A. les mariés de la précarité.

Cela faisait longtemps que Jules et Jeanne projetaient leur mariage. Tout comme Sam et Jin. Ainsi qu’Agatha et Christophe. Tous sans argent et sans travail. Leur famille, elle aussi dans la précarité (ce n’était pas rare en ce début de 21e siècle), ne pouvait subvenir à de telles dépenses. Personne ne pouvait les aider. Alors comment faire pour s’établir et vivre sa vie ? Attendre pour travailler. Attendre pour se fixer. Attendre pour fonder un foyer. Attendre. Toujours attendre.

C’était le cas de bien des jeunes. Ce matin ils étaient tous réunis à l’appel de l’association d’aide aux jeunes sans ressource, la triple A JSR. Dans la salle, il y avait beaucoup de monde. C’était la première fois qu’Odile et Ovide, Martine et Jean, Eve et Roméo venaient à cette réunion. Ils attendaient beaucoup de cette rencontre. L’association proposait une aide à l’organisation des cérémonies nuptiales. Elle s’occupait du buffet (pas luxueux, non). Mais une réception avec toasts et vin pétillant, pour marquer le coup. Elle réservait auprès d’une grande enseigne les costumes de cérémonie, à moindre coût. Elle s’occupait même des formalités administratives qui peuvent parfois s’avérer compliquées.

La réunion de ce jour avait pour but d’informer les futurs époux sur leurs droits, mais aussi de se faire connaitre de tous les éventuels candidats au mariage.
De nombreux couples de jeunes mariés étaient là pour faire part de leur propre expérience. Des photos circulaient. C’était très intéressant. Le concept était de regrouper les cérémonies, afin de sensibiliser l’opinion sur la situation de tous ces jeunes démunis. A la sortie de la mairie, on se regroupait devant un édifice public pour la photo. Cela engendrait bonne humeur et hilarité.

Roméo imagina la scène de toutes ces mariées dans des positions incongrues. Amusé il susurra des mots tendres à l’oreille de sa compagne qu’il enlaça de manière suggestive. Alors, Eve sentit qu’elle devait franchir un pas.