A. Les fileuses
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catsoniou
Amanda.
Admin
Sherkane
Night
Escandélia
Myrte
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A. Les fileuses
Alaïs et Faneta étaient entrées essoufflées dans la maison d’Agulin car elles s’étaient attardées dans les champs pour plaisanter avec les bergers. Les fileuses étaient installées depuis longtemps autour du feu. Elles se turent à leur arrivée et leur lancèrent des regards réprobateurs.
Toutes rougissantes, les jeunes filles détachèrent la quenouille toujours nouée à leur ceinture, s’assirent sur leurs chaises basses et se mirent tout de suite à l’ouvrage. Elles n’osaient dire mot, ni même lever les yeux du fil de lin qui se déroulait sous leurs doigts.
On n’entendait que le tic-tac de l’horloge qui résonnait contre le mur blanchi à la chaux et le crépitement des braises dans la cheminée.
Mais, peu à peu, les enfants, au pied de leurs mères, brisèrent le silence et les discussions repartirent de bon train.
Alaïs et Faneta osèrent se lancer un coup d’oeil et un sourire de connivence. Elles pensaient aux bergers. Julian, le fils de Léonidas, plaisait bien à Alaïs.
Sa grand-mère, assise dans un coin de la pièce, était la doyenne de cette hiélière. Elle avait les mêmes yeux très clairs que son petit-fils.
Maintenant, ils plantent des pins et du maïs, disait-elle, bientôt il n’y aura plus de place pour nos bergers!
Ne dis donc pas de bêtise, répliqua la Jeanne, tu sais bien que la forêt nous apportera d’autres ressources!
Oui, et quand elle brûlera, qu’est-ce qu’il nous restera?
Chaque fois que l’on entendait la petite voix chevrotante de la grand-mère, les enfants moqueurs pouffaient de rire. Impatients de se tenir immobiles, ils commençaient à s’animer, à jouer avec le balai de brande et les échasses appuyées au mur.
Alaïs, humidifiant ses doigts à sa salive pour torsader les fils, devint pensive. S’il n’y avait plus de berger, que deviendrait son bel amoureux ?
C’est le moment que choisit la Jeanne pour servir la roste, pain trempé dans le vin, qui réchauffait les coeurs, rougissait les joues et faisait oublier les soucis.
Mais, la grand-mère, perdues dans ses souvenirs ne lâchait pas l’affaire.
Il n’y aura plus de bergers, plus de lin, maintenant la lande n’existe plus !
Toutes rougissantes, les jeunes filles détachèrent la quenouille toujours nouée à leur ceinture, s’assirent sur leurs chaises basses et se mirent tout de suite à l’ouvrage. Elles n’osaient dire mot, ni même lever les yeux du fil de lin qui se déroulait sous leurs doigts.
On n’entendait que le tic-tac de l’horloge qui résonnait contre le mur blanchi à la chaux et le crépitement des braises dans la cheminée.
Mais, peu à peu, les enfants, au pied de leurs mères, brisèrent le silence et les discussions repartirent de bon train.
Alaïs et Faneta osèrent se lancer un coup d’oeil et un sourire de connivence. Elles pensaient aux bergers. Julian, le fils de Léonidas, plaisait bien à Alaïs.
Sa grand-mère, assise dans un coin de la pièce, était la doyenne de cette hiélière. Elle avait les mêmes yeux très clairs que son petit-fils.
Maintenant, ils plantent des pins et du maïs, disait-elle, bientôt il n’y aura plus de place pour nos bergers!
Ne dis donc pas de bêtise, répliqua la Jeanne, tu sais bien que la forêt nous apportera d’autres ressources!
Oui, et quand elle brûlera, qu’est-ce qu’il nous restera?
Chaque fois que l’on entendait la petite voix chevrotante de la grand-mère, les enfants moqueurs pouffaient de rire. Impatients de se tenir immobiles, ils commençaient à s’animer, à jouer avec le balai de brande et les échasses appuyées au mur.
Alaïs, humidifiant ses doigts à sa salive pour torsader les fils, devint pensive. S’il n’y avait plus de berger, que deviendrait son bel amoureux ?
C’est le moment que choisit la Jeanne pour servir la roste, pain trempé dans le vin, qui réchauffait les coeurs, rougissait les joues et faisait oublier les soucis.
Mais, la grand-mère, perdues dans ses souvenirs ne lâchait pas l’affaire.
Il n’y aura plus de bergers, plus de lin, maintenant la lande n’existe plus !
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Les fileuses
Whaou ! excellent ce texte ! J'aime bien les prénom et les mots de dialecte local que tu as glissé dans ton texte. Cela lui donne encore plus de force. Et j'aime bien l'histoire aussi. Cela sent bon le terroir et l'histoire vraie.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Les fileuses
Je rejoins l'avis d'Escandélia, ton histoire sent le vrai, vrai aidé par les mots de dialecte local comme elle l'a dit, et... c'est reposant, quelque part. Reposant et prenant.
"Sa grand-mère, assise dans un coin de la pièce, était la doyenne de cette hiélière. Elle avait les mêmes yeux très clairs que son petit-fils." J'aime beaucoup la musicalité de ce passage.
En tous cas, bravo à toi Myrte.. ! ;p
"Sa grand-mère, assise dans un coin de la pièce, était la doyenne de cette hiélière. Elle avait les mêmes yeux très clairs que son petit-fils." J'aime beaucoup la musicalité de ce passage.
En tous cas, bravo à toi Myrte.. ! ;p
Dernière édition par Night le Mer 27 Avr - 20:48, édité 1 fois
Night- Occupe le terrain
- Humeur : Nocturnement joyeuse...
Re: A. Les fileuses
Un très bon texte Myrte
Je rejoins ce que dit Escandelia : le choix des prénoms et l'utilisation de mots locaux donnent de la force et un gout de terroir à ton texte.
Je n'ai pas trouvé sur Internet la définition de "helière" : peux tu nous la donner?
Je rejoins ce que dit Escandelia : le choix des prénoms et l'utilisation de mots locaux donnent de la force et un gout de terroir à ton texte.
Je n'ai pas trouvé sur Internet la définition de "helière" : peux tu nous la donner?
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Les fileuses
J'ai entendu le crépitement du feu, j'ai ressenti la tristesse de la grand-mère et j'ai goûté la roste. Parce que j'y étais.
Ton texte est tellement réaliste que l'on plonge avec toi dans l'ambiance de la maison d'Agulin
Très, très beau texte, merci pour ce moment de lecture
Ton texte est tellement réaliste que l'on plonge avec toi dans l'ambiance de la maison d'Agulin
Très, très beau texte, merci pour ce moment de lecture
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Les fileuses
Merci pour votre lecture. Je me suis documentée avant de l'écrire car je ne connaissait pas ces coutumes. La hiélière est le nom de ces soirées entre femmes pour filer le lin. J'ai appris plein de choses, une fois de plus... Ces consignes sont variées, originales et enrichissantes! Merci pour ce travail à l'équipe et à l'Admin !
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Les fileuses
Je me joins aux autres comm', ton texte est très, très réussi à tous points de vue !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Les fileuses
Merci, ça fait du bien ce retour, on sait pourquoi on se décarcasseMyrte a écrit:Ces consignes sont variées, originales et enrichissantes! Merci pour ce travail à l'équipe et à l'Admin !
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Les fileuses
Belle histoire !
Il y avait plusieurs veillées dans la même soirée : la grand-mère nostalgique qui redoute les conséquences néfastes de l'évolution et les jeunes fileuses qui pensent à leurs galants ...
Il y avait plusieurs veillées dans la même soirée : la grand-mère nostalgique qui redoute les conséquences néfastes de l'évolution et les jeunes fileuses qui pensent à leurs galants ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Les fileuses
Tu fais très bien vivre la photo, on a l'impression de voir les personnages s'animer et on entend le tic-tac de l'horloge. Et comme l'ont noté les autres commentaires, le vocabulaire et les noms apportent beaucoup de crédibilité
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Les fileuses
Grâce à ton texte je suis entrée de plein pied dans la scène que tu fais vivre avec beaucoup de réalisme !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Les fileuses
J'aime le vocabulaire du terroir utilisé, les descriptions des personnages avec leur ressentis, bref un très bon texte à lire et à relire.
J'aime ce passage:
J'aime ce passage:
Poignant.Myrte a écrit:Alaïs, humidifiant ses doigts à sa salive pour torsader les fils, devint pensive. S’il n’y avait plus de berger, que deviendrait son bel amoureux ?
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: A. Les fileuses
Moi aussi, je trouve ton texte très beau. Il y a de la simplicité dans les actes, dans les pensées, l'ordinaire d'une soirée et pourtant..... c'est riche!
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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