A. Pas mort !

Pas mort !

Parfois, il faut bien le reconnaître, on peut se dire que l'on a de la chance. Par exemple, pour ce qui est de la mort. Je ne sais pas si vous réalisez, mais il y a tous les jours des milliers de personnes qui meurent. Et moi, je suis toujours là ! Par je ne sais trop quel miracle ou intervention divine, je suis toujours vivant… Et cependant, il y a mille et une occasions où j'aurais pu mourir. Par exemple en traversant la rue, en tombant dans un escalier, en faisant un infarctus ou une rupture d’anévrisme, ou encore par une trop forte décharge d'adrénaline en faisant l'amour. Et ce ne sont que quelques possibilités parmi tant d'autres. J'aurais pu aussi vous dire combien de fois j'ai occupé la place du mort dans une bagnole.

J'ai une autre chance à propos des morts. Dans le petit monde de la variétoche, il y en a deux qui ont dévissé leur billard récemment. Or, il se fait  que l’un je ne l'appréciais guère, même quand il nous bassinait avec ses visites chez Laurette, et l'autre, pour tout dire, je le connaissais à peine, vu qu'il ne chantait même pas en français, ce qui est un vice rédhibitoire à mes yeux, étant donné que Marianne était jolie et qu'il aurait pu son apercevoir.  Quant à sa chanson « Let’s dance », Elle ne vaut pas tripette quand on pense à notre beau folklore français : « dansons la capucine ».
Donc pour moi tout va bien, je ne suis pas là de les pleurer.
Ils sont passés sur terre, ont fait  33 tours et puis s'en vont…

Alors certes, un jour mon tour viendra, il me faudra passer l'arme à gauche. Encore que je n'ai jamais pratiqué l'escrime, et je dis ça par ce que l'origine de l'expression vient de là. Et puis, rentrer dans le labyrinthe de la mort sera peut-être une partie de plaisir. Peut être que j'y serai mort de rire. Et s'il faut ramer dans la barque de Charon, sur le fleuve Achéron, je promets que je n'irai pas de main morte.

En attendant  d’aller ad patres, d’avaler mon extrait de naissance, de boire le bouillon d'onze heures de manger les pissenlits par la racine, déglutir les salades par le trognon, payer ma dette à la nature,  pousser mon dernier soupir, tirer ma révérence, calancher, canner, claboter, clamecer, claquer, crever….

je vais réécouter la danse des canards…