A. Trop bon, trop ....

Trop bon, trop…

Quelque part, il faut bien reconnaître qu'elle n'avait pas tort. Quelle idée m'avait donc pris d'accepter de me laisser embarquer dans cette aventure qui ne pouvait être que foireuse au bout du compte.
Il ne faut pas toujours écouter son bon cœur et miser sur les bons sentiments. Mais voilà, devant cette situation déplorable et qui ne faisait que s'étendre au fil des semaines, il fallait bien que j'agisse, sinon je serais demeuré éternellement avec cette mauvaise conscience qui commençait à envahir ma tête.
Ils étaient trois. Trois hommes. Il était convenu que je les attendrai à 500 m de la sortie du village. Ils arriveraient à pied avec un léger bagage. J'ai garé ma camionnette à l'endroit convenu et j'ai attendu. Dans le rétroviseur, je les ai vu arriver. Quand ils furent à quelques mètres de moi, je sortis du véhicule, ouvris les portes arrière de la camionnette et leur fit signe de monter. Ils avaient le teint basané des gens de ces pays-là. Le regard sombre, le cheveu noir, et des vêtements sales et déchirés. Une chose me frappa. L'un deux avait les yeux bleus. C'était étrange. Était-il vraiment l'un d’eux ?

Lorsqu'elle apprit que j'allais balader trois passagers clandestins dans ma camionnette jusqu'à la frontière, non seulement ma compagne me critiqua vertement, mais menaça de me quitter. Je comprends. Je vivais en ce temps-là avec cette femme policier. Imaginez le pataquès si on se faisait prendre et le danger pour elle.

Cela ne s'est pas vraiment bien terminé. Et comme j'ai dit, elle n'avait pas tort. C'était un coup foireux. À peine avions-nous parcouru quelques kilomètres qu'ils me forcèrent à arrêter le fourgon sous je ne sais plus quel prétexte. Ils s'en sont pris à moi aussitôt. Ils m'ont balancé par la portière. L'un d’eux se mit au volant et ma camionnette a démarré en trombe. Sans moi.

C'est ma compagne d'alors, cette femme policier, qui m’appris qu’on avait retrouvé la camionnette brulée en Belgique. Mais les keufs avaient pu identifier le propriétaire : moi.  Et donc je n’étais pas au bout de mes emmerdes, vu que les 3 mecs étaient en réalité de faux réfugiés. Ils arrivaient de Syrie pour jouer aux kamikazes…

Le lendemain, ma belle policière me quitta.
Quelque part je me suis dit que j'étais vraiment le roi des cons.