A.Tartuffette
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AlainX
madeleinedeproust
Amanda.
tobermory
8 participants
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A.Tartuffette
Ça se présente exactement comme je voulais. Regardez-moi ça. Lui, il a les mains qui tremblent. Il l’imagine déjà dans son lit. Pas étonnant après le portrait que je lui ai fait… Quand je l’ai rencontré pour prendre rendez vous, je lui ai dit « Senor Jacento, vous en avez de la chance d’épouser la Senorina Miranda. C’est une perle. Vous êtes un homme, vous avez le droit de savoir, alors, moi qui l’ai vue toute nue pour les essayages, je peux vous dire ce qu’il y a sous sa robe informe : … des seins … une chute de reins, des cuisses… une vénusté à damner un saint…"
Oui, je sais, j’ai parlé comme une mère maquerelle qui vante sa marchandise, mais j’étais sincère, j’ai vraiment vu tout ça et ça et ça fait un sacré effet.
Alors forcément maintenant, il la déshabille du regard, ses mains tremblent, sa face se congestionne, il bredouille. Si je n’étais pas là, il lui sauterait dessus. La nuit de noce, ça ne va pas être triste.
Quant à elle, la jolie cruche, j’ai mis en miettes ses rêves de Prince charmant. Je lui ai dit que bien sûr, il faut qu’elle se marie et que Jacinto est un bon parti, que de toute façon c’est entendu entre les parents. Et aussi qu’elle devra accepter le « devoir conjugal », même si Jacinto n’est qu’une brute assoiffée de stupre. Pas la peine d’attendre du plaisir de la chose. D’ailleurs ce serait un péché mortel. Monsieur le curé pourra le lui confirmer. Le mieux, ce serait qu’elle se récite son chapelet en attendant que ça se passe.
Du coup, maintenant elle baisse les yeux, elle n’ose pas le regarder, son fiancé. Je détends un peu l’atmosphère en dirigeant la conversation sur des sujets anodins : l’hacienda du Senor Jacinto, ses chevaux, les travaux de broderie de Miranda, ses dons pour la cuisine.
Tiens voilà qu’il avance sa main vers la menotte de Miranda, il la frôle. Je fais celle qui regarde ailleurs. Et ça ne manque pas, la petite se souvient de mes paroles, elle se crispe, tout son corps se révulse à ce contact ignoble.
Alors quoi, je suis une salope ? Je vais priver cette enfant d’une sensualité qui ne demande qu’à s’épanouir – il suffit de la voir respirer une rose les yeux mi-clos.
Non, pas du tout. Au matin de la nuit de noce, elle pleurera, écœurée par la brutalité de ce butor. Elle comprendra que j’avais raison, elle s’épanchera dans mes bras. Alors je caresserai doucement sa tête puis sa poitrine et tout ce que j’ai vanté à Jacinto. Elle soupirera de plaisir. Et quand je voudrai aller plus loin, si elle me dit « Mais c’est un péché ! » je lui répondrai en riant :
« Mais non ma chérie, pas avec une femme aussi pieuse et convenable que moi. D'ailleurs, tu peux demander à Monsieur le curé. »
Monsieur le curé, c’est mon frère, il ne me refuse rien. Surtout que je sais ce qui se passe dans le confessionnal et il n’a pas envie que je le crie sur les toits !
Oui, je sais, j’ai parlé comme une mère maquerelle qui vante sa marchandise, mais j’étais sincère, j’ai vraiment vu tout ça et ça et ça fait un sacré effet.
Alors forcément maintenant, il la déshabille du regard, ses mains tremblent, sa face se congestionne, il bredouille. Si je n’étais pas là, il lui sauterait dessus. La nuit de noce, ça ne va pas être triste.
Quant à elle, la jolie cruche, j’ai mis en miettes ses rêves de Prince charmant. Je lui ai dit que bien sûr, il faut qu’elle se marie et que Jacinto est un bon parti, que de toute façon c’est entendu entre les parents. Et aussi qu’elle devra accepter le « devoir conjugal », même si Jacinto n’est qu’une brute assoiffée de stupre. Pas la peine d’attendre du plaisir de la chose. D’ailleurs ce serait un péché mortel. Monsieur le curé pourra le lui confirmer. Le mieux, ce serait qu’elle se récite son chapelet en attendant que ça se passe.
Du coup, maintenant elle baisse les yeux, elle n’ose pas le regarder, son fiancé. Je détends un peu l’atmosphère en dirigeant la conversation sur des sujets anodins : l’hacienda du Senor Jacinto, ses chevaux, les travaux de broderie de Miranda, ses dons pour la cuisine.
Tiens voilà qu’il avance sa main vers la menotte de Miranda, il la frôle. Je fais celle qui regarde ailleurs. Et ça ne manque pas, la petite se souvient de mes paroles, elle se crispe, tout son corps se révulse à ce contact ignoble.
Alors quoi, je suis une salope ? Je vais priver cette enfant d’une sensualité qui ne demande qu’à s’épanouir – il suffit de la voir respirer une rose les yeux mi-clos.
Non, pas du tout. Au matin de la nuit de noce, elle pleurera, écœurée par la brutalité de ce butor. Elle comprendra que j’avais raison, elle s’épanchera dans mes bras. Alors je caresserai doucement sa tête puis sa poitrine et tout ce que j’ai vanté à Jacinto. Elle soupirera de plaisir. Et quand je voudrai aller plus loin, si elle me dit « Mais c’est un péché ! » je lui répondrai en riant :
« Mais non ma chérie, pas avec une femme aussi pieuse et convenable que moi. D'ailleurs, tu peux demander à Monsieur le curé. »
Monsieur le curé, c’est mon frère, il ne me refuse rien. Surtout que je sais ce qui se passe dans le confessionnal et il n’a pas envie que je le crie sur les toits !
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A.Tartuffette
Et bien ! Vous y allez fort dans ette consigne, mais toi, Tober, tu bats tout le monde quant à la folle histoire de ta Tartufette.
Bien trouvé ce titre et ensuite, une imagination débordante, ce que cette machiavélique duègne invente, c'est à tomber.
Mais là où tu te surpasses c'est dans la chute.
Frère et soeur, même combat, si je comprends bien !
Rhôô, je n'en reviens pas !
Bien trouvé ce titre et ensuite, une imagination débordante, ce que cette machiavélique duègne invente, c'est à tomber.
Mais là où tu te surpasses c'est dans la chute.
Frère et soeur, même combat, si je comprends bien !
Rhôô, je n'en reviens pas !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Tartuffette
Un scénario magnifique !
Une écriture excellente !
Bref, du grand Tobermory !
de cette veine là on en redemande…
Une écriture excellente !
Bref, du grand Tobermory !
de cette veine là on en redemande…
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A.Tartuffette
C'est vrai que tu y va fort mais ce n'est jamais vulgaire. Ta chute est ... Vertigineuse
Et ton texte est excellent, tant par la forme que par le fond
Et ton texte est excellent, tant par la forme que par le fond
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Tartuffette
Eh bien, dans le genre perverse manipulatrice, elle se pose là, la duègne et ne parlons pas de son frère ! Elle a pris des leçons auprès de Jean Ferrat
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A.Tartuffette
Comment dire ? C'est délicieusement pervers! Un tout grand exercice de nous faire découvrir l'atrocité de tes personnage avec... délectation, j'en ai presque des remords. Super texte.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A.Tartuffette
Tu as fait fort là.
La chute est terriblement machiavélique !
La chute est terriblement machiavélique !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
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