A. La clé
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Amanda.
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catsoniou
Cara1234
Myrte
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A. La clé
Satané cousin Alphonse, même après sa mort, il trouvait le moyen de me jouer un tour à sa façon.
Me léguer la clé d’un coffre niché dans le grenier de cousine Hermine, c’était plus qu’une plaisanterie, une mauvaise blague!
Cela faisait des années que je n’avais plus revu cette maudite parente. Je n’aurais jamais imaginé que je retournerai un jour dans sa maison pour honorer les dernières volontés de ce cher Alphonse.
Caché derrière ce testament, y avait-il au fond de lui le souhait de nous voir nous réconcilier?
Mais qui voudrait comme amie cette vieille chouette démente qui avait cherché des histoires à tous les membres de la famille ?
Depuis des années, plus personne n’allait la voir ni ne s’inquiétait d’avoir de ses nouvelles. Elle avait fait le vide autour d’elle.
Pourtant, ma nature curieuse me poussait à découvrir le contenu de cette cassette.
Je ne l’imaginais pas bourrée de pièces d’or ni de joyaux précieux. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait contenir.
Un matin, je pris mon courage à deux mains et poussai le portail grinçant de son jardinet.
Au fond de son potager, cousine Hermine ratissait un carré de légumes.
Me tournant le dos, elle ne s’était pas aperçu de ma présence. Décidant alors de ne pas me montrer, je me faufilai subrepticement par la porte entrouverte de son corridor.
Aussitôt, l’écoeurante odeur de bois vermoulu et de renfermé m’envahit et ressuscita en moi de vieux souvenirs de visites obligatoires, imposées par mes parents. C’était le rituel du samedi après-midi. Ils me faisaient lui porter des oeufs frais de nos poules car c’était une pauvre cousine à qui tout le monde tournait le dos et qu’il fallait être charitable. En attendant, c’est moi qui devais m’y coller tandis qu’eux restaient confortablement à la maison.
Hermine me prenait alors le panier d’oeufs des mains sans autre civilité et me demandait de ressortir pour essuyer mes chaussures sur le paillasson. Puis elle vaquait à ses occupations sans se préoccuper de ma présence. Je restait alors immobile dans ce corridor sinistre, osant à peine respirer, le regard suspendu aux aiguilles de la grande horloge du salon qui semblait me narguer en égrenant ses tic-tac monotones.
Mais l’heure était venue de braver toutes mes appréhensions et de gravir le grand escalier de bois qui menait à l’étage.
Au bout du couloir qui distribuait les chambres, un petit escalier plus modeste menait au grenier.
Je poussai la porte basse en serrant dans ma main la petite clé dont j’avais héritée.
Par l’entrebâillement de la lucarne, un rayon de soleil éclairait un amoncellement d’objets hétéroclites et poussiéreux. Le plancher grinçait sous mes pas.
Je ne mis pas longtemps à découvrir le coffret, posé sur une commode.
Mon coeur battait la chamade.
J’introduisis la clé dans la serrure et la tournai.
Un cliquetis m’annonça que j’avais réussi à déverrouiller la cassette.
Je soulevai le couvercle et découvris avec émotion un petit recueil de poèmes d’Alfred de Musset.
Une scène galante à la plume illustrait la couverture.
Je feuilletai les pages jaunies qui exhalaient une odeur de vieux parchemin.
Un signet tomba sur le plancher. C’était une vieille photo sépia, on y voyait le cousin Alphonse et la cousine Hermine assis sur un banc dans un parc.
Ces deux-là avaient-ils vécu une idylle ?
Les pages du livre s’ouvraient à l’endroit où la photo était placée. Il y avait là le poème « La nuit d’octobre », que Musset adressait à George Sand. Un long poème que je lirai plus tard. Mais mon regard s’arrêta sur une phrase soulignée :
« Epargne-toi du moins le tourment de la haine;
A défaut du pardon, laisse venir l’oubli »
Je restai perplexe devant ces mots énigmatiques. A qui s’adressaient-ils ?
Devais-je pardonner à ma cousine sa méchanceté passée ?
A cet instant, je décidai d’aller à la rencontre d’Hermine pour essayer de l’apprivoiser.
Me léguer la clé d’un coffre niché dans le grenier de cousine Hermine, c’était plus qu’une plaisanterie, une mauvaise blague!
Cela faisait des années que je n’avais plus revu cette maudite parente. Je n’aurais jamais imaginé que je retournerai un jour dans sa maison pour honorer les dernières volontés de ce cher Alphonse.
Caché derrière ce testament, y avait-il au fond de lui le souhait de nous voir nous réconcilier?
Mais qui voudrait comme amie cette vieille chouette démente qui avait cherché des histoires à tous les membres de la famille ?
Depuis des années, plus personne n’allait la voir ni ne s’inquiétait d’avoir de ses nouvelles. Elle avait fait le vide autour d’elle.
Pourtant, ma nature curieuse me poussait à découvrir le contenu de cette cassette.
Je ne l’imaginais pas bourrée de pièces d’or ni de joyaux précieux. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait contenir.
Un matin, je pris mon courage à deux mains et poussai le portail grinçant de son jardinet.
Au fond de son potager, cousine Hermine ratissait un carré de légumes.
Me tournant le dos, elle ne s’était pas aperçu de ma présence. Décidant alors de ne pas me montrer, je me faufilai subrepticement par la porte entrouverte de son corridor.
Aussitôt, l’écoeurante odeur de bois vermoulu et de renfermé m’envahit et ressuscita en moi de vieux souvenirs de visites obligatoires, imposées par mes parents. C’était le rituel du samedi après-midi. Ils me faisaient lui porter des oeufs frais de nos poules car c’était une pauvre cousine à qui tout le monde tournait le dos et qu’il fallait être charitable. En attendant, c’est moi qui devais m’y coller tandis qu’eux restaient confortablement à la maison.
Hermine me prenait alors le panier d’oeufs des mains sans autre civilité et me demandait de ressortir pour essuyer mes chaussures sur le paillasson. Puis elle vaquait à ses occupations sans se préoccuper de ma présence. Je restait alors immobile dans ce corridor sinistre, osant à peine respirer, le regard suspendu aux aiguilles de la grande horloge du salon qui semblait me narguer en égrenant ses tic-tac monotones.
Mais l’heure était venue de braver toutes mes appréhensions et de gravir le grand escalier de bois qui menait à l’étage.
Au bout du couloir qui distribuait les chambres, un petit escalier plus modeste menait au grenier.
Je poussai la porte basse en serrant dans ma main la petite clé dont j’avais héritée.
Par l’entrebâillement de la lucarne, un rayon de soleil éclairait un amoncellement d’objets hétéroclites et poussiéreux. Le plancher grinçait sous mes pas.
Je ne mis pas longtemps à découvrir le coffret, posé sur une commode.
Mon coeur battait la chamade.
J’introduisis la clé dans la serrure et la tournai.
Un cliquetis m’annonça que j’avais réussi à déverrouiller la cassette.
Je soulevai le couvercle et découvris avec émotion un petit recueil de poèmes d’Alfred de Musset.
Une scène galante à la plume illustrait la couverture.
Je feuilletai les pages jaunies qui exhalaient une odeur de vieux parchemin.
Un signet tomba sur le plancher. C’était une vieille photo sépia, on y voyait le cousin Alphonse et la cousine Hermine assis sur un banc dans un parc.
Ces deux-là avaient-ils vécu une idylle ?
Les pages du livre s’ouvraient à l’endroit où la photo était placée. Il y avait là le poème « La nuit d’octobre », que Musset adressait à George Sand. Un long poème que je lirai plus tard. Mais mon regard s’arrêta sur une phrase soulignée :
« Epargne-toi du moins le tourment de la haine;
A défaut du pardon, laisse venir l’oubli »
Je restai perplexe devant ces mots énigmatiques. A qui s’adressaient-ils ?
Devais-je pardonner à ma cousine sa méchanceté passée ?
A cet instant, je décidai d’aller à la rencontre d’Hermine pour essayer de l’apprivoiser.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. La clé
Une belle inspiration.
Très bien écrit.
L'avenir nous dira s'il fera le 1e pas.
Très bien écrit.
L'avenir nous dira s'il fera le 1e pas.
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
Re: A. La clé
Cette Hermine là est peut-être comme le bon vin qui se bonifie en vieillissant ?
Toutefois, si je peux me permettre, la petite cousine devra marcher sur des oeufs pour amadouer l'Hermine qui a peut-être encore l'épiderme
quelque peu chatouilleux !
Belle histoire ...
Toutefois, si je peux me permettre, la petite cousine devra marcher sur des oeufs pour amadouer l'Hermine qui a peut-être encore l'épiderme
quelque peu chatouilleux !
Belle histoire ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. La clé
J'ai un gout d'inachevé dans la bouche
Le contenu du coffre n'était pas aussi exceptionnel que le suspens de ton texte laissait imaginer. Du coup, je reste sur ma faim. Il me manque quelque chose. sans doute la suite de cette histoire.
J'ai envie de comprendre pourquoi Hermine a ce caractère, qu'est-ce qui se cache derrière cette distance qu'elle met.
Forcément, si Alphonse tient à ce l'auteur renoue des liens avec Hermine, c'est pour une bonne raison, mais laquelle.
Epargne-toi du moins le tourment de la haine;
A défaut du pardon, laisse venir l’oubli
Phrase bien énigmatique: y aurait-il un secret de famille ?
Bref, tu en as trop écrit... Ou pas assez
Le contenu du coffre n'était pas aussi exceptionnel que le suspens de ton texte laissait imaginer. Du coup, je reste sur ma faim. Il me manque quelque chose. sans doute la suite de cette histoire.
J'ai envie de comprendre pourquoi Hermine a ce caractère, qu'est-ce qui se cache derrière cette distance qu'elle met.
Forcément, si Alphonse tient à ce l'auteur renoue des liens avec Hermine, c'est pour une bonne raison, mais laquelle.
Epargne-toi du moins le tourment de la haine;
A défaut du pardon, laisse venir l’oubli
Phrase bien énigmatique: y aurait-il un secret de famille ?
Bref, tu en as trop écrit... Ou pas assez
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. La clé
Je partage l'avis d'Admin, on a envie d'en savoir plus...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. La clé
Admin et Amanda sont insatiables ! C'est vrai qu'on aimerait en savoir plus, mais cette fin ouverte laisse à chacun la possibilité d'imaginer lui-même l'épilogue. Il faut bien que le lecteur fasse travailler son imagination
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. La clé
Un texte très bien mené. Tu plantes le décor en quelques phrases et tu imprimes une belle vivacité dans ton récit. Sans doute parce que tu ne dis que l'essentiel et que tu ne te perds pas dans trop d'explications.
Du coup je ressens comme Cassy et Amanda un peu de frustration dans le contenu du coffre.... J'aurais aimé un contenu plus surprenant....
Du coup je ressens comme Cassy et Amanda un peu de frustration dans le contenu du coffre.... J'aurais aimé un contenu plus surprenant....
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. La clé
Dès les premiers mots, j'ai été prise dans ton récit vivant. Ton retour en arrière sur les samedi corvée est très réussi, je peux très bien m'imaginer y être, les odeurs et la pénombre me rappellent également quelques souvenirs proches des tiens. Mais...... le suspens reste entier! La suite stp.... c'est trop tentant de savoir ce qui c'est vraiment passé entre ces deux êtres.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. La clé
Une atmosphère très bien rendue, ton texte est vraiment bien écrit. Et comme dans les autres commentaires j'ai envie d'en savoir plus sur le "revirement" d'Hermine.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. La clé
Oui, Myrte , ça a donné quoi, la rencontre avec l'Hermine ?
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. La clé
Je n'avais pas lu tous vos messages, certains m'avaient échappé. Merci à vous!
Une suite me paraissait hors sujet.
Comme le dit Nerwen, je laisse chacun imaginer la sienne.
J'y penserai peut-être pour une futur consigne.
Une suite me paraissait hors sujet.
Comme le dit Nerwen, je laisse chacun imaginer la sienne.
J'y penserai peut-être pour une futur consigne.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
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