Esgourdes rajeunies

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Profonde vérité que ce proverbe turc  ...

Cependant, par expérience personnelle, j'en conclus qu'il ne suffit point de disposer d'une paire d'esgourdes  en bonne place en vue d'écouter, et mieux même entendre (!)  afin d'en tirer le profit qui s'impose. C'est à dire  distinguer l'origine du son, l'analyser et y répondre de façon appropriée, notamment quand il s'agit de paroles.

Bien sûr, s'il s'agit de pépiements d'oiseau et que vous confondez merle et moineau, pie ou geai, les intéressés passeront leur chemin et  ne s'offusqueront guère. Mais si les nuances du langage humain vous échappent suffisamment pour orienter votre éventuelle réponse, ou compréhension dans un sens quelque peu fantaisiste, on va jusqu'à s'interroger sur votre sens de l'a-propos …

Et cela peut conduire à se limiter à écouter, à défaut de véritablement entendre et en tirer des avantages certains. Par exemple,  maîtrise  des mimiques aidant,  une expression attentive, voir d'acquiescement par des signes d'approbation tangibles, rassure l'interlocuteur bavard, et permet en toute quiétude, de poursuivre sa rêvasserie …  Quant à l'interlocutrice insatiable, elle peut ne pas se contenter  de cet encouragement muet  et  exiger des réponses claires à des questions dont le sens vous échappe partiellement, voire, dans votre cerveau mal informé,  aiguillées sur une voie plus ou moins fantaisiste.

Au temps de l'information  véhiculée quasi exclusivement  par la presse écrite, quand télévision, cinéma, ordinateurs et autres téléphones fixes ou mobiles n'étaient pas encore inventés, une corne de vache eut suffi pour pallier à la déficience auditive ;  et donner, au sourd - pardon,  mal-entendant -,  une distinction  rappelant Ludwig Van Beethoven   utilisateur du  cornet acoustique, et néanmoins   musicien, chef d'orchestre et créateur de génie,  dont la surdité,  selon des spécialistes, a contribué à « sculpter sa musique ».

Aujourd'hui, le progrès a du bon … En l'occurrence, moyennant finances, il équipe celles et ceux qui sont durs de la feuille, de minuscules appareils high tech susceptibles de remplir des « fonctions révolutionnaires grâce à la technologie numérique ». Si de surcroît, c'est révolutionnaire, on comprendra que j'adhère …  
 
Ainsi, depuis trois jours, voilà que le clavier AZERTY accompagne la création de mots d'une petite musique, le chien a retrouvé une voix claire, l'eau émergeant du robinet me rappelle les ruisseaux de mon enfance, le dégrippant vole à mon secours pour en finir avec les grincements de porte inopportuns. Au loin, le croassement des corbeaux  se disputant le silence  de la campagne avec le ronflement des tracteurs occupés à je ne sais quelle tâche amène ma curiosité à s'interroger : mais qu'est-ce qu'ils peuvent grignoter et bricoler  par ce temps de sécheresse ?

Bref, on l'aura compris, mes économies vont subir une cure d'amaigrissement … Quelle importance ? A titre de compensation, retrouver des oreilles de vingt ans, enfin presque,  n'est-ce pas le pied ?  Grâce aux portugaises  ''désensablées'' et mon rajeunissement, ne pourrais-je, dans mes réponses,  me prévaloir de cette affirmation « la vérité sort de la bouche des enfants » … ?