A. La statuette

Le petit poucet n’avait pas tort de penser que l’Ogre n’en resterait pas là.

Lorsque l’affreux  bonhomme prit conscience de l’horreur de son acte, il sombra dans un indescriptible chagrin.

Rendez-vous compte, tuer ses propres filles par méprise car ce machiavélique lutin leur avait subtilisé leurs couronnes et les avait placées sur la tête de ses frères.

Il s’était fait avoir comme un bleu ! Il était à la fois triste et honteux.

Sans compter qu’il était devenu la risée du pays.

Aussi, afin de ne pas tomber dans une profonde dépression, il décida   de se faire le plus discret possible et d’en profiter pour accomplir un rêve secret qu’il taisait au plus profond de lui : faire le tour du monde en bateau.

Il s’acheta un vieux rafiot  qui s’ennuyait au port et une magnifique tenue de marin : la marinière traditionnelle avec l’ancre marine brodée de fil d’or sur la poitrine, le bonnet assorti, le pantalon indigo et les bottes.
Pour parfaire son allure et faire encore plus vrai, il se mit même à fumer la pipe.

Il était fin prêt, mais il réfléchit un instant et se dit qu’il ne pouvait pas partir sans se venger du terrible tour qu’on lui avait joué.

Il se mit donc à la recherche du rusé gamin avec l’intention de le faire disparaître comme il le méritait.

L’ogre questionna, en passant, les animaux de la forêt car il ne situait pas très bien sa maison. Heureusement, ceux-ci était l’ami du garçonnet et indiquaient une mauvaise direction pour gagner du temps et le prévenir.

Dès qu’il eut vent de la nouvelle, le petit Poucet téléphona à la marraine de Cendrillon qui était aussi une fée. Celle-ci fit ni une ni deux et apparut toute affaire cessante.

Elle surprit l’ogre adossé à un arbre, en train de savourer une bonne pipe. Elle n’y alla pas par quatre chemins et, d’un coup de baguette magique, le transforma en une ridicule statuette de plâtre.

Le petit poucet et ses frères purent enfin couler des jours heureux sans se préoccuper du retour de l’ogre.

Longtemps, les villageois se demandèrent ce qu’il était devenu.

Je me suis laissé dire qu’après avoir trainé quelques années dans une boutique de souvenirs en face du port, la statuette trônait désormais sur la commode d’Amanda.