A. Au bord du monde.
5 participants
Page 1 sur 1
A. Au bord du monde.
Il y a comme un caresse sur ma nuque, un souffle. Et un sourire me vient. Douceur.
Victor le berger est parti la semaine dernière.
Et dans mon esprit il va pouvoir s'assoir sur cette terrasse, à cette table, avec Albert, mon père, pour discuter de la marche du monde. Le pédagogue et le paysan. Meneurs de troupeaux au cœurs immenses. Leurs vies n'auraient pu être plus différentes, plus dissemblables, et pourtant. Avec quelques années d'écart ils ont eu l'enfance libre des gosses de la campagne. Victor entre deux guerres, Albert naissant au début de la seconde. Tous deux purs produits de leur temps, façonnés par la volonté de faire bien.
Faire bien pour Victor et il se battra contre l'envahisseur, courant le maquis. Et puis donnera de son temps, de sa personne, de ses idées, aux habitants de sa commune pour l'ouvrir au monde.
Faire bien pour Albert ce fut échapper à sa mère, à la chape de la religion pour offrir aux autres sa capacité de travail au service d'une éducation ouverte, intelligente, démocratique, respectueuse.
Le hasard d'une mutation, le désir d'aller vers l'autre et ils se sont croisés. Ils se sont assis et ils ont commencé à parler, à partager. Respect. Amitié. Presque 40 ans de fidélité que seule la mort d'Albert, si jeune encore, si plein de projets inachevés, sauver le monde, à mis en suspend.
Victor a continué sa route jusqu'au grand âge, nous parlant d'Albert, de leurs dialogues, les continuant peut être dans sa tête, quand nous nous buvions un verre avec lui chaque été.
Ils ont partagé les coups que la vie leur a asséné, la perte de si proches, l'inquiétude pour les leurs, pour ce monde à la dérive. Ils se sont réjouis d'un monde plus grand, plus multiple. Ils étaient des phares, des rocs qui disaient la force de la réflexion, de la curiosité, la joie de l'échange.
Albert, Victor, après avoir effectué leur promenade, les mains dans le dos pour papa, le béret visé sur le crane pour Victor, le tour de leur "domaine", par les chemins caillouteux, dans les collines sèches et odorantes, vont s'assoir à cette table, l'un à droite, l'autre à gauche, tournés vers le monde.
Le monde qu'il vont continuer à refaire, nous soufflant doucement:
"Agissez, agissez, c'est vous qui donnerez du sens à l'avenir".
Victor le berger est parti la semaine dernière.
Et dans mon esprit il va pouvoir s'assoir sur cette terrasse, à cette table, avec Albert, mon père, pour discuter de la marche du monde. Le pédagogue et le paysan. Meneurs de troupeaux au cœurs immenses. Leurs vies n'auraient pu être plus différentes, plus dissemblables, et pourtant. Avec quelques années d'écart ils ont eu l'enfance libre des gosses de la campagne. Victor entre deux guerres, Albert naissant au début de la seconde. Tous deux purs produits de leur temps, façonnés par la volonté de faire bien.
Faire bien pour Victor et il se battra contre l'envahisseur, courant le maquis. Et puis donnera de son temps, de sa personne, de ses idées, aux habitants de sa commune pour l'ouvrir au monde.
Faire bien pour Albert ce fut échapper à sa mère, à la chape de la religion pour offrir aux autres sa capacité de travail au service d'une éducation ouverte, intelligente, démocratique, respectueuse.
Le hasard d'une mutation, le désir d'aller vers l'autre et ils se sont croisés. Ils se sont assis et ils ont commencé à parler, à partager. Respect. Amitié. Presque 40 ans de fidélité que seule la mort d'Albert, si jeune encore, si plein de projets inachevés, sauver le monde, à mis en suspend.
Victor a continué sa route jusqu'au grand âge, nous parlant d'Albert, de leurs dialogues, les continuant peut être dans sa tête, quand nous nous buvions un verre avec lui chaque été.
Ils ont partagé les coups que la vie leur a asséné, la perte de si proches, l'inquiétude pour les leurs, pour ce monde à la dérive. Ils se sont réjouis d'un monde plus grand, plus multiple. Ils étaient des phares, des rocs qui disaient la force de la réflexion, de la curiosité, la joie de l'échange.
Albert, Victor, après avoir effectué leur promenade, les mains dans le dos pour papa, le béret visé sur le crane pour Victor, le tour de leur "domaine", par les chemins caillouteux, dans les collines sèches et odorantes, vont s'assoir à cette table, l'un à droite, l'autre à gauche, tournés vers le monde.
Le monde qu'il vont continuer à refaire, nous soufflant doucement:
"Agissez, agissez, c'est vous qui donnerez du sens à l'avenir".
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A. Au bord du monde.
Avant de te faire quelques petites remarques sur ton texte, je voudrais te dire que j'aime beaucoup le parti pris dans ce texte. : l'amitié, les convictions, les liens malgré les différences, et ces références à la terre, aux racines. La nostalgie aussi qu'on lit à travers les mots. En choisissant de faire de l'un des personnages ton père, tu mets encore plus de force dans le texte.
En ce qui concerne les "petits détails"à améliorer:
Ici tu écris: Faire bien pour Victor et il se battra... Faire bien pour Albert ce fut échapper
Peut-être faudrait-il écrire: Faire bien pour Victor en se battant... Faire bien pour Albert en échappant
Plus loin tu écris: Victor a continué sa route jusqu'au grand âge, nous parlant d'Albert, de leurs dialogues, les continuant peut être dans sa tête, quand nous nous buvions un verre avec lui en été.
Il me semble que cette phrase aurait plus de force si tu n'en disais pas trop:
Victor a continué sa route jusqu'au grand âge, nous parlant d'Albert chaque fois que nous buvions un verre avec lui chaque été.
Je comprends tout à fait la raison pour laquelle tu a glissé cette dernière phrase, qui prend tout son sens depuis quelques jours, mais je ne la trouve pas nécessaire (ce n'est que mon avis bien sûr) .
J'aurais terminé sur :
Le monde qu'il vont continuer à refaire
Bravo pour ton texte
En ce qui concerne les "petits détails"à améliorer:
Ici tu écris: Faire bien pour Victor et il se battra... Faire bien pour Albert ce fut échapper
Peut-être faudrait-il écrire: Faire bien pour Victor en se battant... Faire bien pour Albert en échappant
Plus loin tu écris: Victor a continué sa route jusqu'au grand âge, nous parlant d'Albert, de leurs dialogues, les continuant peut être dans sa tête, quand nous nous buvions un verre avec lui en été.
Il me semble que cette phrase aurait plus de force si tu n'en disais pas trop:
Victor a continué sa route jusqu'au grand âge, nous parlant d'Albert chaque fois que nous buvions un verre avec lui chaque été.
Je comprends tout à fait la raison pour laquelle tu a glissé cette dernière phrase, qui prend tout son sens depuis quelques jours, mais je ne la trouve pas nécessaire (ce n'est que mon avis bien sûr) .
J'aurais terminé sur :
Le monde qu'il vont continuer à refaire
Bravo pour ton texte
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Au bord du monde.
Merci. Je crois en effet que je suis retombée dans mes longues phrases un peu lourdes... Mais je suis contente d'avoir pu, cette fois, "pondre" un texte.
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A. Au bord du monde.
Une belle histoire d'amitié et de respect entre deux hommes que tout aurait pu séparer
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Au bord du monde.
Oui, une histoire de tolérance; on en a bien besoin ces temps-ci.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Au bord du monde.
Sherkane, Tobermory, une histoire vraie...
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A. Au bord du monde.
Tu as écrit: "Sherkane, Tobermory, une histoire vraie" donc, à mes yeux, encore plus chargée d'émotion puisque ces rencontres-là existent et nous font continuer à croire en la nature humaine.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Sujets similaires
» C - Au bord de la mer
» C. Bord de Lac
» A. Au bord du lac...
» C. Le bord de Loire
» A: Parents au bord de la crise de nerf
» C. Bord de Lac
» A. Au bord du lac...
» C. Le bord de Loire
» A: Parents au bord de la crise de nerf
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum