A- Roger
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A- Roger
Roger est né un 29 février. Et a 20 ans de plus que moi.
Je ne vous ai jamais parlé de Roger.
Comme il n’a qu’un an tous les 4 ans, en fait, aujourd’hui il a 21 ans. .C’était mon voisin. Je vous entends de là ; Encore une histoire de voisinage ? Oui, oui, encore ! Mais celle-là n’a rien de comparable à celle que j’évoque ici parfois.
Roger cultivait ses champs avec ses bœufs, le Mouton et le Ribant. Il lui arrivait de perdre ses vaches en revenant du pré, ou de mal les attacher à la crèche en rentrant. Une d’elle passa la nuit dehors, enfermée dans le clos du voisin, pendant qu’à sa fenêtre, le Roger attendait qu’elle revienne seule à l’étable !
Quand il eut 20 ans, il partit faire son service militaire, à Briançon. C’est un joli village, Briançon.
Beaucoup auraient aimé en découvrir les contours. Mais Roger, lui, non. Il n’était pas ce qu’on appelle un déluré. Ses copains de chambrée lui jouaient parfois des tours. Un jour, sommé d’aller chercher la masse pour enfoncer le piquet d’incendie, il partit à sa recherche. Ne la trouvant pas, il demanda au colonel.
La scène se déroula en ces termes : Le colonel : « Bougre d’andouille ! Qui t’envoie ? » Lui : « c ‘est untel… là-bas…. » Le colonel : « c’est bon, retourne chez toi »
Notre Roger ne se le fit pas dire deux fois. Et le voilà parti. Il prit ses affaires et direction la gare où il prit le train pour chez lui. Puisque c’est ce qu’ordonnait le colonel !
Arrivé à destination, les gendarmes l’attendaient : porté déserteur qu’il était ! Il ne dut son salut qu’aux autorités locales qui plaidèrent en sa faveur. Enfin demande-t-on à un enfant de cet âge d’accomplir son devoir national ?
Une autre de ses aventures vaut bien aussi d’être contée.
C’était en hiver 1966, un jour de février. La neige persistait. Toutes les routes étaient coupées par des congères et verglacées depuis plusieurs jours. Le marchand de bestiaux avait dans son étable un couple de bœufs que les parents de Roger avaient acheté. Ne pouvant être livrés, les bœufs consommaient du foin, et coutaient au maquignon. Celui-ci près de ses sous ne l’entendait pas tout à fait de cette oreille. Ainsi, à la faveur d’un redoux, les routes redevinrent praticables, Notre homme se décida d’aller livrer les bœufs.
Seulement il se remit à neiger si bien que le chemin de la ferme s’obstrua de nouveau. Que faire alors ? Il décida de décharger les deux bestiaux au chemin et de continuer à pied. Sous les coups et dans les congères, les pauvres bêtes arrivèrent jusque devant l’étable de Roger. Mais au moment d’entrer, ils prirent peur et se sauvèrent dans la neige et chacun dans une direction différente.
Le Lucien le père, le marchant et quelques voisins partirent derrière le premier qui fut récupéré à grand peine à plusieurs dizaines de kilomètres. Quant au second, il partit à travers bois, la Francine la mère, le Roger et le Jean un autre voisin, derrière. Arrivée la tombée de la nuit et le bœuf courrait toujours. Enfin, ils réussirent à le localiser. Ils l’encadrèrent lui parlant tout doux. Seulement la bête rendue furieuse ne l’entendit pas de la même manière et les chargea au pied d’un sapin. Ils ne durent qu’aux basses branches d’échapper au pire. Ils grimpèrent prestement dans l’arbre appelant au secours.
Mon oncle qui faisait boire ses vaches à la fontaine du village voisin, entendit les appels et après s’être rendu sur les lieux, il tenta d’amadouer la bête, avec une paire de vaches qu’il avait liées. Ne pouvant rien faire, il donna l’alerte. Un autre paysan présenta au furieux quelques belles génisses, en vain, il n’y avait rien à faire. Tous les stratagèmes avaient échoué. Il fallut qu’un forestier braqua les phares de son tracteur en direction du fauve qui soufflait et grattait de ses cornes l’écorce du pauvre résineux. Quand le Roger, le Jean et la Francine remirent le pied à terre, le jour se levait.
Plus récemment encore, Roger qui aimait chercher les champignons, partit au bois. La nuit tombée, il n’était pas rentré. A la ferme, on commençait à s’inquiéter. Ne le voyant pas revenir à la nuit noire, on déclencha l’alerte. Une patrouille de gendarmerie fut dépêchée. Les pompiers se mobilisèrent. C’est au café du coin qu’il se trouvait. Ne comprenant rien à l’affaire, il s’écria : « Mais c’est que j’avais soif ! »
Ainsi Roger, éternel enfant qui n’a qu’un an tous les 4 ans a bien du mal à grandir mais c’est sans s’en faire qu’il a franchi le seuil des 84 ans aujourd’hui.
Je ne vous ai jamais parlé de Roger.
Comme il n’a qu’un an tous les 4 ans, en fait, aujourd’hui il a 21 ans. .C’était mon voisin. Je vous entends de là ; Encore une histoire de voisinage ? Oui, oui, encore ! Mais celle-là n’a rien de comparable à celle que j’évoque ici parfois.
Roger cultivait ses champs avec ses bœufs, le Mouton et le Ribant. Il lui arrivait de perdre ses vaches en revenant du pré, ou de mal les attacher à la crèche en rentrant. Une d’elle passa la nuit dehors, enfermée dans le clos du voisin, pendant qu’à sa fenêtre, le Roger attendait qu’elle revienne seule à l’étable !
Quand il eut 20 ans, il partit faire son service militaire, à Briançon. C’est un joli village, Briançon.
Beaucoup auraient aimé en découvrir les contours. Mais Roger, lui, non. Il n’était pas ce qu’on appelle un déluré. Ses copains de chambrée lui jouaient parfois des tours. Un jour, sommé d’aller chercher la masse pour enfoncer le piquet d’incendie, il partit à sa recherche. Ne la trouvant pas, il demanda au colonel.
La scène se déroula en ces termes : Le colonel : « Bougre d’andouille ! Qui t’envoie ? » Lui : « c ‘est untel… là-bas…. » Le colonel : « c’est bon, retourne chez toi »
Notre Roger ne se le fit pas dire deux fois. Et le voilà parti. Il prit ses affaires et direction la gare où il prit le train pour chez lui. Puisque c’est ce qu’ordonnait le colonel !
Arrivé à destination, les gendarmes l’attendaient : porté déserteur qu’il était ! Il ne dut son salut qu’aux autorités locales qui plaidèrent en sa faveur. Enfin demande-t-on à un enfant de cet âge d’accomplir son devoir national ?
Une autre de ses aventures vaut bien aussi d’être contée.
C’était en hiver 1966, un jour de février. La neige persistait. Toutes les routes étaient coupées par des congères et verglacées depuis plusieurs jours. Le marchand de bestiaux avait dans son étable un couple de bœufs que les parents de Roger avaient acheté. Ne pouvant être livrés, les bœufs consommaient du foin, et coutaient au maquignon. Celui-ci près de ses sous ne l’entendait pas tout à fait de cette oreille. Ainsi, à la faveur d’un redoux, les routes redevinrent praticables, Notre homme se décida d’aller livrer les bœufs.
Seulement il se remit à neiger si bien que le chemin de la ferme s’obstrua de nouveau. Que faire alors ? Il décida de décharger les deux bestiaux au chemin et de continuer à pied. Sous les coups et dans les congères, les pauvres bêtes arrivèrent jusque devant l’étable de Roger. Mais au moment d’entrer, ils prirent peur et se sauvèrent dans la neige et chacun dans une direction différente.
Le Lucien le père, le marchant et quelques voisins partirent derrière le premier qui fut récupéré à grand peine à plusieurs dizaines de kilomètres. Quant au second, il partit à travers bois, la Francine la mère, le Roger et le Jean un autre voisin, derrière. Arrivée la tombée de la nuit et le bœuf courrait toujours. Enfin, ils réussirent à le localiser. Ils l’encadrèrent lui parlant tout doux. Seulement la bête rendue furieuse ne l’entendit pas de la même manière et les chargea au pied d’un sapin. Ils ne durent qu’aux basses branches d’échapper au pire. Ils grimpèrent prestement dans l’arbre appelant au secours.
Mon oncle qui faisait boire ses vaches à la fontaine du village voisin, entendit les appels et après s’être rendu sur les lieux, il tenta d’amadouer la bête, avec une paire de vaches qu’il avait liées. Ne pouvant rien faire, il donna l’alerte. Un autre paysan présenta au furieux quelques belles génisses, en vain, il n’y avait rien à faire. Tous les stratagèmes avaient échoué. Il fallut qu’un forestier braqua les phares de son tracteur en direction du fauve qui soufflait et grattait de ses cornes l’écorce du pauvre résineux. Quand le Roger, le Jean et la Francine remirent le pied à terre, le jour se levait.
Plus récemment encore, Roger qui aimait chercher les champignons, partit au bois. La nuit tombée, il n’était pas rentré. A la ferme, on commençait à s’inquiéter. Ne le voyant pas revenir à la nuit noire, on déclencha l’alerte. Une patrouille de gendarmerie fut dépêchée. Les pompiers se mobilisèrent. C’est au café du coin qu’il se trouvait. Ne comprenant rien à l’affaire, il s’écria : « Mais c’est que j’avais soif ! »
Ainsi Roger, éternel enfant qui n’a qu’un an tous les 4 ans a bien du mal à grandir mais c’est sans s’en faire qu’il a franchi le seuil des 84 ans aujourd’hui.
Dernière édition par Escandélia le Lun 29 Fév - 18:16, édité 2 fois (Raison : j'avais oublié le A)
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- Roger
Est-ce que tu as adapté un texte pour le faire coller à la consigne ? parce que je ne retrouve pas dans ton texte l'allusion à la découverte d'un pouvoir extraordinaire qui pourrait être lié au 29 février. Tu nous décris un personnage simple et attachant, resté un grand enfant mais pas suffisamment original pour coller à la consigne.
Sî c'est le cas ( texte adapté) cela ne me gêne aucunément dans la mesure où tu le précises à la fin de ton texte
Sî ce n'est pas le cas, je suis restée sur ma faim, j'aurais voulu que Roger soit vraiment une personne extraordinaire .
Sî c'est le cas ( texte adapté) cela ne me gêne aucunément dans la mesure où tu le précises à la fin de ton texte
Sî ce n'est pas le cas, je suis restée sur ma faim, j'aurais voulu que Roger soit vraiment une personne extraordinaire .
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A- Roger
Euh ? Comment dire, Admin je mérite et
Non je n'ai pas adapté mon texte et l'ai écrit pour la consigne.
Seulement voilà, je ne suis pas belge mais ce n'es pas ma faute !! En effet quand je suis venue lire la consigne : un peu trop tôt, il n'y avait que le début " né le 29 février" comme il n'y avait rien d'autre, j'ai immédiatement pensé à Roger. J'ajoute que tous les faits rapportés sont vrais et Roger existe toujours, coulant des jours heureux au fin fond du Livradois. Ce texte n'est même pas une fiction !
Je ne lui connais pas de pouvoirs extraordinaires si ce n'est sa mémoire. Je reconnais après avoir lu la consigne être hors sujet mais l'occasion était belle. Dois je le déplacer en écriture libre ?
Non je n'ai pas adapté mon texte et l'ai écrit pour la consigne.
Seulement voilà, je ne suis pas belge mais ce n'es pas ma faute !! En effet quand je suis venue lire la consigne : un peu trop tôt, il n'y avait que le début " né le 29 février" comme il n'y avait rien d'autre, j'ai immédiatement pensé à Roger. J'ajoute que tous les faits rapportés sont vrais et Roger existe toujours, coulant des jours heureux au fin fond du Livradois. Ce texte n'est même pas une fiction !
Je ne lui connais pas de pouvoirs extraordinaires si ce n'est sa mémoire. Je reconnais après avoir lu la consigne être hors sujet mais l'occasion était belle. Dois je le déplacer en écriture libre ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- Roger
Je comprends mieux maintenant. Il est vrai que j'ai ouvert le sujet avec le titre assez tôt dans l'après-midi mais, ayant eu un contretemps, je ne suis revenue que plus tard poster ma consigne. Tu as écrit entre temps sans tenir compte des contraintes de la consigne qui n'étaient pas encore postées. D’où mon étonnement.
Lorsque j’ai vu que tu avais posté juste après et comme ton texte ne suivait pas la consigne, j'ai cru que tu avais adapté un texte déjà écrit. c'est donc à mon tour de m'excuser Cela m'étonnait vraiment de toi
Par contre j'avais bien compris que Roger était réel et que tu le connaissais bien.
Puisque les explications ont été données, je te pardonne ton "impulsivité" qui est finalement plutôt flatteuse pour Kaléïdoplumes. Je vois que les consignes sont attendues avec impatience chaque lundi
De fait, nous allons laisser ton texte ici-même et si l'envie te prend d'en écrire un qui colle à la consigne, je serai ta première lectrice
Lorsque j’ai vu que tu avais posté juste après et comme ton texte ne suivait pas la consigne, j'ai cru que tu avais adapté un texte déjà écrit. c'est donc à mon tour de m'excuser Cela m'étonnait vraiment de toi
Par contre j'avais bien compris que Roger était réel et que tu le connaissais bien.
Puisque les explications ont été données, je te pardonne ton "impulsivité" qui est finalement plutôt flatteuse pour Kaléïdoplumes. Je vois que les consignes sont attendues avec impatience chaque lundi
De fait, nous allons laisser ton texte ici-même et si l'envie te prend d'en écrire un qui colle à la consigne, je serai ta première lectrice
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A- Roger
Ce Roger est vraiment quelqu'un qui ne s'en fait pas ! Il a bien de la chance.
pour ce texte épatant !
pour ce texte épatant !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- Roger
C'est toi qui as de la chance de connaître ce personnage hors du commun .
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- Roger
Il y a partout des "Roger" ...
Ils sont la saveur de la vie parce que leurs facéties volontaires ou non alimentent les conversations et je remarque à ce propos que dans les petites communes, ils sont un peu comme protégés ...
Longue vie à Roger
Ils sont la saveur de la vie parce que leurs facéties volontaires ou non alimentent les conversations et je remarque à ce propos que dans les petites communes, ils sont un peu comme protégés ...
Longue vie à Roger
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
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