Les parfums d’Aranjuez
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Amanda.
Nerwen
6 participants
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Les parfums d’Aranjuez
Aranjuez ! Le mot évoque un célèbre concerto pour guitare et orchestre, mais, dans la chaude nuit madrilène, la musique se fait sourdine pour laisser éclater la symphonie des parfums.
Le moment est propice au rêve… Dans votre tête tournent encore des personnages de Velasquez que vous avez rencontrés au Prado dans l’après-midi…
Pour parcourir les jardins étagés, laissez-vous prendre par la main, peut-être par une jeune infante dont la robe à vertugadin effleurera les bordures odorantes, dégageant des senteurs de menthe à chaque frôlement…
Vous serez enveloppé d’un nuage d’odeurs dont, à l’instar de la composition d’un grand parfumeur vous pourrez distinguer, en note de tête, la fleur d’oranger, omniprésente, la plus volatile et la plus sucrée, mêlée au jasmin capiteux dont les lianes capricieuses enlacent des pergolas. En note de cœur, le chèvrefeuille au parfum intense, riche et velouté, cède dans certaines parties du jardin devant l’odeur légèrement poivrée des roses dont les buissons sont couverts. Enfin, la note de fond, musquée, qui persistera pendant des heures et vous accompagnera d’un sillage sensuel, vient de la profusion des sauges.
Au détour d’une allée vous passerez plus vite pour ne pas succomber à la fragrance lourde et capiteuse des daturas, cette belle vénéneuse distille en effet un parfum entêtant et soporifique digne des Mille et une Nuits. Entêtant aussi, aux dires de certains, le très accommodant Don Pedro de Noche, communément appelé chez nous « belle-de-nuit », dont les puissants effluves attirent le ballet incessant des pollinisateurs nocturnes…
Ne dit-on pas « enivré de parfums » ? Ivre, vous l’êtes au point de ne reculer devant aucun anachronisme, et, dans la magie d’Aranjuez, vous vous surprendrez à murmurer à l’oreille de l’infante :
Le moment est propice au rêve… Dans votre tête tournent encore des personnages de Velasquez que vous avez rencontrés au Prado dans l’après-midi…
Pour parcourir les jardins étagés, laissez-vous prendre par la main, peut-être par une jeune infante dont la robe à vertugadin effleurera les bordures odorantes, dégageant des senteurs de menthe à chaque frôlement…
Vous serez enveloppé d’un nuage d’odeurs dont, à l’instar de la composition d’un grand parfumeur vous pourrez distinguer, en note de tête, la fleur d’oranger, omniprésente, la plus volatile et la plus sucrée, mêlée au jasmin capiteux dont les lianes capricieuses enlacent des pergolas. En note de cœur, le chèvrefeuille au parfum intense, riche et velouté, cède dans certaines parties du jardin devant l’odeur légèrement poivrée des roses dont les buissons sont couverts. Enfin, la note de fond, musquée, qui persistera pendant des heures et vous accompagnera d’un sillage sensuel, vient de la profusion des sauges.
Au détour d’une allée vous passerez plus vite pour ne pas succomber à la fragrance lourde et capiteuse des daturas, cette belle vénéneuse distille en effet un parfum entêtant et soporifique digne des Mille et une Nuits. Entêtant aussi, aux dires de certains, le très accommodant Don Pedro de Noche, communément appelé chez nous « belle-de-nuit », dont les puissants effluves attirent le ballet incessant des pollinisateurs nocturnes…
Ne dit-on pas « enivré de parfums » ? Ivre, vous l’êtes au point de ne reculer devant aucun anachronisme, et, dans la magie d’Aranjuez, vous vous surprendrez à murmurer à l’oreille de l’infante :
« Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !... »
Chaque fleur s'évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !... »
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Les parfums d’Aranjuez
Merveilleux ce texte très poétique, on se laisse emporter !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Les parfums d’Aranjuez
J'adore la robe à vertugadin !
Ton texte me fait songer à un passage de Zola dans" la faute de l'abbé Mouret"où une femme meure au milieu de parfums de différentes fleurs:
"ne bougeant point, les mains jointes sur son coeur, elle continuait à sourire, elle écoutait les parfums qui chuchotaient dans sa tête bourdonnante";
Ton texte me fait songer à un passage de Zola dans" la faute de l'abbé Mouret"où une femme meure au milieu de parfums de différentes fleurs:
"ne bougeant point, les mains jointes sur son coeur, elle continuait à sourire, elle écoutait les parfums qui chuchotaient dans sa tête bourdonnante";
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: Les parfums d’Aranjuez
voici les odeurs qui nous font voyager. toute l'étendue de ta culture au service de ce bouquet d'odeurs ibériques... superbe
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: Les parfums d’Aranjuez
Un superbe bouquet de parfums qui éclate comme un feu d'artifice.
Invité- Invité
Re: Les parfums d’Aranjuez
Un texte superbe, surtout sur un thème aussi difficile. Un régal de lecture.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: Les parfums d’Aranjuez
Tu nous "décris" les différents parfums de fleurs avec une précision qui m'impressionne !
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
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