Clara se souvient
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Escandélia
catsoniou
Nerwen
Mesange
8 participants
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Clara se souvient
Nom et prénom: Barbezat Clara
Age: 88
Profession: enseignante à la retraite
Milieu social: classe moyenne
Ville: Genève
Claire Barbezat, ancienne enseignante, 88 ans, s’apprête à témoigner dans une classe de 9e année au sujet du droit de vote des femmes en France. Arrière-grand-mère d’une des élèves de la classe, elle se souvient.
29 avril 1945. Je me rappelle. Je venais d’avoir 18 ans, et comme le droit de vote avait enfin été accordé aux femmes, j’allais pouvoir voter moi aussi pour la première fois de ma vie. Je me sentais importante, fière, chargée d’une mission : donner mon avis, contribuer au changement de la société en étant une citoyenne active, défendre mes idées. En classe, j’étais une passionnée lors des débats. Notre professeur d’histoire aimait à faire participer ses élèves aux discussions sur des thèmes délicats, complexes, ayant trait à la vie tels que l’euthanasie, l’avortement, le sort des vieux, les malades mentaux, etc. Il nous encourageait à prendre la parole, à exprimer nos idées. Moi d’ordinaire plutôt sage et studieuse, je me découvrais pleine de fougue. Mes tripes se réveillaient, je défendais l’opprimé, le rejeté, les joues en feu, la parole vigoureuse. Le 29 avril, oui, j’étais pleine d’émotions mêlées : fière, décidée, mais aussi pensive, réfléchie car mon acte allait avoir des conséquences pour nous tous ou certaines couches de la société. Je prenais conscience de la responsabilité de mon vote.
Clara Barbezat raconte ensuite comment elle a vécu ce grand jour du 25 avril 1945. Son récit est vivant, comme si, en se remémorant cet événement, elle retrouvait un peu de son énergie d’antan. Les élèves posent beaucoup de questions, elle y répond avec sincérité, humour et sagacité.
Avant de s’en aller, Clara dépose encore quelques pensées dans le cœur des jeunes, bâtisseurs de l’avenir comme elle aime à le dire.
Dans ma jeunesse, comme évoqué plus tôt, j’étais pleine de fougue, entière, défendant mes idées avec force et vigueur. Aujourd’hui, je me pose beaucoup de questions. Comment savoir si mon avis était « sensé »? Comment connaître les réelles conséquences d’un vote ? Bousculer : oui, mais …. Conserver : ok, mais …. Comment généraliser des thématiques qui touchent à l’individu, voire à la dignité humaine ? Comment créer une loi générale dans des situations où il faudrait une loi au cas par cas ? Qui me renseigne honnêtement sur les enjeux d’un vote sans jouer avec la corde de la peur ou du dénigrement de la partie adverse ? Pour ne citer que quelques exemples : comment savoir s’il faut dire stop à l’immigration ou non, si le taux de la TVA doit réellement être augmenté, s’il est judicieux de créer une caisse maladie unique, si tel homme est vraiment capable d’être à la tête de son Etat, capable de conduire un pays dans les bons comme dans les mauvaises périodes ? Chaque thème est subtil, complexe, relatif.
Pourquoi ne pas voter pour un état où les citoyens sont encouragés à réfléchir avant d’agir, où les fraudeurs et les profiteurs sont automatiquement perdants, où chacun est appelé à agir au plus près de sa conscience, avec une responsabilité engagée jusqu’au bout des conséquences de ses actes. Pourquoi ne pas créer des lois dans ce sens ? Et vous, que pensez-vous ?
Dans la salle, le silence est palpable. Clara regarde dans les yeux des élèves. Elle sait que ses mots ont touché. Elle n’attend pas de réponses dans l’immédiat ; les graines semées vont faire leur chemin.
Age: 88
Profession: enseignante à la retraite
Milieu social: classe moyenne
Ville: Genève
Claire Barbezat, ancienne enseignante, 88 ans, s’apprête à témoigner dans une classe de 9e année au sujet du droit de vote des femmes en France. Arrière-grand-mère d’une des élèves de la classe, elle se souvient.
29 avril 1945. Je me rappelle. Je venais d’avoir 18 ans, et comme le droit de vote avait enfin été accordé aux femmes, j’allais pouvoir voter moi aussi pour la première fois de ma vie. Je me sentais importante, fière, chargée d’une mission : donner mon avis, contribuer au changement de la société en étant une citoyenne active, défendre mes idées. En classe, j’étais une passionnée lors des débats. Notre professeur d’histoire aimait à faire participer ses élèves aux discussions sur des thèmes délicats, complexes, ayant trait à la vie tels que l’euthanasie, l’avortement, le sort des vieux, les malades mentaux, etc. Il nous encourageait à prendre la parole, à exprimer nos idées. Moi d’ordinaire plutôt sage et studieuse, je me découvrais pleine de fougue. Mes tripes se réveillaient, je défendais l’opprimé, le rejeté, les joues en feu, la parole vigoureuse. Le 29 avril, oui, j’étais pleine d’émotions mêlées : fière, décidée, mais aussi pensive, réfléchie car mon acte allait avoir des conséquences pour nous tous ou certaines couches de la société. Je prenais conscience de la responsabilité de mon vote.
Clara Barbezat raconte ensuite comment elle a vécu ce grand jour du 25 avril 1945. Son récit est vivant, comme si, en se remémorant cet événement, elle retrouvait un peu de son énergie d’antan. Les élèves posent beaucoup de questions, elle y répond avec sincérité, humour et sagacité.
Avant de s’en aller, Clara dépose encore quelques pensées dans le cœur des jeunes, bâtisseurs de l’avenir comme elle aime à le dire.
Dans ma jeunesse, comme évoqué plus tôt, j’étais pleine de fougue, entière, défendant mes idées avec force et vigueur. Aujourd’hui, je me pose beaucoup de questions. Comment savoir si mon avis était « sensé »? Comment connaître les réelles conséquences d’un vote ? Bousculer : oui, mais …. Conserver : ok, mais …. Comment généraliser des thématiques qui touchent à l’individu, voire à la dignité humaine ? Comment créer une loi générale dans des situations où il faudrait une loi au cas par cas ? Qui me renseigne honnêtement sur les enjeux d’un vote sans jouer avec la corde de la peur ou du dénigrement de la partie adverse ? Pour ne citer que quelques exemples : comment savoir s’il faut dire stop à l’immigration ou non, si le taux de la TVA doit réellement être augmenté, s’il est judicieux de créer une caisse maladie unique, si tel homme est vraiment capable d’être à la tête de son Etat, capable de conduire un pays dans les bons comme dans les mauvaises périodes ? Chaque thème est subtil, complexe, relatif.
Pourquoi ne pas voter pour un état où les citoyens sont encouragés à réfléchir avant d’agir, où les fraudeurs et les profiteurs sont automatiquement perdants, où chacun est appelé à agir au plus près de sa conscience, avec une responsabilité engagée jusqu’au bout des conséquences de ses actes. Pourquoi ne pas créer des lois dans ce sens ? Et vous, que pensez-vous ?
Dans la salle, le silence est palpable. Clara regarde dans les yeux des élèves. Elle sait que ses mots ont touché. Elle n’attend pas de réponses dans l’immédiat ; les graines semées vont faire leur chemin.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: Clara se souvient
J'aime ta manière originale d'aborder la consigne pour mettre l'accent sur l'aspect pédagogique du témoignage de ton héroïne. Aspect essentiel à une époque où les jeunes (femmes et hommes) se désintéressent de leur rôle de citoyens.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Clara se souvient
Clara est une personne d'une grande sagesse au regard de ce qui devrait être l'exercice du droit de vote.
Sa vision contraste singulièrement avec l'expression médiatique et politique qui assène des vérités (ou contre-vérités !) avec un grand aplomb en excluant l'appel à la réflexion pour celles et ceux qui vont glisser le bulletin dans l'urne...
Mais peut-être, est-ce différent à Genève ?
Sa vision contraste singulièrement avec l'expression médiatique et politique qui assène des vérités (ou contre-vérités !) avec un grand aplomb en excluant l'appel à la réflexion pour celles et ceux qui vont glisser le bulletin dans l'urne...
Mais peut-être, est-ce différent à Genève ?
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Clara se souvient
Un texte où l'éducation citoyenne a toute sa place. Et si on commençait d'abord par là ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Clara se souvient
Je trouve ton texte très original. Cette façon de témoigner auprès des jeunes nous permet de retrouver les émotions de la jeune femme qu'à été ton héroïne et de mesurer tout le chemin parcouru depuis.
De plus, ton texte est extrêmement bien écrit
Une classe de 9ème année , ça correspond à quoi ? Des troisièmes ( classe brevet) ?
De plus, ton texte est extrêmement bien écrit
Une classe de 9ème année , ça correspond à quoi ? Des troisièmes ( classe brevet) ?
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Clara se souvient
Je ne sais pas exactement à quoi correspond une classe de 9e par rapport au système scolaire français. Tout ce que je peux dire, c'est que les élèves ont entre 14 et 15 ans! En principe, ils sont en fin de cursus obligatoire. Ceux qui continuent commencent ensuite les trois années préparatoires au bac.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: Clara se souvient
Alors c'est bien ça, ça correspond à des 3 eme chez nous
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Clara se souvient
La sagesse de Clara qui ne prétend pas détenir la vérité et qui pousse au questionnement qui est un début d'engagement...
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Clara se souvient
A travers ce témoignage, on perçoit bien le parcours et l’évolution de Clara. Depuis l’euphorie du droit enfin reconnu jusqu’aux doutes et interrogations, mais en gardant l’espérance et m^me un salutaire brin d’utopie. Il faudrait beaucoup de citoyennes ( et citoyens) comme Clara.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Clara se souvient
Oui, ta Clara est un exemple et ton texte très important pour la prise de conscience des jeunes !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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