A. Le perdreaumadaire
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Escandélia
catsoniou
Amanda.
tobermory
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A. Le perdreaumadaire
Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Ainsi vitupérait l’infortuné Perdreaumadaire quand sur le passage de la caravane à laquelle il appartenait, les chiens aboyaient, les moutons bêlaient, les chameaux blatéraient et déblatéraient et les hommes s’esclaffaient. Un dromadaire à tête de perdreau, trop drôle.
L’animal avait été conçu dans le cerveau embrumé par les fumées de narghilé et ramolli par les délices du harem d’un émir des états du golfe. A notre époque de flottes aériennes, s’était dit cet habitué de la jet-set, le chameau « vaisseau du désert», c’était un peu dépassé. Au pays des tapis volants, le temps était venu des camélidés aériens, plus rapides que les traditionnels chameaux et dromadaires avançant sabot après sabot, et plus adaptés à la géographie que les avions proprement dits, qui avec la panne de ST EX en plein Sahara, avaient fait la preuve de leur inadaptation.
Notre émir avait donc imaginé un dromadaire nanti d’une paire d’ailes, façon Pégase ou dans la lignée des Mille et une nuit. Il confia la réalisation à une équipe de biologistes grassement rémunérés en pétrodollars. Ces derniers n’eurent bien sûr aucun mal à trouver des gènes de dromadaire, quand aux gènes de volatile, ils les prélevèrent dans une barquette de perdreau au choux commandé chez Picard. Hélas, l’animal qui sortit de leurs éprouvettes et de leurs manipulations génétiques n’était pas un dromadaire volant, mais un dromadaire jusqu’au cou et ensuite, une tête de perdreau ordinaire, sauf que sa taille était à l’échelle du corps
Très mécontent, le roi du pétrole vendit le ratage à un caravanier. Comme on l’a dit, le pauvre monstre ne rencontrait que quolibets et vexations sur son passage. Encore s’il avait pu souffler entre deux, mais au sein même de sa caravane, les autres bestiaux le regardaient de travers , lui faisaient des croche-patte, lui envoyaient des coups de boule, le conchiaient et compissaient, ce qui leur permettait de le traiter élégamment de « vécé du désert ».
Un tel spécimen de camélidé à tête de perdiciné ne pouvait qu’être schizophrène. Tandis que le corps appréciait le sable brûlant, la tête, elle, soupirait après les bocages, taillis et les champs de blé. Et comme c’est la tête qui commande, elle poussa l’animal à fausser compagnie pour voguer vers la France. Une fois arrivé, le perdreaumadaire ne put toutefois profiter longtemps de notre beau terroir. Des coups de feu retentissaient un peu partout dans la campagne et il eut beau tenter de se cacher derrière les haies, sa tête de perdreau surmontant le corps de l’imposant quadrupède dépassait toujours. Un chasseur la vit et murmura « Ben dis-donc vise un peu le bestiau, çui- là, on peut pas dire que c’est pas un perdreau de l’année ! Et pour viser, il visa, et envoya quelques volées de chevrotines à la tête prometteuse de volaille pour tout l’hiver. La tête disloquée par les plomb, il ne restait que le corps de dromadaire. « Vingt Guieux », dit le chasseur j’aurions juré que c’était un perdreau ! » Mais en fait il n’était pas si surpris que ça :au cours de ses parties de chasse dominicales , persuadé d’avoir tiré des compagnies de perdreaux, il avait déjà abattu un cheval, une vache, un âne et un lama, alors un dromadaire…
« Tant pis pour lui, l’avait qu’à rester dans son pays ! » , telle fut l’oraison funèbre de l’unique spécimen de perdreaumadaire.
Ainsi vitupérait l’infortuné Perdreaumadaire quand sur le passage de la caravane à laquelle il appartenait, les chiens aboyaient, les moutons bêlaient, les chameaux blatéraient et déblatéraient et les hommes s’esclaffaient. Un dromadaire à tête de perdreau, trop drôle.
L’animal avait été conçu dans le cerveau embrumé par les fumées de narghilé et ramolli par les délices du harem d’un émir des états du golfe. A notre époque de flottes aériennes, s’était dit cet habitué de la jet-set, le chameau « vaisseau du désert», c’était un peu dépassé. Au pays des tapis volants, le temps était venu des camélidés aériens, plus rapides que les traditionnels chameaux et dromadaires avançant sabot après sabot, et plus adaptés à la géographie que les avions proprement dits, qui avec la panne de ST EX en plein Sahara, avaient fait la preuve de leur inadaptation.
Notre émir avait donc imaginé un dromadaire nanti d’une paire d’ailes, façon Pégase ou dans la lignée des Mille et une nuit. Il confia la réalisation à une équipe de biologistes grassement rémunérés en pétrodollars. Ces derniers n’eurent bien sûr aucun mal à trouver des gènes de dromadaire, quand aux gènes de volatile, ils les prélevèrent dans une barquette de perdreau au choux commandé chez Picard. Hélas, l’animal qui sortit de leurs éprouvettes et de leurs manipulations génétiques n’était pas un dromadaire volant, mais un dromadaire jusqu’au cou et ensuite, une tête de perdreau ordinaire, sauf que sa taille était à l’échelle du corps
Très mécontent, le roi du pétrole vendit le ratage à un caravanier. Comme on l’a dit, le pauvre monstre ne rencontrait que quolibets et vexations sur son passage. Encore s’il avait pu souffler entre deux, mais au sein même de sa caravane, les autres bestiaux le regardaient de travers , lui faisaient des croche-patte, lui envoyaient des coups de boule, le conchiaient et compissaient, ce qui leur permettait de le traiter élégamment de « vécé du désert ».
Un tel spécimen de camélidé à tête de perdiciné ne pouvait qu’être schizophrène. Tandis que le corps appréciait le sable brûlant, la tête, elle, soupirait après les bocages, taillis et les champs de blé. Et comme c’est la tête qui commande, elle poussa l’animal à fausser compagnie pour voguer vers la France. Une fois arrivé, le perdreaumadaire ne put toutefois profiter longtemps de notre beau terroir. Des coups de feu retentissaient un peu partout dans la campagne et il eut beau tenter de se cacher derrière les haies, sa tête de perdreau surmontant le corps de l’imposant quadrupède dépassait toujours. Un chasseur la vit et murmura « Ben dis-donc vise un peu le bestiau, çui- là, on peut pas dire que c’est pas un perdreau de l’année ! Et pour viser, il visa, et envoya quelques volées de chevrotines à la tête prometteuse de volaille pour tout l’hiver. La tête disloquée par les plomb, il ne restait que le corps de dromadaire. « Vingt Guieux », dit le chasseur j’aurions juré que c’était un perdreau ! » Mais en fait il n’était pas si surpris que ça :au cours de ses parties de chasse dominicales , persuadé d’avoir tiré des compagnies de perdreaux, il avait déjà abattu un cheval, une vache, un âne et un lama, alors un dromadaire…
« Tant pis pour lui, l’avait qu’à rester dans son pays ! » , telle fut l’oraison funèbre de l’unique spécimen de perdreaumadaire.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Le perdreaumadaire
C'est l'ouverture de la chasse qui t'a inspiré Tober ? Ils sont très maladroits chez toi, les chasseurs !
Ton bestiau persan m'a rappelé un autre père cent. J'ai donc exhumé celui de JM - oui, oui, il l'a gardé - et je n'y ai pas trouvé de perdromadaire ni de perabosse non plus d'ailleurs.
Le nom publicitaire de la barquette de chez Picard exportée était hiberdreau non ?
Ton bestiau persan m'a rappelé un autre père cent. J'ai donc exhumé celui de JM - oui, oui, il l'a gardé - et je n'y ai pas trouvé de perdromadaire ni de perabosse non plus d'ailleurs.
Le nom publicitaire de la barquette de chez Picard exportée était hiberdreau non ?
Invité- Invité
Re: A. Le perdreaumadaire
Je suis écroulée de rire, quelle trouvaille !
Je n'irai plus jamais chez Picard ( j'y vais déjà rarement) sans penser à toi !
La chute se veut raciste mais en pure dérision, le chasseur n'en sort pas avec les honneurs !
Simple :
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Le perdreaumadaire
Ouf ... tober commençait à nous manquer !
Je n'en suis pas autrement surpris : il était sur la piste du perdreaumadaire qui, on s'en doute, ne se trouve pas sous le pied du premier cheval venu.
Je me sens obligé à un malheureux constat : les chiens aboient, la caravane passe, le chasseur un peu myope tire et c'en est fini de cet animal qui eut défrayé la chronique kaléïdoplumienne...
Il ne reste plus à tober qu'à partir en chasse et je suis persuadé qu'il atterrira sur la 359 avec une nouveauté qui ne sera pas piquée des vers !
Dans l'attente, je ne peux que
Je n'en suis pas autrement surpris : il était sur la piste du perdreaumadaire qui, on s'en doute, ne se trouve pas sous le pied du premier cheval venu.
Je me sens obligé à un malheureux constat : les chiens aboient, la caravane passe, le chasseur un peu myope tire et c'en est fini de cet animal qui eut défrayé la chronique kaléïdoplumienne...
Il ne reste plus à tober qu'à partir en chasse et je suis persuadé qu'il atterrira sur la 359 avec une nouveauté qui ne sera pas piquée des vers !
Dans l'attente, je ne peux que
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Le perdreaumadaire
Je suis scotchée par ton texte, comme dit Cats, tu commençais à nous faire languir. Pour ton perdromadaire, la prochaine fois, choisis un vivant plutôt qu'un surgelé, on avait déjà été blousé par les steack roumain, alors forcément un cerveau surgelé de chez Picard, ça ne pouvait pas marcher, t'aurais dû te méfier !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Le perdreaumadaire
Tober, un retour en fanfare avec ce texte où j'ai retrouvé avec plaisir ton humour et l'originalité de tes "créations". Commencer dans l'ambiance des Mille et Une Nuits et finir dans celle de Tartarin de Tarascon, il faut oser !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Le perdreaumadaire
Une sacrée imagination Tober! Un grand plaisir de te relire ici!
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Le perdreaumadaire
J'ai rigolé du début à la fin, et quelle imagination! Trouvailles et jeux de mots à un rythme effréné. Un très très bon moment de lecture.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Le perdreaumadaire
Quelle imagination, quelle verve et des clins d'œil subtiles à qui sait les repérer.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. Le perdreaumadaire
Je suis très en retard, mais quand même, merci pour vos commentaires et un petit mot à l'occasion de ma rentrée sur Kalé. Je suis très content d'avoir repris le collier de Kalé après une absence de presque tout l'été et pour laquelle je n'ai pas de raison vraiment valable à invoquer, même pas la canicule, qui a été plus tempérée dans notre sud que dans d'autres régions. En fait, j'ai été victime d'une grosse poussée de flemme fièvre estivale. J'ai sauté un ou deux jeux et ensuite, je n'arrivais plus à m'y remettre. Les sujets ne m'inspiraient pas, alors qu'ils étaient aussi bons que les précédents. Pour moi l'écriture est largement une affaire de régularité, quand j'interromps, tout me parait difficile, alors que quand je suis dans le bain je trouve pratiquement toujours l'inspiration ( bonne ou mauvaise, ça c'est autre chose). Donc j'espère que maintenant que j'ai remis le pied à l'étrier, je ne me laisserai pas désarçonner. Et c'est un grand plaisir d'écrire avec vous tous.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Le perdreaumadaire
Et nous, rassure-toi on ne t'en veut pas, chacun a eu ses "absences" cet été.
Mais je suis ravie de ton retour et c'est toujours un plaisir de te lire car tes textes sont toujours de qualité ! Ne lâche pas alors !
Mais je suis ravie de ton retour et c'est toujours un plaisir de te lire car tes textes sont toujours de qualité ! Ne lâche pas alors !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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