Si j'étais....

Si j'étais une fleur je serais une fleur de tabac...
Ne me demandez pas pourquoi une fleur de tabac, c'est ma moitié qui a lâché cette réponse alors que je réfléchissais à la question à voix haute... D'après elle, la fleur de tabac grimpe haut, est tenace et lumineuse. Je dois ressembler à ça, en tout cas dans ses yeux. Je suis tenace, oui. Lumineuse ? Je n'en sais trop rien...

Si j'étais une couleur, je serais le bleu.
Parce que je porte très souvent du bleu, parce que j'apprécie le bleu pour son côté « passe-partout » dans le domaine vestimentaire, mais aussi et surtout parce que le bleu, c'est la couleur de la Méditerranée, c'est la couleur de cette mer qui baigne ma terre d'origine et enfin parce que le bleu c'est la couleur des cieux sous lesquels j'ai grandi, ce bleu qui vient se mêler intimement avec celui de la mer... Je serais ce bleu, cette union du ciel et de la mer.

Si j'étais un fruit, je serais un fruit d'été, une pêche bien mûre, à la peau gorgée de soleil et au jus dégoulinant le long d'une bouche gourmande. Une pêche cueillie un après-midi brûlant sur l'arbre et dégustée, calée sur la branche maîtresse, protégée de la chaleur par l'ombre des feuilles des pêchers environnants... Souvenir d'enfance au goût sucré, relent d'un bonheur sans tache, instant furtif et magique.

Si j'étais un arbre, je serais un olivier. Un vieil olivier noueux, solidement ancré dans le sol, aux racines profondes... Un arbre méditerranéen, l'arbre de mon enfance,  l'arbre de mes vacances en Grèce ou en Italie, un arbre fier et résistant, l'arbre qui nourrit, l'arbre qui rappelle d'où on vient, qui vous rattache à vos origines, celui qui fait qu'on se tient droit et qu'on avance, toujours fidèle à soi-même, malgré les embûches.

Si j'étais une épice, je serais … Mais pourquoi faut-il en choisir une ? Je serais un bouquet d'épices, aux senteurs multiples et variées... Je serais le cumin qui agrémente nombre de mes plats improvisés de dernière minute, je serais la cannelle qui adoucit et parfume les pâtisseries, je serais ce poivre noir qui vient relever un plat... Je serais une symphonie gustative, parce que je suis une touche-à-tout et une incorrigible gourmande.

Si j'étais une étoile, je serais l'étoile du Petit Prince, celle qui brille au firmament, celle sur laquelle on peut croiser l'improbable : un baobab soigneusement entretenu et une rose quelque peu capricieuse. Je serais cette étoile qu'on veut toujours atteindre, cette inaccessible lumière qui, une fois encore, fait avancer dans les moments difficiles, et qui joue les phares dans les tempêtes les plus féroces.

Si j'étais une émotion, je serais sans doute la colère... Pourquoi la colère ? Parce que je suis une impulsive, parce que je me mets facilement en colère contre les injustices de ce monde, contre la stupidité des hommes, contre l'hypocrisie de notre monde... Parce que je suis une grande râleuse, et que les gens qui me connaissent bien savent que c'est quand j'arrête de tempêter qu'il faut s'inquiéter...

Si j'étais un mot, je serais le courage (d'après ma moitié une fois encore). Je crois savoir pourquoi elle a lâché ce mot-ci sans l'ombre d'une hésitation. On me dit souvent que je suis courageuse, parce que je ne lâche pas le morceau facilement, parce que je me lance dans des projets insensés et qu'une fois que j'ai commencé il faut vraiment en faire beaucoup pour que j'abandonne. Comme je dis à mes élèves, « j'ai un côté pitbull ! »

Si j'étais un rêve, je serais un monde  de tolérance et de respect, un monde sans racisme, sans haine, un monde de compréhension. Oui, je sais, c'est utopique, mais bon, on est dans la catégorie « si j'étais un rêve ». Et puis qu'est-ce que je pouvais bien dire d'autre alors que je passe ma vie à me battre pour enseigner la tolérance et le respect, à essayer d'apprendre à mes élèves à réfléchir avant de cogner ?  Un monde de tolérance, de respect et d'écoute mutuelle, c'est ce que j'essaie de construire tous les jours, à ma toute petite échelle, dans ma salle de classe....

Si j'étais la terre, je serais comme la terre de Paul Eluard, « bleue comme une orange », et, pour continuer dans le rêve et dans la thématique Eluard « un rond de danse et de douceur ». Est-ce bien utile que j'explique le bleu ? Quant à l'orange, c'est un fruit gorgé de jus, un fruit qui m'évoque des desserts tout de fraîcheur sous un soleil puissant... La danse, c'est la joie de vivre, parfois teintée de mélancolie, et je peux tout autant tenir le rôle du boute-en-train de la paroisse que me terrer dans ma tanière telle un vieil ours mélancolique. Et la douceur, c'est ce que seuls ceux qui me connaissent bien, seuls ceux qui ont su se montrer assez patients pour que je les laisse approcher, ont pu trouver derrière la carapace protectrice.

Un portrait très méditerranéen...

L'intérêt de cette consigne est qu'elle est un bon moyen de faire connaissance. De ce point de vue ton texte m'a beaucoup intéressé. Je l'ai trouvé un peu "terre à terre", j'aurais aimé la même chose avec un peu plus de poésie.

Je te lis et je vois toute la méditerranée dans ton texte, tout cette chaude Provence qui illumine les yeux de mes filles.

Ta pêche m'a fait saliver, ton étoile m'a fait rêver , ta colère est saine et ton courage n'est plus à prouver .
Nul besoin de ce texte au parfum du coin qui t'a vue naître pour savoir que tu es une très belle personne

C'est vrai que tu vas droit au but, toi, pitbull méditerranéen aux saines colères, aimant le bleu comme moi, un olivier pareil...

J'adore l'idée du Petit Prince, je retrouve la littéraire dedans ainsi  que tes deux derniers paragraphes, très beaux !

Tout toi, quoi, Madeleine !

Tenace et lumineuse, la fleur de tabac sent aussi très bon ! Un texte qui exalte des sensations charnelles "... au jus dégoulinant le long d'une bouche gourmande..." et d'autres d'une très grande douceur malgré la révélation du côté pitbull (que je ne connaissais pas).

Merci de vos commentaires.

La pêche et l'étoile m'ont particulièrement plu. Elles arrondissent ta colère, un caractère entier doté d'un grand cœur.

J'aime bien quand ta moitié se mêle de la consigne! Cela serait amusant que cela soit un autre (qui nous est proche) qui nous décrive par cette consigne.

En tout cas, bien aimé la fleur de tabac. original!

On retrouve dans ce texte toutes tes racines et les pays méditerranéens si chers à ton coeur. Comment peux tu survivre à la région parisienne?

à la région parisienne ??  
tu as déménagé, mad ? dis moi pas que c'est pas vrai ^^

en dehors de ça, j'ai rigolé avec la colère, je vois parfaitement bien le type de regard noir que tu dois avoir quand tu joues au pitbull ^^
j'ai souri à la fleur de tabac, que j'aurais pu choisir.
j'ai remercié ta moitié, pour le courage.

enfin bref, j'ai aimé

@Pati: non, je n'ai pas déménagé, je suis toujours à 200km et des poussières de la région parisienne. Mais Sher n'a pas tort, j'ai fait un sacré grand écart géoraphique!
Merci de vos passages Sher', Virgul et Pati.

on en apprend sur toi c'est un délice