A. Trou ? Quel trou ?

Trou ? Quel trou ?

Oups, j’ai fait un gros trou dans ce jardin.  Enfin, c'est ce qu'ils ont dit : « vous avez fait un gros trou dans ce jardin. ». Si c’est ça qu’ils appellent jardin, ils n’ont pas les yeux en face des trous ! Et comme ils avaient le ton du reproche, j'ai pensé « oups ». Mais, à y bien réfléchir, tout cela est quand même assez relatif. D'abord : qu'est-ce qu'un trou ?
Pensons par exemple au trou d'air. Ou encore à la pêche au trou, là où il y a des niches à poissons. Bon d'accord, ici on parle d'un jardin.
Mais qu’est-ce qu’un jardin ?
Est-ce qu'au jardin d'Éden il n'y avait pas des gros trous ? Est-ce que Dieu se serait contenté de petits trous, toujours des petits trous, façon poinçonneur des lilas ? Chacun admettra que ce n’est pas sérieux !
Un gros trou ! Ces gens-là ont le vocabulaire des enfants des bacs à sable.
— Regarde maman. J'ai fait un gros trou dans le sable !
— C'est bien mon chéri ! rétorque la mère qui pense au trou dans son budget, à cause de l’ex. qui n’a pas versé la pension alimentaire depuis six mois.
Mais franchement Madame, c'est un gros trou ça ? Un petit trou d'enfant oui ! Rien de plus !
Alors, petit, grand, gros : tout ça est vraiment une question de point de vue et de circonstances !

Si encore ils avaient dit —  vous avez creusé une cavité de grande dimension. Nous serions alors dans le domaine du constat pur et simple. Car en effet, cavité il y a. Mais l'expression « gros trou », c’est un jugement de valeur. Bientôt il ne tarderont pas à penser, voire à exprimer : — Et à coté c’est un gros tas ! Comme on le dit d’une personne à surcharge pondérale acquise pour raisons génétiques, doublées de facteurs culturo-alimentaires. Franchement, c’est d’un vulgaire pour des gens qui se déclarent ingénieurs et avoir fait de longues études.

Et qui dit que c'est moi qui ai fait cela. Ils devraient savoir qu'il existe des effondrements naturels. Mais qu'est-ce qu'ils ont appris dans leurs études. À mon avis plutôt que d'apprendre, ils ont bu comme des trous !
Et en admettant qu'il s'agisse d'un trou de dimension respectable, il me semblerait quand même indispensable de réfléchir au concept même de l'utilité du trou.
Je ne m'abaisserai pas à rappeler l'utilité des divers trous dont la nature a doté l'espèce humaine. Chacun voit très bien de quoi il s'agit. Sauf peut-être les trous du culs… mais ça c'est encore autre chose…
la vie existerait-elle sur l’existence du trou ? Ce serait oublier l’origine des humains.
Et s'il est vaste, généreux et profond, n'est-ce pas là une chance pour la luxuriance de la nature et la générosité que tous les dieux connaissent. Sans le trou de la corne d'abondance, recevrions-nous à profusion tout ce qui peut satisfaire nos papilles grâce au trou buccal dont nous disposons ?

Qu'en est-il de ce malheureux trou que l'on me reproche d'avoir creusé, au regard du trou abyssal de la dette publique et de la sécurité sociale réunis ? Voilà un trou auquel chacun devrait s'intéresser de plus près.
Je ne vous parlerai pas de ces personnes âgées qui ont d'énormes trous de mémoire et n'en font pas forcément tout un fromage de gruyère.

Soyons clair : À votre place j’irai me mettre dans un trou de souris.
Non, disons-le tout net. C'est un mauvais procès que l'on tente de me faire.
Je n'irai pas me terrer au fond d'un trou rongé par la culpabilité.
Sachez messieurs que j'ai fait mon trou dans la société, que j'ai des relations haut placées !
Ça ne se passera pas comme ça ! Je vous ferai un procès. Je gagnerai les doigts dans les trous de nez.

Vous avez de la chance que je sois un être civilisé,  je n'ai pas été chercher mon fusil pour vous faire des trous dans la peau.
Vous l’auriez cependant bien mérité.