Si j'étais...

Si j’étais une fleur je serais celle qu’on ne cueillerait jamais mais qu’on prendrait le temps de contempler. Je me laisserais aimer pour mes couleurs aux éclats de soleil couchant. Je serais cette fleur qu’on laisserait vivre durant une douce saison où la chaude brise caresserait des pensées savoureuses.

Si j’étais une couleur j’attirerais les regards les plus tendres. J’effleurerais, malicieuse, chaque peau sur laquelle je danserais. J’ornerais les coins les plus ternes pour leur redonner un peu de lumière et j’attiserais de mon feu des brindilles en lueur de clairière.

Si j’étais un fruit, en abondance, je me déposerais sur chaque main et l'arôme sucré de mon corps en émanerait. Puis de chacune de mes effluves, je considérerais l’expression qui émergerait de tous et je me laisserais accueillir comme une compagne au creux du désir.

Si j’étais un arbre je serais un saule pleureur. Je cacherais de ma longue chevelure les larmes qui couleraient sur ma joue. J’abriterais tous les êtres qui voudraient du calme et du répit pour reprendre leur esprit lorsque celui s’égarerait. Je laisserais le vent me souffler l’importance de mon ancrage et je compatirais pour ceux sur mon passage.

Si j’étais une épice je pimenterais le quotidien pour que même dans les tous petits rien on y trouve des saveurs d’envie mijotées aux odeurs de l’ennui.

Si j’étais une étoile je serais filante dans le ciel obscur d’une nuit d’été. J’illuminerais chaque espoir des enfants dans l’attente de me surprendre. J’accompagnerais d’un air furtif des amoureux transits se découvrant un soir d’amour. Je laisserais surtout les vœux des hommes m’aborder dans leurs rêves silencieux.

Si j’étais une émotion je surgirais à tout bout de champ pour qu’on apprenne à m’accueillir. J’apprendrais à ceux qui feindraient de ne pas voir ma présence que je suis une amie qui console leur être. Et si je le pouvais je leur dirais sans crainte comment me reconnaître afin que leur vie ne soit plus du paraître.

Si j’étais un mot je continuerais à noircir quelques pages blanches pour dire tous ces silences que je découvre, accompagnés de tous ces regrets et leurs incertitudes. Je crierais au monde qui je suis et j’égrènerais de tout mon corps ce que je porte en moi et qui s’appelle Amour.

Si j’étais un rêve, je me blottirais dans le cœur des enfants et je leur insufflerais à l’orée de leurs doutes, au seuil de leurs déroutes toute la force de croire en eux. Je leur dessinerais quelques bras dans lesquels se réfugier puis leur esquisserais une curiosité afin de s’émerveiller encore et toujours ; même quand le temps pointera du doigt l’adulte qu’ils seront devenus.

Si j’étais la terre je ne pourrais pas me retenir : j’en appellerais à la Nature pour verser mes larmes de pluie et gronder d’un coup de tonnerre cette grande tristesse que je vis lorsque je reçois sur mon corps des persécutions qui me laissent des cicatrices. Je tremblerais chaque jour, chaque nuit pour dire à l’Homme dans quelle vague à l’âme je suis.



Je n'ai plus rien ce soir à ajouter, mais comme c'est la consigne, et bah voilà, j'ai fait ma phrase de fin.