A - L'affût

Il avait attendu ce moment étrange où la lumière du jour qui s’achève vient se confondre dans l’opacité naissante de la soirée, pas encore devenue nuit. Là où les ombres restent grises et floues. Il affectionne particulièrement cet instant de confusion, où insidieusement la nuit étouffe les derniers éclats du jour qui, pourtant éteints, résistent encore en accrochant leurs derniers lambeaux de tiédeur aux vieilles pierres. Comme un corps, privé de vie, conserve un temps sa souplesse et sa chaleur avant de raidir.

Bientôt les ombres afficheront plus de netteté lorsque les lampadaires trancheront de leurs lumières blafardes les angles assombris par la nuit. Les courbes s’aiguiseront en lames sombres, striant les trottoirs et les murs de leurs profils effilés. L’esprit de l’homme participe à cette inexorable mutation qui l’aide à le mettre en condition. Il attend.

Ses yeux s’adaptent à l’obscurité, et son regard perçant détaille les reliefs déformés en tâches claires et sombres. Dans ce décor figé il lui est facile de repérer le moindre mouvement, d’autant que son ouïe s’est également adaptée. L’homme reste immobile scrutant le moindre bruit, la plus petite ombre. Il attend.

Dans le silence il ferme les yeux. Soudain son esprit en éveil l’a repérée.

Lentement il se met en marche, descend les marches, longe un mur, surtout ne pas la perdre, longe un autre mur, emprunte un porche, pousse doucement la porte. Un temps d’hésitation avant de s’avancer dans la pièce sombre. L’homme se dirige silencieusement vers la droite, elle est toujours là.

Il se penche, s’assoit, allume son écran, il la tient son idée, elle ne peut plus lui échapper.

J'aime beaucoup ta façon de peindre le décor de la nuit et cette temporalité avant que l'homme ne se mette en marche pour suivre son idée (??).
Je n'ai pas bien saisi la fin, qui reste un brin mystérieuse et inspirante (peut-être?)

Excellente description de l'image comme ce passage

virgule a écrit:Ses yeux s’adaptent à l’obscurité, et son regard perçant détaille les reliefs déformés en tâches claires et sombres.

Concernant la fin, je m'imagine peut-être qu'une idée a muri pour allumer l'écran et écrire ce texte?

L'angoisse de la page blanche transposée ( transcendée ?) dans un autre cadre...
Je suis entièrement d'accord avec ta belle description, le cadre, l'environnement et puis...soudain arrive l'idée...
Bravo pour cette analyse de ce qu'on appelle "l'inspiration" !

Comme Amanda, j'ai pensé aussi à la page à écrire et à l'idée qui se fait parfois attendre. Enfin la tienne d'idée est excellente sur cette consigne.

C'est à la fois le texte qui se rapproche le plus de l'image de par sa description ( très belle description) et celui qui s'en éloigne le plus sùr la fin.
Car on ne s'attend pas à cette chute, originale, et qui permet de relier l'image a Kaleidoplumes.

Bravo, tu étais inspiré

Très belle interprétation d'une image  qui fait jaillir une idée

J'ai beaucoup aimé ta manière de rendre l'atmosphère de la photo, poésie et mystère du crépuscule. Ta fin, inattendue, est très originale.

Captivant

Descriptions superbes et fin originale

J'aime beaucoup l'ambiance que tu as su transcrire. Belle description, en effet.
On ne s'attend pas du tout à une telle chute.