A. L'Héritage d'Archibald
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A. L'Héritage d'Archibald
L'Héritage d'Archibald
C'est par un notaire que j'ai appris le décès d'Archibald Ducoffret. Je devais passer à l'étude retirer un paquet qui devait m’être remis, selon les dernières volontés du défunt. Archibald, j'en avais surtout entendu parler par mon grand-père. C'était parait-il un cousin éloigné qui se serait exilé aux Amériques suite à des trucs pas très clairs. Comme disait le grand-père : « Il avait les flics au cul ! ». Personne n'avait plus entendu parler de lui jusqu'à cette lettre du notaire.
J'ai fait 500 km pour aller chercher ce fameux paquet. En réalité c'était une sorte de grosse enveloppe. Elle était ficelée et fermée avec un cachet de cire. J'ai signé les papiers qu'il fallait : « Je soussigné, gnia, gnia, gnia, déclare avoir reçu en main propre de maître Chépuki, notaire, une enveloppe gnia, gnia, gnia, que j'accepte sous mon entière responsabilité et gnia, gnia, gnia, et encore gnia, gnia, gnia. »
De retour à ma voiture, j'ai ouvert le truc. J'en ai sorti un infâme chiffon qui n'avait pas dû être lavé depuis des lustres. Ça puait le renfermé et le moisi. J'ai déroulé l'affreux machin. Je suis alors tombé sur un vieux papier sur lequel était griffonné, à la hâte sans doute et dans une écriture douteuse, ces mots : " Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance… ». C'était tout. C'était bien la peine que je fasse 500 km pour cette connerie. Je m'apprêtais à bazarder tout ça par la fenêtre de la voiture lorsque j'ai eu l'impression qu'il y avait encore quelque chose dans l'enveloppe. Je l’ai secouée, l'ouverture vers le bas, il en est sorti une clé : une clé USB. Un vieux modèle. USB.2 - 256 MB… pas de quoi y mettre grand-chose comme fichier dedans.
Rentré chez moi, après un retour pénible par l'autoroute surchargée, j'ai introduit la clé dans le port USB de mon ordinateur portable. Rien ! Il ne s'est rien passé ! Pas moyen d'ouvrir un quelconque fichier. Archibald devait être un grand comique !
J'ai relu le petit mot griffonné. Qu'est-ce que tout cela avait de hasardeux ?
j'ai retiré la clé USB et je lai regardée assez longuement. Voilà. C'est tout ce qu'il me restait d'Archibald Ducoffret, mon lointain parent : un truc inutilisable. Est-ce que j'allais la garder ? Ou bien la virer à la poubelle ? En la maniant entre mes doigts tout en réfléchissant, je sentis une petite aspérité, ce petit interrupteur minuscule qui permettait de verrouiller la clé ! Bon sang mais c'est bien sûr ! Voilà pourquoi je n'arrivais pas à lire le contenu. J'ai actionné le petit bitoniot. Et c'est là que la clé s'est ouverte en deux. À l'intérieur il n'y avait pas le petit circuit électronique habituel. Mais un autre bout de papier, dissimulé là. décidément Archibald était un être mystérieux. J'ai déroulé ce petit morceau de papier et j'ai lu : « Genève - 37568.2384.UZTR.000465 - LOMBARD ODIER. » Bon sang de bonsoir ! Archibald avait un compte en Suisse !
Mon cœur s'est mis a battre la chamade. Si ça se fait, j'étais millionnaire ! Et pourquoi pas milliardaire ! Moi, petit cousin éloigné qui avait une petite vie d’employé minable au service entretien de la ville, je décrochais le cocotier !
Lorsque ma femme rentra, je lui ai expliqué le topo. J'allais démissionner. On allait se payer une villa au bord de la grande bleue, s'acheter un yacht, mener grand train, bref, vive l'Amérique !
Suffisait d’aller retirer le fric à Genève et hop ! À nous la grande vie !
Bizarrement, j'ai eu du mal à trouver un numéro de téléphone de la banque Lombard à Genève. J'ai fini par y arriver. Puisqu'il faut brusquer sa chance ! J'ai eu une charmante personne. J'étais cependant fébrile au téléphone à côté de mon épouse. J'ai dit que je voulais accéder au compte… et j'ai bazardé la série de chiffres et de lettres. On m'a dit qu'il suffisait que je fasse comme d'habitude : que je me présente à la banque. J'ai balbutié : — « Oui oui, bien sûr ! c'était juste pour vérifier que… enfin je veux dire… enfin… c'est toujours les mêmes heures d'ouverture ?… » la nana m'a répondu : — « Monsieur Hans Muller, qui s'occupait de vous habituellement a pris sa retraite, c'est donc Monsieur Karl Chusterberg qui sera à votre disposition selon votre convenance aux heures qui vous conviennent, rien n'est changé… »
Putain ! Je devais être un très gros client ! Le lendemain on a prit le train pour Genève. Mon épouse avait pris un grand sac pour y mettre tous les billets qu'on retirerait dans un premier temps. Oui bien sûr, c'était hasardeux, à cause de la douane, mais enfin, c'est ce qui est écrit sur le billet… forcer sa chance !
Arrivés là-bas, on a enfin compris qu'il s'agissait d'un coffre. Karl Chusterberg nous regardait quand même un peu de travers. Mais bon : nous avions le numéro du coffre… ça suffisait. On a même pas dû donner notre identité. Ma femme n’a pas pu accéder à la salle du coffre. Moi seulement. Le banquier a ouvert la petite porte au mur et en a ressorti un coffre en acier qu’il a déposé sur une table, puis il est sorti en me disant : — « appelez-moi quand vous aurez terminé. »
Seulement voilà, pour ouvrir la boîte métallique en question, j’ai réalisé qu’il fallait une autre clé… que je n’avais pas… j'ai rappelé le Karl en question en lui disant : — « C’est idiot, je sais, mais j'ai bêtement oublié ma clé chez moi ». il a compati. — « C’est bien dommage en effet. Vous allez malheureusement devoir revenir plus tard. Je ne peux rien faire pour vous. Nous n'avons pas le double de cette clé là, vous le savez bien. » J'ai encore balbutié : — « oui oui, évidemment. Je vais revenir. »
Quand nous sommes ressortis de la banque, on a été cueilli par la police suisse. Cette saloperie de banque les avait prévenus en raison de mon air louche.
Ma femme et moi avons été emprisonnés chacun séparément. j'ai réussi à faire parvenir toutes les économies de nos livrets de caisse d'épargne pour payer l'avocat suisse. On a été condamné avec du sursis, car finalement on n’avait rien volé. J'avais raconté l'histoire de la clé USB, mais on ne m’a pas vraiment cru.
Le pire c’est lorsque l’avocat de la banque a expliqué qu’ils avaient bien un double de la clé. Et dans le cadre de la procédure le coffre métallique avait été ouvert devant des huissiers. Dedans il y avait des titres d'emprunts russes d'avant la révolution. Bref. Des trucs qui ne valaient absolument rien…
Les juges ont éclaté de rire ! Il s’était bien fait rouler le petit couple de français !
" Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance… », qu’il avait dit le Archibald.
Mais quel connard !
C'est par un notaire que j'ai appris le décès d'Archibald Ducoffret. Je devais passer à l'étude retirer un paquet qui devait m’être remis, selon les dernières volontés du défunt. Archibald, j'en avais surtout entendu parler par mon grand-père. C'était parait-il un cousin éloigné qui se serait exilé aux Amériques suite à des trucs pas très clairs. Comme disait le grand-père : « Il avait les flics au cul ! ». Personne n'avait plus entendu parler de lui jusqu'à cette lettre du notaire.
J'ai fait 500 km pour aller chercher ce fameux paquet. En réalité c'était une sorte de grosse enveloppe. Elle était ficelée et fermée avec un cachet de cire. J'ai signé les papiers qu'il fallait : « Je soussigné, gnia, gnia, gnia, déclare avoir reçu en main propre de maître Chépuki, notaire, une enveloppe gnia, gnia, gnia, que j'accepte sous mon entière responsabilité et gnia, gnia, gnia, et encore gnia, gnia, gnia. »
De retour à ma voiture, j'ai ouvert le truc. J'en ai sorti un infâme chiffon qui n'avait pas dû être lavé depuis des lustres. Ça puait le renfermé et le moisi. J'ai déroulé l'affreux machin. Je suis alors tombé sur un vieux papier sur lequel était griffonné, à la hâte sans doute et dans une écriture douteuse, ces mots : " Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance… ». C'était tout. C'était bien la peine que je fasse 500 km pour cette connerie. Je m'apprêtais à bazarder tout ça par la fenêtre de la voiture lorsque j'ai eu l'impression qu'il y avait encore quelque chose dans l'enveloppe. Je l’ai secouée, l'ouverture vers le bas, il en est sorti une clé : une clé USB. Un vieux modèle. USB.2 - 256 MB… pas de quoi y mettre grand-chose comme fichier dedans.
Rentré chez moi, après un retour pénible par l'autoroute surchargée, j'ai introduit la clé dans le port USB de mon ordinateur portable. Rien ! Il ne s'est rien passé ! Pas moyen d'ouvrir un quelconque fichier. Archibald devait être un grand comique !
J'ai relu le petit mot griffonné. Qu'est-ce que tout cela avait de hasardeux ?
j'ai retiré la clé USB et je lai regardée assez longuement. Voilà. C'est tout ce qu'il me restait d'Archibald Ducoffret, mon lointain parent : un truc inutilisable. Est-ce que j'allais la garder ? Ou bien la virer à la poubelle ? En la maniant entre mes doigts tout en réfléchissant, je sentis une petite aspérité, ce petit interrupteur minuscule qui permettait de verrouiller la clé ! Bon sang mais c'est bien sûr ! Voilà pourquoi je n'arrivais pas à lire le contenu. J'ai actionné le petit bitoniot. Et c'est là que la clé s'est ouverte en deux. À l'intérieur il n'y avait pas le petit circuit électronique habituel. Mais un autre bout de papier, dissimulé là. décidément Archibald était un être mystérieux. J'ai déroulé ce petit morceau de papier et j'ai lu : « Genève - 37568.2384.UZTR.000465 - LOMBARD ODIER. » Bon sang de bonsoir ! Archibald avait un compte en Suisse !
Mon cœur s'est mis a battre la chamade. Si ça se fait, j'étais millionnaire ! Et pourquoi pas milliardaire ! Moi, petit cousin éloigné qui avait une petite vie d’employé minable au service entretien de la ville, je décrochais le cocotier !
Lorsque ma femme rentra, je lui ai expliqué le topo. J'allais démissionner. On allait se payer une villa au bord de la grande bleue, s'acheter un yacht, mener grand train, bref, vive l'Amérique !
Suffisait d’aller retirer le fric à Genève et hop ! À nous la grande vie !
Bizarrement, j'ai eu du mal à trouver un numéro de téléphone de la banque Lombard à Genève. J'ai fini par y arriver. Puisqu'il faut brusquer sa chance ! J'ai eu une charmante personne. J'étais cependant fébrile au téléphone à côté de mon épouse. J'ai dit que je voulais accéder au compte… et j'ai bazardé la série de chiffres et de lettres. On m'a dit qu'il suffisait que je fasse comme d'habitude : que je me présente à la banque. J'ai balbutié : — « Oui oui, bien sûr ! c'était juste pour vérifier que… enfin je veux dire… enfin… c'est toujours les mêmes heures d'ouverture ?… » la nana m'a répondu : — « Monsieur Hans Muller, qui s'occupait de vous habituellement a pris sa retraite, c'est donc Monsieur Karl Chusterberg qui sera à votre disposition selon votre convenance aux heures qui vous conviennent, rien n'est changé… »
Putain ! Je devais être un très gros client ! Le lendemain on a prit le train pour Genève. Mon épouse avait pris un grand sac pour y mettre tous les billets qu'on retirerait dans un premier temps. Oui bien sûr, c'était hasardeux, à cause de la douane, mais enfin, c'est ce qui est écrit sur le billet… forcer sa chance !
Arrivés là-bas, on a enfin compris qu'il s'agissait d'un coffre. Karl Chusterberg nous regardait quand même un peu de travers. Mais bon : nous avions le numéro du coffre… ça suffisait. On a même pas dû donner notre identité. Ma femme n’a pas pu accéder à la salle du coffre. Moi seulement. Le banquier a ouvert la petite porte au mur et en a ressorti un coffre en acier qu’il a déposé sur une table, puis il est sorti en me disant : — « appelez-moi quand vous aurez terminé. »
Seulement voilà, pour ouvrir la boîte métallique en question, j’ai réalisé qu’il fallait une autre clé… que je n’avais pas… j'ai rappelé le Karl en question en lui disant : — « C’est idiot, je sais, mais j'ai bêtement oublié ma clé chez moi ». il a compati. — « C’est bien dommage en effet. Vous allez malheureusement devoir revenir plus tard. Je ne peux rien faire pour vous. Nous n'avons pas le double de cette clé là, vous le savez bien. » J'ai encore balbutié : — « oui oui, évidemment. Je vais revenir. »
Quand nous sommes ressortis de la banque, on a été cueilli par la police suisse. Cette saloperie de banque les avait prévenus en raison de mon air louche.
Ma femme et moi avons été emprisonnés chacun séparément. j'ai réussi à faire parvenir toutes les économies de nos livrets de caisse d'épargne pour payer l'avocat suisse. On a été condamné avec du sursis, car finalement on n’avait rien volé. J'avais raconté l'histoire de la clé USB, mais on ne m’a pas vraiment cru.
Le pire c’est lorsque l’avocat de la banque a expliqué qu’ils avaient bien un double de la clé. Et dans le cadre de la procédure le coffre métallique avait été ouvert devant des huissiers. Dedans il y avait des titres d'emprunts russes d'avant la révolution. Bref. Des trucs qui ne valaient absolument rien…
Les juges ont éclaté de rire ! Il s’était bien fait rouler le petit couple de français !
" Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance… », qu’il avait dit le Archibald.
Mais quel connard !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Excellent !
On entre dans cette histoire et les évènements s'enchainent comme une mécannique bien huilée. Avec ton "héros" on résout les difficultés du début, on partage ses espoirs les plus fous, et, à l'arrivée, comme lui, on tombe de haut !
C'est du grand art !
Encore un coup des emprunts russes !
On entre dans cette histoire et les évènements s'enchainent comme une mécannique bien huilée. Avec ton "héros" on résout les difficultés du début, on partage ses espoirs les plus fous, et, à l'arrivée, comme lui, on tombe de haut !
C'est du grand art !
Encore un coup des emprunts russes !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Au final, je ne regrette pas que mon cousin d'Amérique ne soit jamais revenu ...
Je me dis aussi que les Américains nous ont piqué pas mal de monde. Quoique à la réflexion, j'en vois certains - je tairais les noms ! - dont ils auraient pu, en attirant leurs aïeux, nous priver des "services" qu'ils rendent à la France
En tout cas, belle histoire que tu nous contes là
Je me dis aussi que les Américains nous ont piqué pas mal de monde. Quoique à la réflexion, j'en vois certains - je tairais les noms ! - dont ils auraient pu, en attirant leurs aïeux, nous priver des "services" qu'ils rendent à la France
En tout cas, belle histoire que tu nous contes là
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Tel est pris qui croyait prendre !
Encore un texte hilarant !
Encore un texte hilarant !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. L'Héritage d'Archibald
J'adore.
Drole que Cats' et toi aient eu un penchant pour les titres russes.
Mais mis en scène différemment, j'aime bien.
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Ton texte est parfaitement rédigé. Que ce soit la forme ou le fond, le travail est remarquable
L'histoire est suffisamment intéressante pour tenir en haleine d'un bout à l'autre, même si j'espérais une fin plus "heureuse" pour ce pauvre homme
L'histoire est suffisamment intéressante pour tenir en haleine d'un bout à l'autre, même si j'espérais une fin plus "heureuse" pour ce pauvre homme
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Je m'attendais bien à une chute sans fric mais sans la police en prime !
Tu sais tenir l'attention de ton lecteur !
J'ai beaucoup aimé !
Tu sais tenir l'attention de ton lecteur !
J'ai beaucoup aimé !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Un texte qui nous tient en haleine du début jusqu'à la fin. Mais pourquoi le Tonton il a pas envoyé aussi la clef du coffre?
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. L'Héritage d'Archibald
Eh oui, une histoire abracadabrante, beaucoup d'espoir déçu. C'est fou tout ce que l'on est prêt à faire pour découvrir un secret ou penser découvrir un trésor. Excellent récit, plaisir de te lire.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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