A: Hors du temps

Un lien internet. Un mur Facebook. La souris fait défiler les photos. Un thème : « Hors du temps ». Ça y est, j’y suis ! Une série de clichés sur une maison familiale avant de la vider suite à sa mise en vente.

J’ai du glisser dans une faille temporelle. Des flashs des maisons familiales des deux côtés de mes grands-parents crépitent dans ma tête.

La petite chambre sous les toits. Un réveil lourd dans la main. Au centre, Mickey dont les bras font office d’aiguilles. Un tic-tac à réveiller les morts, une sonnerie à provoquer un AVC.

Le passage de la cave. L’odeur d’humidité si caractéristique de cette pièce au sol en terre battue. Les étagères ployant sous des bouteilles et des flacons vides et poussiéreux à souhait.

Le galetas au plancher regorgeant de puces qui n’attendaient que notre venue.

La pénombre du grenier malgré la lumière allumée. Une seule ampoule blafarde au centre se baladant nue au bout d’un fil. Le plancher aux lattes inégales, patiné par endroits. Et bien sûr, quelque part dans le fouillis de la pièce, l’inévitable malle de tout grenier digne de ce nom !

La vider de ses trésors. Un vieux téléphone rouillé. Des revues : l’Illustration, la Semaine de Suzette, les Veillées des Chaumières. Dans une boite à chaussures plusieurs paquets de lettres  serrées par un brin de laine. Bleue pour certains, rouge pour d’autres.

Dénouer la ficelle. Déplier avec précaution les lettres. Le papier rugueux sous la main ou à l’inverse un papier crissant comme une pelure d’oignon. L’odeur du passé.  

Des dates : mai 1909, janvier 1875… Des écritures à l’encre noire, toujours lisibles malgré l’empreinte du temps. Ecriture fine avec de grandes hampes et de grandes ambages. Ecriture ramassée, hâtive aux traits lourds d’encre.

Je glisse dans une autre faille temporelle au plus profond de mon passé et des miens.

Décidément, cette consigne et surtout cette photo nous a tous ramenés dans un passé lointain avec chacun une maison dont on se souvient. C'est un retour aux sources, les nôtre ou celles de nos parents peut-être, qui nous font le plus grand bien car elles ne sont  pas tristes, justes nostalgiques.
Il ne te reste plus qu'à plonger dans la lecture de ces lettres trouvées

J'aime l'ambiance que tu dépeins. Lire les lettres, retrouver les amours et parfois les choses beaucoup plus douloureuses comme la guerre par exemple, toutes ces choses qui disparaissent, et dont nos enfants n'auront plus trace, maintenant avec le téléphone, plus personne n'écrit . Feuilleter les vieilles revues, la semaine de Suzette, voilà qui me parle, je crois aussi en avoir trouvé dans le grenier à l'occasion d'un de mes furetages.
Comme le souligne Admin, dans chaque texte, tout le monde peut retrouver un bout de lui même. Merci à Plume pour l'idée de la consigne, et merci aux écrivants pour chaque témoignage aussi important.

Tes images réveillent d'autres images et odeurs chez moi. Que de trésors enfouis dans des maisons anciennes ayant vu défiler des générations. Se laisser glisser dans les failles de plus en plus profondes.... j'aime cette progression dans ton texte.

Posée-là comme une observatrice aguerrie des souvenirs d'un autre temps, j'observe et ressens par tes mots ces objets ressurgit du passé.
Je ne saurai jamais l'effet que cela fait de découvrir tout cela dans un grenier, mais tes mots et ceux des autres m'y invitent. Merci.

De janvier 1875 au mur Facebook, il y  a bien du chemin à parcourir et de quoi nourrir ton inspiration ...