A. Logique enfantine

C’est tout simple, grand-maman. Quand la neige fond, elle va au ciel, comme tout ce qui meurt va au ciel, là où est arrière-grand-papa Arthur. N’est-ce pas ? D’ailleurs, pourquoi les nuages sont-ils blancs sinon ? Oui, bien sûr, parfois le dessous des nuages devient gris parce que la terre est polluée. La poussière et les particules sont emportés par le vent et viennent se coller sous les nuages. Ça fait des drôles de dessins parfois. Et puis, les nuages deviennent de plus en plus lourds. Pour finir, ils crèvent et lâchent leur pluie acide sur nos têtes. Ça c’est papa qui le dit.

Moi, j’aimerais bien habiter dans la forêt amazonienne, là où les enfants se promènent tout nus. Eux, ils peuvent courir sous la pluie, se laisser mouiller de la tête aux pieds, s’éclabousser dans les flaques, jouer, rire sans contraintes. Ici, je dois toujours prendre un parapluie pour aller à l’école. Soi-disant pour me protéger. C’est énervant ! Et puis ça gêne pour jouer avec mes copains! J’ai beau expliquer à maman que la poussière coule sur moi comme sur des plumes de canard et donc qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter, mais elle ne comprend pas. Pourquoi grand-maman ?

Bon, je retourne jouer aux légos. Tu m’aides à construire une tour qui traverserait les nuages ? Comme ça je verrai le tapis blanc étincelant sous les rayons du soleil. Tu crois qu’on peut luger sur les nuages ?