a dit en scrutant le ciel « C’est l’heure, mettez vos lunettes ! » et sur ce il s’est couché à terre, aplati sur son télescope dirigé vers le ciel.
Dans le ciel, on n’a rien vu, rien de rien, nada…
Par contre, en contrebas, un vacarme épouvantable a retenti.
Des bruits de tambour, de trompettes, de raclements de sabots de chevaux et des tirs de canon.
Monsieur Albert, fort désappointé, a hurlé « Tous à terre ! »
C’est alors que le brouillard s’est levé et que nous avons pu apercevoir des centaines d’hommes en uniforme, baïonnette au canon, avancer dans un ordre précis, en carré, et au milieu sur son cheval blanc, Napoléon, coiffé de son bicorne.
C’était la répétition du bicentenaire de la bataille de Waterloo, qui sera célébrée ici en juin prochain.
Depuis, Monsieur Albert s’est consolé et il ne nous parle plus jamais d’éclipses.
Napoléon l’a éclipsée, et maintenant nous avons droit à des cours d’histoire napoléonienne. Des hussards, des fantassins et tout le toutim !
On murmure même que la classe va participer à la reconstitution en faisant de la figuration.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: 1815
Les vacances t'inspirent dis donc Je m'attendais à tout sauf à cette fin... Historique!
Et toujours ta plume saccadée, ta marque de fabrique, ben moi, ça me plait vachement
Et toujours ta plume saccadée, ta marque de fabrique, ben moi, ça me plait vachement
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: 1815
Merci Admin mais j'avais écrit avant mes vacances, c'est le poster qui met le plus de temps ici
C'est vrai que chez nous, on est dans une psychose totale avec en juin ( le 18 juin, le 19 et le 2O pour info) la célébration de ce bicentenaire. Waterloo a même financé un nouveau musée sur Napoléon et Wellington.
Ca va être un évènement historique ces commémorations de batailles !
C'est vrai que chez nous, on est dans une psychose totale avec en juin ( le 18 juin, le 19 et le 2O pour info) la célébration de ce bicentenaire. Waterloo a même financé un nouveau musée sur Napoléon et Wellington.
Ca va être un évènement historique ces commémorations de batailles !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: 1815
Je me demandais pourquoi le titre 1815. Un texte plein de rebondissement avec un fin très inattendue. Un bon divertissement que j'ai bien aimé lire.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: 1815
Si les cours d'histoire avaient été aussi intéressants que ton texte, sûr que j'aurais retenu les dates des batailles et autres évènements
A un moment j'ai cru que la classe basculait dans la 4ème dimension et se retrouvait vraiment sur le champ de bataille, mais ton explication est beaucoup mieux
A un moment j'ai cru que la classe basculait dans la 4ème dimension et se retrouvait vraiment sur le champ de bataille, mais ton explication est beaucoup mieux
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: 1815
Un texte super alerte, percutant et plein de verve. Plein de jeu avec les mots et d’expressions pittoresques
La vie en télescope : j’adore, on a l’impression que c’est un véhicule, et de fait, ça fait voyager.
Et comme Silhène, moi aussi j'ai cru un moment à une faille temporelle.
Il faisait froid là-haut. Monsieur Albert nous avait prévenu : « La température va descendre, les oiseaux vont cesser de chanter et les vaches se coucher : est-ce que cette butte ce serait le Mont Blanc de la Belgique ?
la tête tournée vers l’Angleterre et le derrière vers la France : les belges ont droit aux nobles rugissements du roi des animaux, les français, juste à ses étrons !
Je suis passé à Waterloo il y a pas mal d’année et j’ai gardé en mémoire un truc marrant : une pancarte au pied des marches : « interdit de monter au monument avec des frites ». C’était sans doute par solidarité avec Napo, lequel n’avait pas vraiment la frite lui non plus ce jour-là !
La vie en télescope : j’adore, on a l’impression que c’est un véhicule, et de fait, ça fait voyager.
Et comme Silhène, moi aussi j'ai cru un moment à une faille temporelle.
Il faisait froid là-haut. Monsieur Albert nous avait prévenu : « La température va descendre, les oiseaux vont cesser de chanter et les vaches se coucher : est-ce que cette butte ce serait le Mont Blanc de la Belgique ?
la tête tournée vers l’Angleterre et le derrière vers la France : les belges ont droit aux nobles rugissements du roi des animaux, les français, juste à ses étrons !
Je suis passé à Waterloo il y a pas mal d’année et j’ai gardé en mémoire un truc marrant : une pancarte au pied des marches : « interdit de monter au monument avec des frites ». C’était sans doute par solidarité avec Napo, lequel n’avait pas vraiment la frite lui non plus ce jour-là !
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: 1815
Merci pour vos comm's !
monter avec des frites, jamais vu cette pancarte, ce devait être à l'intention des Français
monter avec des frites, jamais vu cette pancarte, ce devait être à l'intention des Français
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: 1815
Vous n'invitez pas les Français pour les reconstitutions ? Bon. C'est vrai : on a pris une raclée mais nous étions seuls contre...combien d'armées ?
Allez. On ne va pas refaire l'histoire. C 'est comme d'habitude très enlevé et très agréable à lire.
Allez. On ne va pas refaire l'histoire. C 'est comme d'habitude très enlevé et très agréable à lire.
Invité- Invité
Re: 1815
J'aurai bien aimé des cours d'histoire de cette trempe-là !
Pour sûr que j'aurai mieux suivi en classe ^^
Mais on ne refait pas l'histoire ! ou presque pas !
Agréable moment de lecture!
Pour sûr que j'aurai mieux suivi en classe ^^
Mais on ne refait pas l'histoire ! ou presque pas !
Agréable moment de lecture!
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: 1815
Merci pour vos comm's.
@ Yvanne : si les Français participent, c'est un figurant français qui " joue" Napoléon.
Je pense que toutes les nationalités y seront ( celles de la bataille + les touristes)
Ce sera grandiose !
@ Yvanne : si les Français participent, c'est un figurant français qui " joue" Napoléon.
Je pense que toutes les nationalités y seront ( celles de la bataille + les touristes)
Ce sera grandiose !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: 1815
Quoi ? Que m'apprends-tu ? Un Français qui accepte d'assumer la défaite une seconde fois ? Oh ! le traître. Oh ! la honte.
Invité- Invité
Re: 1815
Comme silhène et July_C, j'aurais aimé ce style de cours
Excellent texte très relevé et je m'y croirais, c'est tellement bien raconté.
Excellent texte très relevé et je m'y croirais, c'est tellement bien raconté.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: 1815
J'ai adoré ce retour vers le futur et ces expressions imagées
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
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